J’ai testé pour vous : la pâtée pour chat
Photos d'Amanda Hjernø.

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J’ai testé pour vous : la pâtée pour chat

Comme ça vous n'aurez jamais à le faire.

J’ai une chatte qui s’appelle Kashmir. Elle est trop gentille et elle a le pelage super doux. En plus d’être méga mignonne, elle aime énormément le thon – un peu comme Hobbes, le tigre de la bande dessinée Calvin & Hobbes.

En vrai, il suffit de lui filer un truc avec du poisson pour la voir complètement péter un câble. Je ne pourrais pas vous dire précisément combien de fois je me suis demandé quel goût pouvait avoir la bouffe que contiennent ces petites boîtes de conserve dorées (disons beaucoup). Est-ce que je peux aussi en manger même si je ne suis pas une boule de poils passant ses journées à se lécher le trou de balle ? Ne faites pas cette tronche, je suis sûr que vous vous êtes posé la question au moins une fois.

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Bien que je me définisse – sans trop me vanter – comme une personne de nature curieuse et aventureuse, je partage l’avis général qui veut qu’un chat mange de la bouffe pour chat et qu’un humain se contente de celle qui lui est destinée. Par exemple, je n’ai jamais pensé à contraindre Kashmir à suivre le même régime que certains s’infligent parfois – les végans et les crudivores, on vous voit.

Pourtant, pourquoi je ne pourrais pas goûter leur gamelle au moins une fois ? Je ne l’ai jamais essayée et il y a bien une première fois à tout.

L'auteur de l'article et accessoirement coloc de Kashmir.

J’y ai beaucoup réfléchi et j’ai été pas mal tenté, mais à chaque fois que je me suis retrouvé dans une situation où je n’étais pas loin de le faire, il y avait toujours une raison valable qui me poussait à laisser tomber. Une fois, par exemple, je n’avais vraiment pas faim. Une autre fois, j’avais déjà un truc prêt dans le four. Et puis ma volonté s’estompait aussi quand je me rappelais simplement qu’on parlait avant tout de bouffe pour chat.

Un de mes devoirs les plus importants est d’informer mon lecteur. Du coup, aujourd’hui, j’ai décidé de donner une réponse précise à ceux qui se lèvent le matin et se demandent : est-ce que les êtres humains peuvent vraiment grailler la même chose qu’un félin ?

J’ai découvert que, niveau nocivité, je pouvais dormir sur mes deux oreilles et que j’avais probablement ingurgité des trucs bien pires dans ma vie.

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Avant de me lancer corps et âme dans cette entreprise, j’ai fait quelques recherches sur Internet. J’ai découvert que, niveau nocivité, je pouvais dormir sur mes deux oreilles et que j’avais probablement ingurgité des trucs bien pires dans ma vie. Sur le papier, rien de flippant : la bouffe pour chat contient de fait les mêmes nutriments essentiels à l’alimentation de l’homme. C’est juste qu’elle en est blindée – parce qu’en si petite dose, on ne peut pas laisser échapper le moindre élément essentiel au régime de nos amis poilus (je parle toujours des chats).

Armé d’une volonté de fer et d’un peu de thunes, je me suis rendu au supermarché pour acheter la meilleure nourriture pour matou disponible en rayon. Trois choix se sont présentés devant moi ; du thon, du saumon et du veau. Il y avait aussi tout un tas de friandises variées – celle qu’on donne à son chat en entrée s’il s’est bien comporté et qu’il a donné un minimum d’attention.

Kashmir.

On commence par le saumon parce que c’est le préféré de Kashmir. À première vue, elle kiffe ça et le dévore avec une voracité qui rappelle ses ancêtres. Elle a juste besoin de sentir que je suis en train d’ouvrir la boîte de conserve pour débarquer et miauler l’ordre de verser tout ça dans sa gamelle fissa.

Aujourd’hui n’est pas une exception. Dès que je tire sur la languette dorée, je la vois arriver avec ses grands yeux gloutons. Je lui accorde que l’odeur est plutôt bonne sans être excessivement forte. Pour vivre encore plus intensément cette expérience, je décide de m’asseoir à côté de Kashmir, sur le sol, pour qu’on mange notre tambouille ensemble. J’opte quand même pour deux bols séparés, parce qu’on sait jamais, je n’ai pas envie de développer des comportements endémiques aux chats et encore moins me battre pour mon territoire.

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Kashmir fonce sur la gamelle alors que je fais beaucoup plus de manières et que je ne prends qu’une cuillerée. Si la consistance est similaire à celle du pâté, l’odeur se rapproche plus de celle du foie. La première bouchée suffit à sentir d’un coup et assez fortement le goût de l’ingrédient principal – le saumon. Je n’ai pas besoin d’en prendre une deuxième fois pour décréter mon verdict définitif : c’est dégueu. Disons que c’est une bouillie au saumon qui a la consistance d’un pâté et une odeur de foie et que c’est loin d’être l’idéal.

Je peux dire que ce n’est pas totalement immonde, mais je n’arrive pas à retenir la sensation de nausée provoquée par le fait que j’ai ingéré du veau qui a le même goût que du saumon.

Au tour du veau. Sa consistance est plus fluide. Il y a plein de petits bouts de viande qui barbotent sans résistance (ça me rappelle la sauce que préparait ma grand-mère). J’espère une expérience un peu différente de celle du saumon mais ce n’est pas vraiment le cas. Bien sûr, je peux dire que ce n’est pas totalement immonde, mais je n’arrive pas à retenir la sensation de nausée provoquée par le fait que j’ai ingéré du veau qui a le même goût que du saumon. Putain mais qu’est-ce qu’ils ont mis dans cette boîte de conserve ?

La vérité, c’est que la plupart des aliments pour chat (et pour chien) contiennent en général tout ce dont nos animaux de compagnie ont besoin pour grandir en bonne santé. En gros, les préparations permettent au chat de maintenir un régime équilibré. Selon un article du New York Times, les boîtes de conserve contiennent aussi des restes de bouffe humaine.

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« Toute la nourriture destinée aux animaux contient des sous-produits humains, explique le Dr Nestle. Peu importe ce que vous allez lire sur les emballages, votre chien ne va pas manger un morceau de poulet entier mais plutôt ce qu’il reste d’une production destinée à l’origine aux êtres humains. »

On finit avec le thon. C’est clairement celui à l’apparence la plus attirante. J’observe cette masse gélatineuse que je n’arrive pas très bien à identifier mais à part ce contretemps, je dois bien dire qu’on croirait presque à une boîte de thon classique pour humains. Pour être totalement franc avec vous et parce que ça m’a surpris, sachez que le goût n’est pas mal du tout. Peut-être que la gélatine aide ? Je ne peux faire autrement que de lécher mes moustaches imaginaires et lâcher quelques ronronnements. Qu’est-ce que c’est bien d’être un chat.

Il y a des mini-croquettes Whiskas dont personne ne veut. Je ne sais pas si Kashmir les a snobées parce qu’elle n’a pas faim ou parce qu’elle a saisi un truc que je n’ai pas capté.

« Si on leur demandait, les chats ils achèteraient Kwiskas », disaient les Nuls. Moi, j’ai pris des Whiskas Temptations et je me suis rendu compte que Kashmir n’en avait rien à foutre. Je voulais pourtant bien faire et conclure le repas en grande pompe à l’aide de ces petites croquettes – que l’on peut considérer comme l’équivalent hipster des snacks pour chats. Je les ai lancés. Elle a couru vers moi, pensant sûrement que j’avais envie de jouer, et dès qu’elle a compris ce que je venais de faire, elle s’est arrêtée et m’a regardé comme si j’étais profondément débile.

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Après avoir reniflé une deuxième fois, elle est restée un temps sur place, figée et contrariée, avant de s’en aller. Je récapitule ; sur le sol, il y a des mini-croquettes Whiskas dont personne ne veut. Le problème ? Je ne sais pas si Kashmir les a snobées parce qu’elle n’a pas faim ou parce qu’elle a saisi un truc que je n’ai pas capté.

Suivant la philosophie du « Ce qui ne tue pas rend plus fort », je procède à un examen de l’aliment susmentionné. Et je finis par en grignoter quelques-uns. Ça me rappelle un peu les patates au fromage que j’avais essayé il y a bien longtemps (mais avec un arrière-goût de viande périmée en plus) et ça ne me surprend pas. Ne vous méprenez pas. C’est pas génial, mais si vous faites un dîner avec des potes, ça peut toujours servir. Dans un certain contexte, notamment alcoolisé, j’ai des potes qui seraient prêts à manger n’importe quoi.

Le gros festin est terminé. Kashmir s’allonge sur ma platine et somnole béatement, une expression de pure satisfaction imprimée sur la tronche.

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Au cours de ma vie, j’ai déjà fantasmé l’idée d’avoir celle d’un chat qui promet monts et merveilles – ou au moins des papouilles sur le bide (seulement si vous le voulez vraiment), 16 heures de sommeil par jour et une certaine élégance innée dans vos mouvements quotidiens.

Niveau bouffe par contre, les chats ne peuvent pas trop la ramener. Excepté le thon, le reste était informe avec un arrière-goût de chelou. Je m’attendais à un délicieux pâté français et je me suis retrouvé avec un truc ambigu qui n’était ni du saumon, ni du veau, contrairement à ce qui était écrit sur la boîte.

Bref, le temps est venu de boire un peu de lait dans ma gamelle, de me soulager dans ma litière et de vomir une belle boule de poils avant de filer pour un roupillon.


Cet article a été probablement publié sur MUNCHIES Danemark