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Larguer son conjoint dans un bar est le plus beau des naufrages

Bosser derrière le zinc, c'est être le témoin privilégié des séparations les plus spectaculaires – verre de Johnnie Walker Blue balancé à la gueule compris.
Photo via Flickr user instantvantage

_Bienvenue dans Cuisine Confessions, une rubrique qui infiltre le monde tumultueux de la restauration. Ici, on donne la parole à ceux qui ont des secrets à révéler ou qui veulent simplement nous dire la vérité, rien que la vérité sur ce qu'il se passe réellement dans les cuisines et les arrière-salles des restaurants._

Je comprends très bien l'idée d'aller rompre dans un bar. Vous faites le choix du terrain neutre. Mais concrètement, vous en demandez beaucoup à ceux qui y bossent. Je dirais même que c'est presque de l'impolitesse.

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C'est assez facile de savoir si la personne qui vient de rentrer dans votre bar déprime. De la même manière qu'on capte aisément son potentiel de « client sympathique » capable de se comporter normalement en société. Si je vois quelqu'un au 36e dessous qui m'inspire confiance, je ne suis pas contre lui offrir un verre – je l'ai déjà fait. Surtout si c'est un habitué et qu'il n'a pas l'air dans son assiette.

La nana est venue lui demander le whisky le plus cher à la carte (un Johnnie Walker Blue Label), l'a commandé puis l'a balancé à la tête du type avant de se tirer.

En général, les gens ne veulent pas trop étaler leur vie en public. J'ai rarement vu quelqu'un se pointer après une rupture et tout me raconter de A à Z. Ils viennent juste ajouter une pincée de dramatique à leur situation foireuse.

Mon pote Ian, qui est lui aussi serveur, m'a raconté récemment qu'il bossait dans un bar branché en ville quand un couple a débarqué. La nana est venue lui demander le whisky le plus cher à la carte : du Johnnie Walker Blue Label, 140 € pour un double. Elle l'a commandé puis l'a balancé à la tête du type avant de se tirer. Je trouve ça particulièrement couillu et hostile comme geste. J'espère qu'il le méritait.

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Par deux fois, j'ai vu des gens rompre dans mon bar de manière assez spectaculaire. Le pire scandale est arrivé quand je bossais dans un bar philippin. Un couple est arrivé et leur séparation a été spectaculaire. Elle s'est mise à glapir et à nous casser les pieds tandis qu'il lui criait dessus ­­ – c'était moche. Ils essayaient de se calmer mutuellement mais le gars a fini par se barrer.

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Elle est restée là à pleurer pendant une heure. J'allais la voir de temps en temps pour lui demander si ça allait et elle me disait : « Oui, j'ai juste besoin d'une minute ». À un moment j'ai dû venir lui dire : « Je sais bien ce qui se passe, mais vous avez laissé une addition de 65 € pour votre dîner ». Là-dessus, elle s'est mise à sangloter sans s'arrêter donc on a dû lui offrir le repas. Elle a répondu : « Merci, c'est trop gentil, je suis vraiment pas bien, blablabla. ».

C'est à ce moment que notre DJ est arrivé et a commencé à mettre l'ambiance. On espérait donc qu'elle parte, mais elle est restée et s'est décalée au niveau du bar. Elle s'était remaquillée de manière assez sommaire. On voyait toujours qu'elle avait pleuré et qu'elle passait globalement une mauvaise soirée.

Des types se sont mis à lui payer toutes sortes de cocktails. Elle discutait avec certains et en bécotait d'autres dans les coins. Câlins, pelles, tout y est passé. Elle a dû rouler des galoches à cinq types différents au bar. On l'avait vu pleurnicher sur sa situation sentimentale mais maintenant, elle était en train de danser et de profiter de la vie. Bon, elle n'arrêtait pas de trébucher et quand elle a fini par se casser vraiment la binette, elle ne s'est pas relevée, roulant sur la piste de danse alors qu'un groupe de vieux gars rôdaient toujours autour d'elle. Elle avait enlevé ses pompes. On ne pouvait décemment pas la virer parce que tout le monde lui offrait des verres.

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C'est là que le frère d'un des vigiles a décidé d'intervenir. Elle a immédiatement flashé sur son style armoire à glace de 140 kg. Elle ne le quittait plus. Ils sont rentrés ensemble et, le lendemain, le gars est revenu à l'heure de l'happy hour couvert de bleus et de suçons. On lui a demandé ce qui s'était passé et apparemment, ils avaient baisé comme des bêtes jusqu'à ce qu'elle vomisse dans son lit.

Le plus drôle après ça c'est qu'elle est revenue une semaine plus tard, exactement le même jour. Elle est devenue une habituée. Elle emballait tellement de mecs. Bref, c'est certainement la rupture la plus impressionnante que j'ai pu observer dans un bar.

Tout au long de la baston, on entendait des trucs à propos de Facebook au milieu des « salope » et des « traînée ». C'était assez comique.

Il y en a une autre qui m'a marquée. Tout avait bien commencé et puis, à la fin de la soirée hip-hop qu'on avait organisée, on a rallumé les lumières et on a mis tout le monde dehors. On s'est mis à entendre des cris. Une meuf hurlait : « Je t'ai vu regarder le Facebook de mon homme! Je sais que tu commentes ses photos, tu les likes, tu le pokes ! »

On suivait ça de l'intérieur en rigolant mais on a fini par envoyer la sécurité pour leur dire de baisser d'un ton. On ne voulait pas de problème avec le voisinage. On était tous regroupés derrière les stores pour mater ce qui ressemblait à une grosse baston. Une dizaine de meufs dans le genre mastoc s'invectivaient et se filaient des bourre-pifs. Tout du long, on entendait des trucs à propos de Facebook au milieu des « salope » et des « traînée ». C'était assez comique. La sécurité a essayé de calmer le jeu mais face à toutes ces harpies en furie ils ont préféré battre en retraite.

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Les mecs qui étaient avec les belligérantes se gardaient bien d'entrer dans la mêlée. Celui qui avait le compte Facebook en question était resté devant la porte du bar. Sa meuf s'est avancée vers lui et a rompu direct. Alors qu'il s'écartait, sa toute nouvelle ex le suivait en lui criant des « j'm'en fous, je ne veux plus de toi ». Ça n'en finissait plus. C'était très théâtral.

Le lendemain matin, c'était moi qui devais ouvrir le bar et, quand je suis arrivée, il y avait des mèches d'extension PARTOUT. C'était dingue. Mon patron m'a forcée à aller les ramasser et, pendant des semaines, il y en avait toujours qui réapparaissaient. Les cheveux rentraient dans le restaurant au moindre courant d'air. C'était comme des paillettes, impossible à nettoyer.

Je n'ai moi-même jamais vraiment rompu avec quelqu'un dans un bar. Quand j'avais 21 ans, je sortais plus ou moins avec un DJ qui mixait dans pas mal d'endroits stylés et quelques clubs. Quelqu'un m'a dit qu'il avait une copine donc j'ai voulu arrêter les frais mais il m'a juré qu'ils s'étaient séparés, qu'elle était juste un peu timbrée. J'ai l'ai cru. J'ai découvert quelques mois après qu'il avait vraiment une petite amie et qu'il m'avait menti à ce sujet. Je n'ai su qu'après qu'elle avait réagi de manière plus ou moins appropriée – comme une meuf dont le petit copain se taperait une nana de 21 piges.

Une nuit, j'étais sortie avec ma pote Lily pour l'une de ses soirées DJ – une fête hipster bien débile. On est direct allées dans les toilettes pour se faire un peu de « proto » (protoxyde d'azote) mais la copine en question a débarqué dans les chiottes avec quatre potes à elle et a fait dégager tout le monde. Quand j'ai ouvert la porte, l'une des meufs a attrapé Lily tandis que les autres m'ont plaqué à terre. L'une d'entre elles en profitait pour me frapper la tronche. Je venais de respirer un ballon donc je rigolais comme une folle – voire le début de la bande-annonce de Thirteen. C'était super drôle. Désolé d'avoir baisé avec ton copain sans le savoir mais c'est pas la peine de me lyncher avec quatre autres meufs dans les toilettes d'un bar. Je crois que j'ai murmuré « j'ai baisé ton mec » entre deux crises de rire. Mauvaise idée.

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Elles ont finalement arrêté. J'ai pu partir et traverser tout le bar jusqu'à trouver le DJ qui était à l'extérieur. J'ai commencé à lui crier dessus : « Espèce de connard, va te faire mettre ! Ta copine est cinglée et elle vient de me casser la gueule dans les toilettes parce que tu m'as baisé avec ta petite bite. » J'ai continué à hurler des choses sur son incapacité à procurer du plaisir. Il essayait de me calmer en mode « Olala, chérie, je suis désolé, ce n'est pas si grave ! ». Je voulais partir mais il me suivait. Tout le monde – une cinquantaine de personnes – nous regardait à l'extérieur du bar. Je pense qu'on peut compter cet épisode comme une rupture en public.

Je ne sais pas trop si je me suis bourrée la gueule juste à cause d'une séparation parce que jusqu'à mes 25 ans, je me suis bourrée la gueule pour tout et pour rien, rupture ou pas.

Je me souviens de quelques fois où j'allais boire un coup toute seule et des types venaient tenter leur chance du style, « alors, qu'est-ce qu'on fait toute seule dans un bar ? »

Propos rapportés par Hilary Pollack