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On a demandé aux créatrices des fèves mégot et coloscopie : « Pourquoi ? »

Le duo de céramistes JJ von Panure confectionne des sculptures miniatures qui finiront par remplacer le Petit Jésus dans vos cœurs et vos galettes.
Alexis Ferenczi
Paris, FR
Fèves JJ Von Panure
© JJ Von Panure

Sachez-le, en 2019, ce sont les fèves Johnny Hallyday qui ont la cote et s’arrachent à des prix indécents sur eBay – alors même que Thema, la société qui les fabrique, a annoncé dans Le Parisien avoir plus que doublé leur production.

Au salon annuel des fabophiles, qui réunit à l’espace Charenton tout ce que la capitale (voire le monde) compte de collectionneurs de fèves des rois, elles sont tout naturellement omniprésentes – un exposant a par exemple juché les siennes sur un mini-carrousel qui balance de la lumière ambiance boule à facette.

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Mais ce dimanche 13 janvier et malgré une mise en scène léchée, les fèves Johnny paraissent bien fades à côté de celles d’Anastasia Gaspard et Leïla Fromaget. Les créations des deux artistes, nom de scène : JJ von Panure, volent même la vedette au tirage « spécial gilet jaune » proposé à l’entrée.

JJ von Panure Entree

Assises derrière leur stand, Anastasia et Leïla ont sorti de leur écrin et disposé sobrement les « fèves-sculptures » pièces uniques qu’elles décrivent sur leur site comme un croisement « entre Rodin, Cartier et Philippe Etchebest ».

« La genèse du projet, c’est d’abord une super amitié qui s’est construite autour de la bouffe, raconte Anastasia. On travaille dans le même atelier depuis 4 ans et on voulait faire de la céramique ensemble. »

« On avait envie de faire du miniature. On s'est donc naturellement intéressées aux fèves en tant que sujet populaire. On joue autant avec les collectionneurs d'art que les fabophiles . »

Leïla ajoute : « On avait envie de faire du miniature. On s'est donc naturellement intéressées aux fèves en tant que sujet populaire. Un prétexte pour créer des œuvres accessibles à tous. On joue autant avec les collectionneurs d'art que les fabophiles. »

Contrairement à la plupart des fèves qu’on trouve dans les galettes ou sur le salon, les sculptures des JJ von Panure s'écartent des motifs traditionnels. Mégots, camionnette de flic qui brûle, sparadrap ou coloscopie se succèdent - ce qui n'empêche pas cette dame de demander à tout hasard : « Est-ce que vous avez des Petits Jésus ? ».

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Compo Accident 1 JJ von Panure

« À l’origine, l’univers de la fève était emprunt de religion avant de virer un poil païen, ajoute Leïla. Il est aujourd’hui encore très tradi. L'idée, c'est de créer des objets qui nous plaisent et de jouer avec l’effet de surprise, qu’il soit négatif ou positif. » Anastasia renchérit : « L'histoire de la fève est un terrain assez vierge. On a remarqué que personne n’avait vraiment pris de liberté avec ce sujet. »

Une liberté qui se manifeste à travers un tropisme bouffe assumé. Parmi les « fèves-sculptures », on trouve un sachet de mayo de la cantoche qui dégueule son contenu, une fine tranche de pâté en croûte ou un fagot de haricots verts – hommage au plat Picard que les filles avouent avoir pas mal saigné à l’atelier.

Fèves JJ Von Panure 1

Et puis il y a ce très gros flageolet vert. « Ça, c’est parce qu’on était tombé sur une fève énorme chez un brocanteur qui la présentait comme spécialement conçu pour les galettes de maison de retraite », rigole Anastasia. « Une fève inavalable pour empêcher les fausses-routes. Du coup on l’a faite et on l’a baptisée la fève EHPAD ».

Fève EPHAD JJ von Panure

Pour leurs fèves, Anastasia et Leïla dessinent peu et préfèrent piocher dans un répertoire de formes qui s’inspirent de sessions Internet, de bouquins ou carrément d’objets du quotidien qu’elles reproduisent à échelle réelle – comme les confettis ou les clopes – avec l’aide d’association et d’ateliers d’artistes comme Curry Vavart.

Un processus qu’elles comparent à un concours de blagues permanent. « Ce qui est cool dans la façon qu’on a de travailler, c’est qu’on partage les idées pour mieux les incarner. Peut-être qu’une de nous deux va suggérer un thème et que l’autre va renchérir. Parfois, l’une modèle et l’autre peint. C’est un peu comme une partie de ping-pong », décrit Leïla.

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Fève Coloscopie JJ von Panure

Alors qu’une bouteille de champ’ trône entre deux tréteaux, les JJ von Panure sortent des couronnes qui ressemblent surtout à des masques de luchadores et improvisent un shooting sous le regard amusé des voisines de stand.

« Je me souviens des moments galettes hyper gênant où tu dois passer sous la table pour choisir une part, puis mettre la couronne et trouver un roi », souffle Leïla. Elles insistent, leurs fèves-sculptures répondent à une idée, celle de truffer un aliment, galette, bûche ou poulet du dimanche. Leur « fantasme » serait de faire une exposition dans un menu complet entrée/plat/dessert.

Et Anastasia de conclure : « J’aime l’idée de trouver un truc dans la nourriture et d’être obligé de le prendre – que ce soit un gilet jaune, une pub pour un dentifrice ou le Petit Jésus – c’est rassurant parce que, même si on fait des blagues de mauvais goût, la personne qui va tomber dessus devra l’accepter. Quoiqu’il arrive. »

Les JJ von Panure et leurs créations sont sur Instagram


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