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J'ai vu la débauche de près en bossant dans un festival pour faux pères Noël

Aux États-Unis, la SantaCon est une orgie placée sous le signe de la picole, du vomi et du sexe à la va-vite dans les chiottes.

Bienvenue dans Cuisine Confessions, une rubrique qui infiltre le monde tumultueux de la restauration. Ici, on donne la parole à ceux qui ont des secrets à révéler ou qui veulent simplement nous dire la vérité, rien que la vérité sur ce qu'il se passe réellement dans les cuisines ou les arrière-cuisines des restaurants. Dans ce nouvel épisode, nous donnons la parole à une serveuse et à un barman qui ont bossé pour la SantaCon, un rassemblement annuel de mecs déguisés en pères Noël.

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Le témoignage d'une serveuse, pour sa première SantaCon :

De tout les taffs que j'ai fait dans ma vie, bosser pour la SantaCon a été le pire de tous. Je me souviens qu'en me préparant au réveil, j'étais super-impatiente et qu'à la fin de la journée, j'étais carrément déçue. J'avais été embauchée comme serveuse dans un bar irlandais qui servait des bières artisanales, près de Madison Square Garden – le genre de bar qui n'embauche que des meufs et où les patrons vous demandent de porter des jupes méga courtes. En dehors de la SantaCon, le bar était toujours blindé donc naïvement, je pensais que la soirée ne sortirait pas trop de l'ordinaire.

J'avoue qu'au départ, c'était plutôt marrant de voir une dizaine mecs déguisés en pères Noël débarquer dans un bar. Mais au fil de la soirée, les gars déboulaient par bandes de quarante ou cinquante à la fois, sans interruption. Un flot discontinu : j'ai commencé mon service à 8 heures du matin et j'ai enchaîné jusqu'à 10 heures du soir, sans prendre de pauses. À la fin de la journée, j'étais plus baby-sitter que serveuse : mon job consistait à nettoyer les pâtés de vomi et aller chercher mon boss toutes les cinq minutes parce qu'un énième couple était en train de baiser dans les chiottes. En attendant que mon collègue raboule avec la serpillière, je devais rester à proximité des galettes de gerbe pour éviter que quelqu'un glisse dessus. Mon autre rôle chiant de la soirée : fliquer tous les clients pour être sûr que personne ne se barre sans payer.

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Si en temps normal, boire en pleine journée, par définition, c'est un peu craignos, il faut savoir que pendant la SantaCon, on pète tous les records. C'est affligeant.

Ce que je retiens du SantaCon ? L'image de la viande saoule et des gens qui vomissent partout.

Au départ, ça partait bien et je pensais vraiment que j'allais passer une bonne journée. Quand les premiers pères Noël ont commencé à débarquer, c'était marrant : il y avait un couple avec des costumes qui clignotaient et un autre déguisé en toupie. Jusque-là, j'étais complètement OK avec ça – moi-même j'aime me déguiser, j'aime Halloween, j'aime les soirées à thème. Mais les gens qui étaient le plus à fond dedans le montraient également au bar et… ce n'est pas le genre de personnes avec qui j'aime traîner. Je crois que si tous ces gens étaient un peu moins dans l'excès et la démonstration, j'aurais pu mieux apprécier l'événement.

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À la fin du service, j'ai voulu sortir un peu pour rattraper ma soirée pourrie. Je suis allée dans un autre bar pour boire quelques shots et essayer de me faire un avis plus objectif sur la SantaCon. Mais ici encore, les gens vomissaient partout ou se foutaient sur la gueule dans la rue, comment réussir à se mettre dans l'ambiance ? Si je m'étais fait 1 000 dollars ce soir-là, j'aurais probablement gardé un meilleur souvenir de cette soirée, mais les gens étaient tellement bourrés qu'ils ne pensaient même pas à laisser un bon pourboire. Ce que je retiens du SantaCon ? L'image de la viande saoule.

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Le témoignage d'un barman, qui en est à son troisième SantaCon :

Ça fait trois ans que je bosse comme barman pour la SantaCon. Je crois que j'ai eu de la chance parce que pour moi, ça a toujours été une bonne expérience. Je n'ai jamais été confronté à des problèmes de bagarres ou quoi que ce soit et c'est tant mieux, parce que j'ai entendu des histoires vraiment horribles. Je comprends tout à fait pourquoi, la SantaCon peut être un enfer pour les serveuses. Mais quand on est barman, on doit juste rester derrière le bar et au final, on n'est pas vraiment exposés à toute la foule des gens ivres. Bon, on voit beaucoup de jeunes donc oui, ça implique forcément pas mal de vomis, mais heureusement, ce n'est pas à moi de gérer ça. Ce sont les gens en salle ou bien le patron qui s'en occupent.

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Pour ma première SantaCon, je bossais dans un bar du centre. C'était l'année où il y a eu une énorme tempête de neige à New-York, donc on se disait qu'il n'y aurait pas foule. Et puis vers 16 heures, 120 personnes ont débarqué d'un coup alors que j'étais seul pour tenir le bar. Après coup, j'en garde un bon souvenir parce que tout le monde a vraiment été très sympa avec moi. Les clients étaient compréhensifs, genre : « On sait que t'es tout seul. No stress. Il neige dehors donc on ne va pas bouger d'ici. »

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Dès 18-19 heures, quasiment tout le monde est déjà bien torché – c'est un méli-mélo de bonhommes neiges et de pères Noël défoncés.

Puis, il y a deux ans, j'ai bossé dans l'un des bars officiels du SantaCon, entre Madison Square Garden et Penn Station. J'ai fait l'ouverture tout seul à 11 heures du matin. À 11 h 15, il y avait déjà cent personnes dans le bar. C'était dingue. À un moment, il y avait une queue de quatre heures à l'extérieur – alors qu'entre nous, ce bar ne méritait vraiment pas qu'on y fasse la queue. Mais c'était amusant. Les gens sont habillés en pères Noël, en elfes, en Olafs, en Petit Jésus. Globalement, la population est jeune mais on voit aussi quelques personnes plus vieilles qui viennent juste pour l'esprit. C'était assez fun, franchement.

Mais globalement, plus la soirée avance et moins les gens sont amusants. Ils finissent tous très ivres et c'est un spectacle désolant. Dès 18-19 heures, quasiment tout le monde est déjà bien torché – c'est un méli-mélo de bonhommes neiges et de pères Noël défoncés. En début de soirée, ça va encore, mais vers la fin, quand ils sont tous arrachés, que la musique va à fond, que les gens montent sur les chaises et dansent partout, c'est le plus gros des malaises.

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Les deux seules fois où je suis passé au service en salle, je me suis fait pas mal d'argent. Il y a toujours des clients radins, mais vu le volume que l'on brasse au SantaCon, ça compense. On parle de dix heures de rush, à servir non-stop. Du coup, on tombe forcément sur des gens qui flambent et jettent un peu leur argent par la fenêtre, tout simplement parce que c'est les vacances, qu'ils sont bourrés et heureux.

J'attends la prochaine édition avec impatience. J'adore mes collègues et quand on est tous derrière le bar, on forme une vraie équipe qui réussit plutôt pas mal à gérer le chaos à l'œuvre dans la salle. En une soirée, on arrive à se faire pas mal de thunes et si ça part en couilles, il y a toujours des videurs dans la salle pour gérer le bordel. C'est toujours joli à voir.