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La spécialité de ce restaurant mexicain ? Le tunnel de narco-trafiquants

Au menu d'El Sarape, entre les tortillas et les tamales, un trou dans la cave qui permet de faire passer des kilos de beuh discrétos aux Etats-Unis.

Les bons restos mexicains se cachent parfois hors des sentiers battus. Derrière la façade d'un « boui-boui crado mais attachant » par exemple. Là, votre résilience face à la déco en murs troués sera automatiquement récompensée par des tamales qui tuent et une recette de tortillas que le cuistot a héritée de son « abuelita ». Une fois que vous avez trouvé cet Éden – et répété le vieil adage : « c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleurs burritos » – la meilleure solution c'est de ne pas en parler. Il n'y a rien de pire qu'un spot de bouffe pollué par des gens qui y font la queue.

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El Sarape, un restaurant mexicain situé dans la ville de Mexicali, correspond à pas mal des critères susmentionnés mais pour de mauvaises raisons. Le lieu est référencé dans le Lonely Planet qui parle d'un « groupe de mariachis à disposition » et d'un « menu qui ravira les carnivores ». Mais la spécialité du chef se trouvait visiblement dans la cave : un tunnel par lequel transitaient régulièrement plusieurs centaines de kilos de marijuana vers Calexico, 380 mètres plus loin en Californie. Du coup, la foule qui s'est formée devant la porte du resto n'était pas composée de lecteurs de TripAdvisor mais de flics.

KTLA raconte que les autorités ont saisi presque 700 kg de beuh, soit l'équivalent de cinq millions d'euros et arrêté quatre individus accusés de trafic de drogues, blanchiment d'argent et « infractions diverses liées à l'existence d'un tunnel clandestin ».

La présence de ce tunnel est assez exceptionnelle : le sol de la région est connu pour être particulièrement dur – les forces de l'ordre n'en avaient trouvé aucun depuis dix ans. Pour faire passer de la drogue discrétos, les trafiquants se tournent plutôt vers San Diego, 200 kilomètres plus loin. Le sol y est plus meuble donc plus facile à creuser et les centaines d'entrepôts de chaque côté de la frontière servent de couverture.

Photo via Flickr user Marius Arnesen

Un tunnel. Photo via Flickr user Marius Arnesen

Le fait que ce tunnel débouche tout pile sur une petite maison de banlieue bien sous tout rapport est encore plus inhabituel. En fait, les narcos avaient acheté ce lopin de terre pour 240 000 $ et ont ensuite dépensé 86 000 $ pour y construire une baraque. Ils ont évidemment demandé aux constructeurs de laisser un trou dans les fondations, expliquant vouloir y installer un coffre-fort.

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Cette entrée d'un mètre de diamètre est devenue le départ d'un tunnel parfaitement aménagé avec électricité et lumières comme à l'Ibis et un système de rails permettant l'acheminement rapide de plusieurs tonnes de weed vers les États-Unis. La marchandise était ensuite dispatchée dans plusieurs maisons du voisinage pour éviter d'attirer l'attention.

Les gens du voisinage ont évidemment été choqués et déçus d'apprendre qu'une telle organisation avait été mise en place dans un quartier charmant rarement troublé dans sa tranquillité.

« C'est un coin sans histoire. On n'entend jamais parler d'un truc comme ça par ici, » explique Juan Urrea, un voisin, aux médias locaux. « C'est dingue. Complètement dingue. »

Les autorités ont évité de jouer la carte de la surprise, préférant menacer les autres trafiquants de la région.

« Si vous avez aidé à construire, financer ou faire marcher l'une de ces galeries souterraines sophistiquées, n'espérez aucune lumière au bout du tunnel. Nous allons saisir votre marchandise et condamner votre tunnel avant même que vous n'ayez touché l'argent de votre petit business », a déclaré Laura Duffy, procureur général des États-Unis en Californie du Sud.

Personne ne sait ce qu'il adviendra d'El Sarape. Ce qui est sûr, c'est qu'avec cette histoire, les proprios auraient sans doute bien besoin d'un petit remontant. Peut-être une de leurs « margaritas qui, bien que petites, offrent un rafraîchissant mal de crâne » selon le Lonely Planet.