Première épreuve : brigades contre brigades
Kelly / Max / Giacinta (Equipe Darroze) Contraintes : Langoustine - chocolat - brie et Giacinta dans l'équipe. Leur plat : Jus de langoustines, langoustines snackées, crumble chocolat - piment d'espelette, condiment brie mandarines herbesNotes de visionnage en alexandrins couillons :LIRE AUSSI : Alexandre Couillon ou l'art de la cuisine insulaire
L'équipe de départ est celle de Darroze
Et s'est donnée pour but d'éviter l'hallali
En composant un plat liant ce qui s'oppose :
Chocolat pâtissier, langoustines, et brie.
Maxou le belge blond, aux arguments fleuris,
Veut envoyer fissa, sans verser dans la prose
Mais las ! Ses deux alliées, Giacinta et Kelly
Comptaient sur le papier que les idées se posent.
Puis, cuisinant enfin, Maxou demande alors :
« Doit-on chères amies, rajouter du vinaigre
Dans ce condiment gai, puissant aux reflets d'ors
Que vous pourriez goûter, y plongeant vos doigts maigres ? »
Les filles goûtent donc, et trouvent ça aillé
Ce qui provoque l'ire du wallon imberbe
« Je voulais un avis, pas que vous critiquiez !
Ce manque de respect me fout un peu la gerbe ! »
En mode Dalida, Maxou pète un gros câble
« Je suis un étoilé, pas un commis lambda ! »
Mais grâce à la Kelly et son bagou aimable
Max passe l'éponge, maudissant Giacinta.
Jérémie et Franck enchaînent dans la deuxième
Cuisinant le magret et des trucs dégueulasses
Ce sont les deux meilleurs, c'est ce duo que j'aime :
Précis, beaux et doués, et puis beaucoup de classe.
Mais voilà leur malheur : c'est qu'ils le savent bien
Ce qui provoque alors un excès d'assurance
Etchebest avertit, mais ils n'écoutent rien
Etchebest les prévient, mais lol ils s'en balancent
Comme en montée de speed, les deux amis jubilent
Se congratulent et rient, versent la moutarde
Mais là où il faut cent, ils optent pour le mille
Pour booster le vieux brie qui sent un peu la marde.
Résultat des courses, un superbe magret
Bien caramélisé, même savoureux de ouf
Mais la sauce au finish leur rasera la touffe
Et éliminera nos génies dégoûtés.
La team numéro trois: celle de Michel Sarran
Qui a pour fier meneur Guigui le tatoué
Il anime les gars et décompte le temps
L'avouera lui-même : «j'suis leader spontané».
Une caille rôtie, une crème de brie
Qu'ils viennent adoucir en un crochet de yuzu
Leçon de cuisine: l'équipe est aboutie
Et boxe au piano en enchaînant les coups.
Seul petit bémol : l'affaire de la friture
Que Juju le Wallon veut consacrer aux ailes
«Je ferai jamais ça !» crie Gui aux airs de durs
Mais doux comme un agneau, il cesse la querelle.
J'ai critiqué Sarran que je trouvais trop mou
Au fil des numéros, il m'a bien donné tort
Posant l'autorité sans gueuler comme un mort
Léger et souriant, il est vraiment pipou.
2e épreuve : Chateau de Ferrières : sévices trois étoiles
Je vais faire l'impasse sur cette épreuve sans aucun intérêt (pas sur le fond, mais sur la forme – juste télévisuellement ennuyeuse), durant laquelle chacune des deux brigades (celles de Darroze et Sarran) devaient composer le couvert le plus « grand restaurant » possible. Seul fait notable de cette épreuve, deux directeurs de restaurants emblématiques, membres de la commission de revalorisation des métiers de la salle : Denis Courtiade, Directeur de Restaurant au triple étoilé Plaza Athénée de Ducasse. Serge Schaal, Directeur associé du restaurant La Fourchette des Ducs à Obernai, 2 étoiles au guide Michelin Imaginez vous du Yannick Alleno servi dans une assiette en carton, jetée à la gueule dans un bouge puant ? Fort est à parier que l'expérience ne serait pas la même. Les directeurs de restaurants, tampons entre la salle et les cuisines, sont les caddies silencieux des Tiger Woods étoilés, et méritent de temps en temps ce petit coup de projecteur.
Son plat : Homard cuit aux agrumes, carottes, jus d'orange et jus de homard.
- Kelly a pour avantage une certaine constance technique et artistique. Elle n'est pas la plus douée, mais s'avère tout le temps un peu douée. Et si elle était dangereuse ?
- Que mes lectrices et la chef me pardonnent cette objectivation furtive en 6 chroniques, mais Kelly a de très jolies mains.
- Belle cuisson, beau bouillon échalotes céleri, cuisson séparée du homard, carottes cuites au jus de clémentine, très fin.
- Brève de backroom : « J'ai cramé ma carotte, je la passe au jus de gingembre »
L'avis du jury : « Assiette visuellement sublime », « La cuisson est bonne », « Jeu de texture très intéressant », « Ça mérite d'être un grand plat » -MAIS- « Il me manque ce petit feu d'artifice en bouche », « Y'a pas la petite folie qui nous mène ailleurs »
-> Kelly recalée en dernière chance.
- Maximilien toujours à l'aise avec les produits riches.
- Hélène Darroze perd tout sens d'objectivité quand du foie gras est en jeu - un sourire lui traverse le visage pendant toute l'épreuve, elle voit flou.
- Belle idée de terrine minute, facile à faire chez vous pour impressionner Franck de la compta et son épouse : les dés de foie poêlés à la cassonade et muscade, dégraissés, enroulés, refroidis et tronçonnés. Joli petit dressage en ligne, Maximilien a toujours beaucoup de talent pour rendre légers des plats qu'on pourrait qualifier de «solides», légèreté gastro et pesanteur rustique, hippopotames en tutu, Fantasia, romantique partouzeur.
L'avis du jury : « Différents montages, différentes textures, pas mal », « Il y a une âme dans ce plat », « On a un candidat qui sait cuisiner le foie gras », « La sauce est très bonne »
-> Maxou coup de coeur du jury…mais recalé en dernière chance car sa brigade a perdu.
Revenons à l'épreuve :DISCLAIMER : Depuis que j'ai le plaisir de savoir que de nombreux candidats de cette saison me font le grand privilège de lire mes chroniques, je me suis demandé si mes taquineries incessantes pouvaient blesser Giacinta si elle venait également à les lire. En réalité, je n'ai rien contre Giacinta, ni contre sa cuisine, mais j'ai de gros griefs sur la sa présence dans Top Chef depuis deux épisodes. Que son niveau soit excellent où non, la totalité des candidats est meilleure qu'elle, et une alliance de chance et la dureté de l'arbitrage l'ont faite passer au détriment de candidats qui auraient pu faire un parcours beaucoup plus long dans Top Chef. On a perdu Jeff qui avait encore de belles épreuves à faire. Je ne souhaite que la réussite et le bonheur de Giacinta, mais à ce stade je souhaite qu'elle sorte de l'émission en crabe, avec tous les honneurs qu'elle mérite.
- Giacinta commence dégoutée de cuisiner de l'agneau.
- Au montage, plus de 5 minutes de blabla et de chouine sur les ingrédients, les idées, la notion de cuisine, qu'est-ce que la vie. Sur une échelle d'intensité de travail, graduée de « Thomas Pesquet s'enfilant des macarons en apesanteur » à « très busy », Giacinta est à « pas trop busy ».
- Peut-on cuisiner ? Peut-on s'arrêter de parler et cuisiner un peu ?
- Giacinta prépare sa selle d'agneau, et une viennoise beurre/pistache pour ajouter de la toxture et du crustillant.
- Giacinta laisse le nerf sciatique de l'agneau au milieu de la selle. Se faire découper tout en conservant sa sciatique, pire double peine.
- La panure ne croustille pas.
L'avis du Jury : « J'ai un problème dans cette assiette : on cache la cuisson avec une viennoise », « Le dressage n'est pas assez carré », « Je suis tombé sur un nerf », « La garniture est bien assaisonnée, bel équilibre », « Seul point final c'est la viande ».
-> Giacinta recalée en dernière chance.
Son plat : Jambon grillé aux noix de macadamia, condiment moutarde, tombée de chou vert au cumin, légumes croquants acidulés.
- Julien veut d'abord faire au début une royale de jambon (crème prise au jambon) mais Sarran le ramène à la raison.
- Très bon coaching de Sarran sur cet épisode (je le dis en prose également)
- Julien toujours un peu excité, mais terriblement sympathique, bon camarade, joyeux, humble, jamais vexé, toute la Belgique que j'apprécie sous un crâne chauve.
- Se lance sur un bon vieux jambon grillé quadrillé, nappé de beurre noisette, on aime !
L'avis du Jury : « Ça m'intéresse d'aller plus loin dans cette assiette », « On dirait une potée : c'est une version élégante d'une potée. Et c'est la que la cuisine devient intéressante : elle provoque des émotions », « Bluffé par l'assiette »
-> Julien coup de coeur du jury !
Son plat : Pickles, gelée de bouillon, purée de céleri
- « Nous, on va faire de la vraie cuisine ». C'aurait pu être le titre de cet épisode.
- Retour à la ferme II : Guillaume évoque son enfance dans le sud ouest et entame un récit de rédemption provinciale qui, quelque soit son degré de sincérité, ne peut que me ravir : « Il faut que je sorte de ces habitudes de parigot parisien que je suis devenu. (…) Mon pari : ramener mon enfance là-dedans et la rendre trois étoiles »
- Cette dernière phrase est belle, non ? C'est une autre qualité que possèdent beaucoup de grand chefs, de Couillon à Ducasse, d'Alleno à Gagnaire : un petit art du storytelling. Guillaume l'a résolument, quitte, au début de sa carrière, à avoir plus cristallisé les reproches sur son égo que sur sa cuisine. Mais si sa cuisine continue de grandir, tout le monde se taira.
- Bouillon ultralimpide au chinois puis au torchon, gelé à l'agar, coulé dans l'assiette.
- Des amandes, des raisins poêlés, douceur avec l'oignon, dressage beau et complexe.
- Trop chiche pour Sarran qui voit le plat comme une mise en bouche, Guillaume réagit et compose alors un plat en deux services, en préparant un risotto d'épeautre à l'oignon.
L'avis du Jury : « L'idée de voyager entre la première et la seconde assiette est très intéressante» « Le cerfeuil jaune c'est dommage », « Il y a beaucoup de surprises, c'est un grand point fort », « Les qualités d'un grand plat », « Il y a des petites erreurs de réalisation », « Dommage car c'est deux très belles assiettes ».
-> Guillaume coup de coeur du jury !
Son plat : Maquereau grillé, condiment citron, purée de courgette à la menthe
- Un plat qui n'est pas assez sophistiqué selon Michel Sarran.
- Alexis reste sur son idée, et décide de parfaire la réalisation : « Je vais soigner le produit comme la prunelle de mes fesses. » Alexis, si tu as constaté la présence d'une prunelle sur tes fesses, tu DOIS aller voir un dermato.
- Alexis est fatigué depuis deux épisodes. Un épisode 5 médiocre, un 6 flemmard, attention, Jeff est parti pour moins que ça.
L'avis du jury : « On sait ou on va », « L'assaisonnement est parfait », « L'idée de pas trop cuire le maquereau est une bonne chose », « Pas de surprise mais très très belle assiette »
-> Aucun coup de coeur pour Alexis, sauvé par son équipe.
LE JAMBON DE JULIEN (brève de backroom)
LE FOIE GRAS DE MAXOU L'OIGNON DE GUILLAUME (brève de backroom)
-> Julien, Maxime et Guillaume qualifiés pour l'épisode 7
-> Maximilien, Kelly et Giacinta en dernière chance
Épreuve de la dernière chance - Qui l'eut cru ?
Ce que j'aurais fait : « retour en enfance » – un saladier entier de pâte à gâteau, à déguster avec les doigts.Maximilien
Son plat : Langoustines agrumes tandoori
- C'est tendu pour Maxou, car il a gagné l'épreuve précédente mais se retrouve quand même en dernière chance à cause de qui vous savez.
- C'est un joli carpaccio de langoustine aux agrumes, parfaitement emporte-piècé, translucide mais brillant fièrement d'une belle marinade à l'huile d'amande et d'olive, au jus de mandarine, de pamplemousse, de citron, et gingembre.
- Mayonnaise au yuzu et tandoori.
- C'est fin, c'est Maximilien.
L'avis du jury : « C'est pas généreux ! », « C'est sublime », « Je suis emballé, ça peut débuter un repas parfaitement », « C'est cuisiné à cru et c'était ça ce qu'il fallait faire », « Une pointe de fleur de sel et j'achète », « C'est très bon », « Défi relevé avec élégance et maîtrise ».
-> COUP DE COEUR DU JURY
-> MAXIMILIEN QUALIFIÉ POUR L'EPISODE 7
Son plat : Langoustines basilic fruit de la passion
- Millième dernière chance en 6 émissions pour Giacinta.
- Carpaccio de langoustine, purée de de fruits de la passion, mayonnaise au basilic (?)
- L'accord me semble zarb, mais bon, visiblement le jury n'a pas trouvé ça mauvais.
- Giacinta ne réussit pas sa sphérification de crème fruit de la passion.
- Moment marmiton : « J'ai remplacé la sphérification par les graines de fruits de la passion et mon zom a adoré. »
- La mayonnaise ne sort pas de la poche à douille
- « Je fais de la merde », « Ca va pas être suffisant »
- Visuellement le résultat est vert/rose/jaune et imprécis, on dirait le pull restant d'un agent de la RDA passé dans un bain d'acide.
L'avis du jury : « Un peu chiche, manque de générosité », « Ca me semble un peu juste », « Il manque quelque chose de fondamental : la précision », « C'est dommage parce que c'est bon ».
Son plat : Rencontre entre terre et mer autour du cru
- Jérémie ne peut pas perdre. Jérémie ne peut pas perdre.
- Sous ce nom poétique se cache un plat d'une sourde violence : un tartare de pigeon et d'huître.
- Je ne savais même pas que le pigeon pouvait se manger cru, tant cette viande est forte. Le mélange des deux puissances est complètement dingo. En cherchant un peu j'ai trouvé une belle anecdote : il existe un tartare pigeon à la carte d'un restaurant, celui de feu la Mère Lefeuvre près de Nantes, qui sert un tartare de pigeon fumé – et si son nom ne vous dit rien, sachez que c'est l'inventrice du beurre blanc ! On apprend aussi de la gastronome Raphaële Marchal que feu le restaurant La Becasse, en Angleterre, anciennement étoilé, servait un très bon tartare de pigeon. Bref, vous n'en trouverez tout de même pas à tous les coins de rue. Et encore moins à l'huître.
- « Je préfère sortir sur une prise de risque ».
- Le talent de Jérémie, c'est d'être capable de passer en faisant du caniche aux pastèques, tant sa technique impressionne le jury. Il sort des filets de pigeons parfaits, chouchoute ce tartare, taille, intègre avec précision, sphérise un jus d'orange centrifugé en jaune d'oeuf trompe l'oeil. C'est une folie furieuse.
L'avis du Jury : « Elégance et précision », « J'aime beaucoup l'assiette mais je ne sais pas ce que je vais manger », « Visuellement, c'est une jolie assiette », « C'est pas facile de manger du pigeon cru », « J'aime pas du tout au niveau du goût », « C'est très très osé, y'a une prise de risque énorme », « Il est fou ».
-> QUALIFIÉ en troisième choix pour l'épisode 7. J'ai frôlé la crise cardiaque. Etchebest aussi.
Son plat : Origami mangue-turbot, vinaigrette glacée miel gingembre
- Une merveille. Franck s'impose comme le meilleur. On est sur un trio de tête de folie avec Guillaume et Jérémie quand il se sera calmé.
- Ravioles délicatement et simplement pliées sur le turbot, belle finesse.
- Vinaigrette gingembre miel, yuzu, huile d'olive mandarine.
L'avis du Jury : « Les petites ravioles sont très belles », « Y'a de la personnalité, de la précision d'exécution, moi j'adore », « C'est très bon », « La vinaigrette est très bonne », « C'est à la fois doux et assez acide, c'est parfait », « Un des plus beaux jolis plats depuis le début de la saison ».
-> QUALIFIÉ en deuxième choix pour l'épisode 7
Son plat : Tout en fraîcheur — Tartare de cabillaud, julienne de céleri, mayonnaise curcuma, pomme granny smith, rouleaux de concombres.
- Belle petite marinade, mayonnaise au curcuma qu'elle ne dose pas suffisamment (because rhume)
- Franck vient la sauver en posant la sauce last minute. En plus d'être doué il est serviable ce garçon.
Avis du jury : « Ça ressemble à ce que ça dit ! », « C'est exactement ce à quoi on peut s'attendre : un poisson mariné et des légumes », « Y'a rien de surprenant », « Pas d'assaisonnement », « Simpliste », « Ça m'intéresse pas ».
- MON TOP PERSONNEL :
FRANCK PELUX 17,5/20 (+0.5)
MAXIMILIEN DIENST 17/20 (+0.5)
GUILLAUME SANCHEZ 17/20 (+0.5)
JEREMIE IZARN* 17/20 (- 0.5)
ALEXIS DELASSAUX 15.5/20 (-1)
JULIEN WAUTHIER 15/20 (+1)
GIACINTA TRIVERO -5/20 (-5)Le candidat portant une astérisque est mon favori restant.Pour vous refaire tous les débriefs d'Henry, rendez-vous sur la page dédiée ici. Sinon, rendez-vous à la semaine prochaine, même jour, même heure pour une nouvelle chronique livrée, comme toujours, au cul du camion.
Pour prolonger le plaisir, dilatez-vous les membranes avec le débrief du dernier épisode dans le dernier épisode de « Spoiler Arrière » Top Chef Édition, le podcast d'Henry Michel.