Scorpion, iguane et cappuccino : bienvenue au Reptile Café de Phnom Penh
Toutes les photos sont de Jamie Fullerton.

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Scorpion, iguane et cappuccino : bienvenue au Reptile Café de Phnom Penh

« Les gens me demandent pourquoi je ne prends pas plutôt des chiens ou des chats. Moi, je voulais juste faire quelque chose d’original » - Chea Raty, propriétaire.

Si vous avez déjà foutu les pieds dans une grande ville d’Asie ou que vous venez régulièrement sur le site, il y a de fortes chances pour que vous pigiez le concept de « café animalier ». Pour les autres, sachez qu’il s’agit d’un endroit où vous pouvez boire et manger entouré de bêtes plus ou moins domestiquées.

Apparus d’abord à Taïwan, les « bars à chats », où l’on sert des lattes saupoudrés de poils de félin, ont traversé les frontières avant de donner naissance à pas mal de dérivés exotiques. Des coffee-shops de Séoul, où suricates et ratons laveurs côtoient les clients, à Tokyo, où partager son cappuccino avec un hibou ne surprend plus grand monde.

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Cette industrie, portée par la culture du selfie, n’a pas encore totalement fait son trou au Cambodge. Ces dernières années, en parallèle au redressement de l’économie locale et à l’essor d’une jeune classe moyenne dotée d’un solide pouvoir d’achat, la culture du café a connu un engouement certain dans ce pays d’Asie du Sud-est.

Mais l’immense majorité des adresses de la capitale, Phnom Penh, qui ont investi ce créneau sont des dealers de caféine conventionnels – des coins comme Starbucks, des cafés indépendants tels que Tini, ou encore la superbe chaîne locale Brown. Impossible d’y croiser un suricate, une chouette ou un scorpion.

Chea Raty, complètement gaga de son lézard, décide d’ouvrir un café, en plus de son taf dans les télécoms, histoire de le montrer à un plus large public

C’est ce qui a permis au Reptile Café de tirer son épingle du jeu. Le lieu a récemment ouvert dans un petit local coincé dans une des allées du Marché russe de Phnom Penh, un coin rustique mais de plus en plus à la mode.

« Il y a trop de coffee-shops dans cette ville », me dit Chea Raty, le propriétaire des lieux, qui vient de déposer une énorme mygale dans ma soucoupe. Alors que la boule de poils, ses pattes et son venin font le tour de la tasse juste devant moi, il ajoute : « Je voulais faire quelque chose d’original ».

Pour le coup, c’est plutôt réussi. Derrière Chea, une femme parade dans le café, un serpent des blés rouge et orange enroulé autour de sa main comme un bandage. Un journaliste du Phnom Penh Post tape sur son ordi, assis face à un énorme perroquet rouge perché sur une chaise. Un autre client avale un smoothie à la mangue alors qu’un scorpion doré, de la taille d’un poing, traverse furtivement sa table. « Tu vois ? » me dit Chea, attrapant une des pattes de la mygale avec deux doigts et feignant de lui serrer la main. « Original ».

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L’idée du Reptile Café est venue à Chea il y a quatre ans. Intrigué par des iguanes vus à la télé, il décide d’en commander un bébé via un vendeur de Poipet, à la frontière thaïlandaise, non loin de la province de Banteay Mean Chey, au nord-ouest du Cambodge, dont il est originaire. Complètement gaga de son lézard – au point de vouloir introduire l’espèce au Cambodge – il décide d’ouvrir un café, en plus de son taf dans les télécoms, histoire de le montrer à un plus large public.

Les lézards sont des animaux domestiques appréciés dans de nombreux pays, mais au Cambodge, on est plus habitués à les voir sur les murs des bars que dans des terrariums à l’intérieur des maisons. « Les gens me disent ‘T’es fou ou quoi ? Pourquoi tu prends pas plutôt des chiens ou des chats ?’ », raconte Chea. « Mais je trouve que les iguanes sont vraiment mignons. »

Chea s’est rendu compte qu’il était relativement facile de commander plus d’iguanes, de serpents et autres animaux exotiques, auprès de son fournisseur de Poi Pet. Le flot de bestioles grossit rapidement passant de ruisseau à torrent. Mygales roses du Chili, tortues à éperons, agames barbus, crapauds cornus d’Amérique du Sud, scorpions empereurs noirs et autres sympathiques bestioles remplissent les terrariums en verre qui occupent un côté du café.

La ménagerie s’est même étoffée grâce à un client qui a amené au café des aras macaos apprivoisés, eux aussi importés de Thaïlande. Chea n’impose aucun des animaux sur votre table. À votre arrivée dans le café, vous êtes libres de les choisir vous-même. Que ce soit un de ces grands oiseaux ou n’importe quelle autre bestiole qui se balade en ces lieux. La SPA n’approuverait probablement pas cet endroit, mais un duo de moines est récemment passé dans le café. Si leur conscience n’a pas été perturbée par le fait de caresser des lézards, qui suis-je donc pour jeter la pierre ?

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Le Reptile Café a fait sensation à Phnom Penh. En ville, la présence d’animaux sur un lieu de restauration se limite souvent aux cafards ou bien à une poignée de bestioles au Zoo Café voisin. Malgré sa sélection plutôt hétéroclite d’animaux – ils ont un raton laveur, des singes et aussi un petit iguane – le Zoo Café a une touche professionnelle, avec ses plantes luxuriantes et ses fresques sur les murs. Il a lui aussi ouvert cette année et, si le succès est au rendez-vous, peut-être que Phnom Penh pourra rattraper Séoul et Tokyo dans le game des cafés animaliers.

Son local, situé dans une petite ruelle, est un projet de passionné qui ressemble plus à la chambre d’un ado qui traverserait une « phase » qu’un lieu branchouille.

Que cette prédiction se réalise ou pas, le Reptile Café restera à part. Avec son local situé dans une petite ruelle, c’est un projet de passionné qui ressemble plus à la chambre d’un ado qui traverserait une « phase » qu’un lieu branchouille.

Malgré des débuts modestes, Chea a de grands projets pour son empire reptilien. Tandis que je me lève pour partir, il s’échappe dans l’arrière-salle du café pour en revenir avec une boîte contenant deux œufs immaculés, dont la taille suggère qu’ils ont été piqués sur le tournage du dernier Jurassic Park.

Ce sont des œufs de geckos. « Moi, tout ce que je veux, c’est promouvoir les reptiles auprès du peuple cambodgien », dit Chea. « J’essaye de lancer dans l’élevage d‘iguanes – ici, j’ai un mâle et une femelle. Mon ambition est d’ouvrir une ferme aux lézards bientôt. »

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Puis il se met à rire lorsque son scorpion attaque l’objectif de mon appareil photo.

Trouvez le Reptile Café à Phnom Penh en tournant la rue 167, entre les rues 450 et 173. Contactez le personnel via la page Facebook du lieu .

Vous pouvez suivre Jamie sur Twitter : @jamiefullerton1


Cet article a été préalablement publié sur MUNCHIES US.