Manger comme un joueur de baseball professionnel

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Manger comme un joueur de baseball professionnel

Riz, bœuf, nouilles et grosses plâtrées d'avant-match : dans le régime costaud des joueurs de haut-niveau.

Me voilà à bord du train qui relie Taipei à Hsinchu, une ville taïwanaise que beaucoup aiment comparer à Chicago. Et justement, si je vais à Hsinchu, c'est pour la même raison que la plupart des touristes vont à Chicago : pour voir un match de baseball. J'ai rendez-vous avec les joueurs de l'équipe des Uni-President 7-Eleven Lions pour parler compétition et régime alimentaire.

L'équipe des Uni-Lions participe au championnat de la Ligue Chinoise Professionnelle de Baseball. Elle a été créée en 1990 à Tainan et depuis les dix dernières années, elle a remporté cinq fois cette compétition de haut niveau. Il est prévu que je rencontre les joueurs juste avant leur match à l'extérieur contre les Lamigo Monkeys.

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Les Uni-Lions font partie de la Ligue Chinoise de Baseball Pro. Toutes les photos sont de l'auteur.

À la gare, c'est Eric, un ami à moi taïwanais, qui indique au chauffeur de taxi où m'emmener dans la langue locale. Pour être tout à fait honnête, Eric n'est pas physiquement avec moi : on est en plein appel vocal Facebook et il parle à travers le haut-parleur de mon iPhone. Je ne parle pas mandarin et Eric a accepté de me servir d'interprète pour les interviews à venir den direct depuis Hualien, une petite ville au Nord-Est de Taïwan.

Quand j'arrive dans le stade, il fait 31 °C et le taux d'humidité atteint les 77 %. Le coach de l'équipe m'emmène sur le terrain où les joueurs s'échauffent. Il m'offre une bouteille de thé glacé bien fraîche. « Bois ça, sans sucre ». Mais dans de telles conditions atmosphériques, aucune boisson fraîche ne peut rien contre les torrents de sueur que produit actuellement mon visage.

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Un joueur répétant son swing avant le match.

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Je bois mon thé en regardant les joueurs s'échauffer, lancer des balles et répéter leur coup de batte. Le premier à venir me parler est Jair Francoise Jurrjens, un lanceur de Willemstad, Curaçao. Il a également joué pour les Detroit Tigers, Atlanta Braves, Baltimore Orioles et les Colorado Rockies avant de débarquer ici, à Taïwan, en Février.

Jurriens m'explique comment son régime a changé quand il s'est installé ici. Comme l'équipe ne fournit pas à manger aux joueurs après les matchs – qui peuvent se terminer assez tard –, trouver de quoi dîner peut devenir assez problématique. « Les premiers jours, je demandais toujours ''bon, qu'est-ce qu'on mange ?'' mais le seul truc d'ouvert est le MacDo. Bye-bye la ligne si tu y vas », résume-t-il.

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Lin Chih-hsien en train de faire des échauffements avec une medecine ball.

Le repas qui l'a pour l'instant le plus marqué est une soupe d'aileron de requin. « Ce n'était pas mauvais, même plutôt intéressant. Mais je ne sais pas si j'en recommanderai un jour. Je viens d'une île donc rien ne me surprend. Je peux tout essayer ».

Je rencontre ensuite Kao Kuo-ching, le premier lanceur. Si j'en crois mon fidèle traducteur Eric, la star de l'équipe affirme que l'alimentation affecte beaucoup la qualité de ses performances. Du coup, avant un match, Kao a tendance à manger léger : il évite les glucides et consomme beaucoup de protéines.

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Beaucoup de joueurs apprécient ce genre de bento.

Kao pense qu'en mangeant beaucoup de viande avant un match, il aura plus de force. Et comme il y va mollo sur les accompagnements, il se sent également plus léger.

Avant les matchs, toute l'équipe casse la croûte ensemble et ce sont les entraîneurs qui s'occupent de la popote : « Les coaches choisissent où se fera ce repas d'avant-match », m'explique Eric. Les plats au menu changent régulièrement et ça va du poulet frit aux hamburgers en passant par des bentos.

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Quand il n'est pas en championnat, le receveur Lin Chih-hsien pratique le TRX.

« On mange beaucoup avant les matchs, affirme Jurrjens. Des pizzas, beaucoup de riz – du riz blanc, du riz cantonais – plein de poulet, de bœuf et de nouilles. Ce qu'on mange après le match aux États-Unis, ici, on le mange avant ».

Lin Chih-hsien joue en tant que receveur. Il essaye d'éviter les glucides mais c'est difficile : « À Taïwan, ce n'est pas facile pour les joueurs car la viande est toujours servie avec un accompagnement. »

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Lin est assez bavard et se met à me détailler sa routine d'entraînement. Par exemple, quand il ne participe pas aux compétitions, il fait du TRX et de la muscu en se concentrant notamment sur ses jambes – la position de squat est essentielle pour son poste de receveur.

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Kao Kuo-ching entre en jeu. Une pancarte à la gloire du joueur de champ extérieur, Liu Fu-hao.

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Une Uni-Girl, les pompom girls de l'équipe, chauffe la foule.

Pendant la saison régulière, c'est Masaru Isshiki, un coach sportif venu d'Osaka qui entraîne l'équipe. Il veille à ce que tous les joueurs respectent son planning d'entraînements. C'est plus facile de rester dans le rythme quand il y a cinq matchs à assurer par semaine. Mais s'il n'y a aucun match en vue, Masaru fait courir ses sportifs.

Avant que le soleil ne se couche et que le match commence, j'ai encore eu le temps de parler avec un joueur du champ extérieur, un autre lanceur et un nouveau joueur tout droit venu de Californie. La plupart des joueurs ne prêtent pas trop attention à ce qu'il y a dans leur assiette – leur alimentation reste la même hors saison.

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« Même si leur équipe est largement perdante, ils continuent de les encourager jusqu'au coup de sifflet final », m'explique Jair Francoise Jurrjens.

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Je rejoins ensuite la suite réservée aux journalistes – climatisée – pour regarder le match. Mais après quelques lancers, je décide d'aller avec les supporters dans les gradins. Les fans se lèvent toutes les deux minutes pour aller danser avec les pom-pom girls. Des tambours, des trompettes et encore d'autres instruments résonnent dans le stade. Les gens mangent des pogos, mais je ne vois personne avec des cacahuètes ou des paquets de Cracker Jack.

C'est Jurrjens qui a le mot de la fin : « Les Taïwanais adorent le baseball. Même si leur équipe est largement perdante, ils continuent de les encourager jusqu'au coup de sifflet final. C'est une autre façon d'apprécier le baseball. » Et le festin qui va avec.