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Harcèlement, cougars et mains au cul : mon quotidien de serveur

Un serveur hollandais rappelle que, quel que soit le genre de la personne derrière le zinc, lui pincer les fesses s'apparente à du harcèlement sexuel.

Bienvenue dans Cuisine Confessions, une rubrique qui infiltre le monde tumultueux de la restauration. Ici, on donne la parole à ceux qui ont des secrets à révéler ou qui veulent simplement nous dire la vérité, rien que la vérité sur ce qu'il se passe réellement dans les cuisines ou les arrière-cuisines des restaurants. Dans cet épisode, un serveur hollandais exprime son ras-le-bol des MILF en mal de sexe.

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Je suis serveur depuis quelques années. J'ai commencé dans un pub mais ça fait maintenant un an que je suis dans un bar à cocktails. Depuis que je bosse ici, les choses ont changé. Avant, je servais principalement des étudiants mais maintenant la clientèle est plus âgée, disons classe moyenne supérieure. Ce qui m'étonne et me gêne assez, c'est qu'on me fait régulièrement des remarques coquines. Et les femmes ne se gênent pas pour me peloter sans demander la permission. On n'évoque jamais ouvertement ce problème entre serveurs ou même avec d'autres personnes en dehors du boulot. Ça se comprend, étant donné que ce sont plus souvent des femmes qui ont affaire à ce genre de situation. Mais je pense qu'il est quand même important d'en parler. Il faut arrêter de considérer les serveurs masculins comme des objets sexuels.

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J'ai l'impression que plus un pays est libre dans ses mœurs, moins il se comporte poliment. Hommes et femmes picolent et tout peut arriver. Il y a deux mois, un type s'est déculotté sur la piste de danse et il a fait l'hélicoptère. Les gens qui traînaient dans le bar ont trouvé ça fun mais moi, je n'ai pas vraiment compris la blague. Je me suis fait la réflexion : « On t'accueille ici donc ce serait cool que tu te conduises comme un invité ». Le client est roi mais ce n'est pas pour ça qu'il faut tout accepter sans broncher. Malheureusement, c'est ce qu'attendent beaucoup de nos clients.

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Les deux fois où je suis effectivement rentré avec quelqu'un, je me suis senti utilisé. J'avais l'impression d'être une sorte de trophée à exhiber aux amies, du style : j'ai couché avec le serveur de ce bar !

Ce qui m'amène à mon argument suivant : en tant que serveurs de sexe masculin, il est attendu que nous restions impassibles quand une cliente nous pince les fesses alors qu'on passe près d'elle pour aller chercher de la glace dans l'arrière-cuisine. Et si elle recommence quand on repasse près d'elle, c'est normal. Si la cliente est vraiment bourrée, je peux relativiser ce qui s'est passé. Mais si j'ai passé une mauvaise journée, je ne serai pas d'humeur. C'est facile à expliquer.

Les femmes ont l'habitude de flirter avec l'équipe de serveurs, tout comme les hommes flirtent avec nos collègues féminines. Dans la restauration, c'est monnaie courante. On le sait dès le départ. Le problème, c'est que les femmes ne lâchent pas aussi facilement l'affaire quand on leur met un stop, comparé aux hommes. Elles font comme si de rien n'était. Elles rigolent quand je leur fais une remarque et elles reprennent leur mission de conquête. Souvent, les femmes qui se sont fixées comme objectif de Repartir Avec le Serveur viennent s'installer en groupe au bar. Même si beaucoup aiment l'attention qu'on leur porte, il ne faut pas croire que tous les serveurs veulent coucher avec tout ce qui bouge. Les deux fois où je suis effectivement rentré avec quelqu'un, je me suis senti utilisé. J'avais l'impression d'être une sorte de trophée à exhiber aux amies, du style « j'ai couché avec le serveur de ce bar ! »

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En général, ça se déroule ainsi : la cliente croise mon regard. Au départ, c'est agréable. Mais quand le même groupe de filles te fixe pendant trois heures de suite, ça devient gênant. Un jour, un groupe de meufs est venu s'asseoir au bar. L'une d'entre elles n'a pas arrêté de me regarder tout la soirée. Je trouvais ça assez cool jusqu'à ce qu'une de ses potes vienne me dire : « Tu penses qu'elle va commander quoi ensuite ? Ce n'est pas sur le menu. » Je savais que ça allait finir comme ça, donc j'ai sorti une vanne. « J'en sais rien, un verre d'eau peut-être ? » Subitement, plus personne ne gloussait. Elles ne savaient plus quoi dire. Deux minutes plus tard, elles reprenaient leur manteau et sortaient du bar. Elles avaient en tête l'image du serveur qui ne demande qu'à être dragué ; elles ne comprenaient pas pourquoi je ne rentrais pas dans leur jeu. Si je décline une proposition, ce n'est pas une raison pour partir en colère. Et pourtant, ça arrive souvent.

On dirait que, plus une femme est âgée, moins elle met les formes. Je n'en peux plus des quarantenaires qui me pincent les fesses. Ça me met mal à l'aise

Cela dit, entre des filles qui partent énervées et celles qui restent plantées-là jusqu'à la fermeture du bar en espérant repartir avec moi, je préfère sans doute les premières. Un soir, il y avait cette fille au bar. Je lui ai servi son verre et elle m'a alors demandé, d'une voix sans expression : « Qu'est-ce que tu veux ? » Je lui ai donc dit que j'avais arrêté de boire quand j'étais de service. Elle a alors ajouté : « Je veux plutôt dire, si tu pouvais avoir ce que tu veux, qu'est-ce que tu demanderais ? » J'ai répondu par un sourire et j'ai déguerpi direct. Elle est restée au bar à m'observer. C'était assez chelou. Elle est restée jusqu'à la fermeture. J'ai fait en sorte de ne plus avoir à la servir de la soirée.

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On dirait que, plus une femme est âgée, moins elle met les formes. Je n'en peux plus des quarantenaires qui me pincent les fesses. Ça me met mal à l'aise. C'est sans doute parce qu'elles sont plus sûres d'elles, qu'elles ne s'inquiètent pas sans cesse de savoir à quoi leur coupe de cheveux ressemble comme le font les plus jeunes. Elles doivent se dire qu'elles n'ont rien à perdre. Elles débarquent avec quelques amies de leur âge ou bien toutes seules. Et quand elles sont là, on se rend compte direct qu'elles sont en chasse. Un ami qui bosse en tant que serveur à Amsterdam m'a raconté une anecdote. Un couple d'habitués vient de temps en temps au bar sauf le vendredi, où la femme y va seule. Elle s'assoit près de l'endroit où mon pote fait ses cocktails et elle passe son temps à lui faire des remarques sexistes à propos de ses muscles ou bien de sa tête lorsqu'il secoue le shaker (« Tu fais cette tête-là quand tu jouis ? »). Elle lui file toujours un pourboire d'au moins 20€ et elle finit toujours la soirée en le suppliant presque de rentrer avec elle. Et dire qu'elle est mariée.

Des femmes se penchent au-dessus du bar juste pour me toucher. C'est gênant mais on ne peut rien y faire. On est censé l'accepter.

Ça m'arrive aussi. Des femmes se penchent au-dessus du bar juste pour me toucher. C'est gênant mais on ne peut rien y faire. On est censé l'accepter. La logique est que l'image du serveur étant sexualisée, tous les serveurs devraient avoir envie de baiser. Ce raisonnement semble normal, alors que quand un homme fixe les seins d'une serveuse toute la soirée ou bien s'il lui met une main aux fesses, c'est du harcèlement sexuel.

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Dernier truc : les nanas qui essayent de me draguer veulent souvent repartir avec des verres gratos. Récemment, j'ai servi une tournée de shooters à des filles qui, quand elles ont voulu partir, ont trouvé ça bizarre que je leur donne l'addition. L'une d'entre elles – qui m'avait fait de l'œil toute la soirée et m'avait filé son numéro sur une serviette en papier – a dit que c'était ridicule et qu'elles pensaient que tout serait gratuit. Au final, elles ont réglé la note et sont reparties mécontentes. Une heure plus tard, la fille en question est revenue avec un nouveau type et s'est empressée de l'embrasser devant moi. Elle voulait sans doute me prouver qu'elle pouvait toujours se trouver quelqu'un d'autre. À la longue, ce genre de situations me fatigue.

Les gens vont dans les pubs ou les bars pour s'amuser. Quand on bosse dans un endroit qui vend de l'alcool, on sait que ça va avoir des conséquences sur le comportement de certains. J'en suis conscient. Ça fait partie de mon boulot de prendre soin des clients trop éméchés. Quand ils ont beaucoup bu, ils peuvent perdre les pédales et il faut savoir gérer ce genre de situation. Par contre, cela ne fait pas de nous des sortes de bonbons qu'on donne avec l'addition. Cela ne vous permet pas non plus de commander mon pénis comme s'il était à la carte. Faisons en sorte que ce ne soit pas un comportement normal. Avec tout cet alcool qui circule, je sais que le milieu dans lequel je bosse peut vite dérailler. Mais ne venez pas dans mon bar juste parce que vous avez envie de baiser. Venez goûter nos cocktails, ils sont au moins aussi bons.

Propos rapportés par Roëlla van Gulik.

Cet article a préalablement été publié sur MUNCHIES NL