Henry Michel regarde Top Chef – Ep.9 : la Guerre des Restaurants

En 2017, notre chroniqueur gastronomique a décidé de suivre Top Chef et de nous débriefer, chaque semaine, le dernier épisode en toute subjectivité.

Suggestion de dressage : ce débrief est à lire comme une note de service, comme un carnet de bord qui se grignote dans l'ordre chronologique , en même temps que vous matez l'épisode de Top Chef en direct ou quand vous le re-matez en streaming. Pour voir à quoi ressemblent les candidats, vous pouvez aller faire un tour sur ce trombinoscope. Pour voir les débriefs de tous les épisodes précédents, rendez-vous ici.

Certains l'adorent, d'autres la détestent, je la trouve juste inadaptée à cette émission : je ne parle pas de Giacinta, mais de la « Guerre des Restaurants », figure imposée de toute bonne saison de Top Chef. À l'heure des restaurants popup, très à la mode, l'épreuve n'est peut-être plus aussi coupée qu'avant d'une certaine réalité gastronomique actuelle. Mais son pénible montage, où chaque anecdote est tirée en plusieurs minutes et son absence de vraies séquences de cuisine ont eu raison de mon enthousiasme… jusqu'à ce que se déroule une des meilleurs épreuves de la dernière chance de la saison.
Du coup, je vais en profiter pour me reposer un peu, faire court et efficace, comme ces journées de repos du Tour de France, histoire de me faire changer le sang entre deux massages. C'est parti.

Chaque binôme des trois brigades va devoir créer un restaurant en quarante-huit heures.
Et quarante-huit heures, c'est peu. Peu pour concevoir une étude de marché, réaliser les prévisions financières, procéder aux démarches juridiques et administratives, enregistrer sa société, obtenir les autorisations d'hygiène et le permis d'exploitation…C'est même impossible.
Heureusement, nos candidats n'auront pas à se soucier de ces démarches, car le restaurant sera basé à Puteaux. Et « à Puteaux, tout est pu facile », comme un panneau de la mairie le proclame fièrement à l'entrée de la ville.
Fi des formalités rasoir ! À l'aide d'un petit coup de pouce bien placé, nos trois binômes pourront uniquement se concentrer sur l'élaboration du menu, de la décoration et de la cuisine.
Cela tombe bien, parce qu'Alexis était moyennement motivé pour ce coup de bourre intégral.

Leur mission : que le restaurant soit le plus attractif possible, puis que la nourriture soit bonne et cohérente.
L'établissement dont la devanture plaira le moins aux Habitants de Puteaux™ n'ouvrira pas ses portes – et sera saccagé.
Les deux restaurants restant seront eux jugés sur l'expérience culinaire qu'ils offriront aux Habitants de Puteaux™ et au jury.
Puis ils seront saccagés.

Les binômes de chaque gang visitent trois restaurants d'apparences fort différentes :

Premier restaurant - Oriental
- Les points forts: une belle façade, petite avancée et terrasse, cuisines ok.
- Les points faibles : l'intérieur est plus kitschos. C'est un mélange improbable d'influences françaises, italiennes et arabisantes, parcouru de moulures pompières, on dirait la signature sonore d'une plage privée à Cannes. Le tout avec un topping de design très russe: un cubicle-chiottes envahissant tout un coin de l'espace.
- Personne n'en veut. Bonne ambiance, 2017. Belle ouverture au monde.

Deuxième restaurant - Moderne
- Les points forts : une base neutre pour faire à peu près la décoration de son choix. Belles cuisines, dotées d'une broche grill. 
- Giacinta s'enthousiasme : « On pourra bien le décorer ! »
- Si Giacinta décore comme elle dresse, Puteaux va accueillir un deuxième Puy du Fou.
- Les points faibles : plus froid, ambiance de bureau impersonnelle. Tellement vide que ça en résonne.
- Alexis et Giacinta craquent pour cet espace. Ils se l'approprient sans objection des deux autres binômes. La magie Gialexis peut opérer.

Dernier restaurant - Rustique.
- Les points forts : bien que très connotée, la décoration possède une certaine chaleur, une certaine unité et dégage déjà un petit quelque chose. Les cuisines sont ok.
- Les points faibles : c'est rustique et vieillot.
- Jérémie adore, et voit dans l'espace « un bon moment de camaraderie à partager » (brève de backroom). Lui et Julien sont déterminés à obtenir l'espace, mais Franck et Jeff aussi ! Qui obtiendra l'espace, Jérémien ou Janck ?
- S'en suit la négociation la plus rapide de l'histoire des négociations :

Nos candidats ont quarante-huit heures pour faire les courses et insuffler à leur restaurant une âme : un concept, un menu, une déco et le choix du @ sur twitter.

À l'issu de ce délai, Les Habitants de Puteaux™, depuis le trottoir, vont devoir se donner envie de rentrer dans le restau à la simple observation extérieure et à lecture des menus.

Le nom de leur restaurant : « L'Essentiel »
Comment je l'aurais appelé : « Le Minimum »
Le concept : « Cuisiniers par nature », manière passive agressive de dire « on est là pour cuisiner, ne nous cassez pas trop les bonbecs pour la déco ».
Le style :
- Simplicité, rusticité, dépression post-menstruelle. Main géante en pierre garnie de mousse, choisie par Julien.
- Montage végétaux de sous-bois et structures de bâtonnets posées par çi par là par Jérémie, donnant l'impression que l'on parcourt le musée des cadeaux de fête des pères.
- Tableau d'homme à tête d'animal, un genre de déco très prisé en ce moment pour son côté « délire propre / punk centriste ».

Anecdotes de création pour le cocktail d'inauguration :
- Jérémie et Julien en salopettes blanches sur sous-pull jaunes nous donnent un aperçu de ce que serait Mario et Luigi si Nintendo était une marque belge.
- Jérémie a eu l'idée du nom L'Essentiel suite à une réplique de Julien : « Aller à l'essentiel ». Quelques secondes avant, Julien avait avoué « se geler les burnes » mais Jérémie ne l'avait pas entendu - on souffle de soulagement.

L'avis des Gens de Puteaux™ sur la déco
NOTA BENE : Jury composé de différents sosies officiels : Michel Laroque, Bertrand Burgalat, la mère de ton pote et surtout le facétieux Willy Rovelli dans le rôle du blaireau de toutes les voitures d'en face un jour d'embouteillage. Ces gens vont se faire tellement haïr du public en une petite heure que vous en oublierez Giacinta.

« L'essentiel…de l'horreur ? looool ! », « C'est clean c'est propre », « Il y a un coté sain », « Mais c'est pas chaleureux », « T'imagines, tu manges en face de ce tableau ça coupe l'appétit », « Ahahah ouais javou nyark nyark ». Je ne connais pas Puteaux, et je ne sais pas si ce panel est représentatif des Habitants de Puteaux™, mais à première vue comme ça, on n'est pas sur une ville de férias.

Le menu

Entrée : L'œuf, aux coques sans coque, fruits à coques et parfum de sous-bois.
-> Œuf basse température, coques jus en gelée, pâte salée aux fruits secs.

Plat : Souvenir de braconnage, ou comment le veau pèche l'écrevisse.
-> Tête de veau, écrevisses, bisque d'écrevisses.

Dessert : Influence craquante de nos montagnes, chocolat blanc, épices, agrumes.
-> Meringue, ganache, chocolat blanc, agrumes, poivre Timut.

Anecdotes de création pour le cocktail d'inauguration :
- Jérémie a une histoire à raconter autour de cette tête de veau aux écrevisses : son grand-père braconnait les écrevisses en mettant de la tête de veau dans une boite de conserve perforée qu'il jetait à l'eau. C'est émouvant car des milliers de kilomètres plus loin, gamin je faisais la même chose pour les crevettes, dans la méditerranée, avec une bouteille en plastique percée et du jambon. J'ai marmitonné son anecdote mais c'est 100% vrai.
- Michel Sarran, de manière plutôt légitime, a super peur que l'on propose de la tête de veau dans un menu unique. Alors Jérémie opte pour la dissimulation, en renommant le plat « steak haché frites », ou presque.

L'avis des Gens de Puteaux™ sur le menu :
« Ca pousse à la curiosité », « Ca a l'air gourmand », « Y'a peut etre un peu trop de mystère pour quelqu'un de Puteaux comme moi »/
VERDICT EXTÉRIEUR -> « L'ESSENTIEL » validé, peut ouvrir ses portes.

BONUS MULTIMÉDIA : L'Américain Johnny Robin mange 341 écrevisses en 11:44

Le nom de leur restaurant : « Le Grenier des gourmets »
Comment je l'aurais appelé : « Aux festins d'Emmaüs » 
Le concept :  « Il n'y a rien de plus moderne que la tradition ». En réalité, le concept serait plutôt « Achetons tous les objets vendus sur eBay en une journée et stockons-les dans un ancien restaurant ». Le style : Jeff a voulu prendre en charge la direction artistique de l'établissement, et son cerveau est un bordel incroyable. Sous le prétexte d'une brocante, il dégrade littéralement la voie publique en y posant une tonne d'objets sans lien. De l'extérieur, on pourrait croire à une expropriation en cours. Jeff veut imiter la brocante, mais aucune brocante ne s'est jamais présentée de cette façon, même en temps de guerre, et jamais de façon aussi kitsch, même en RDA.
Beau mobilier simple, couverts dépareillés. Anecdotes de création pour le cocktail d'inauguration :
- Franck est à mourir de rire durant cette séquence. Habitué des restaus de luxe, des trois étoiles d'Alleno, il ne sait plus où il habite. Tous les mots prononcés par Jeff sont des triggers. Il développe de l'eczéma face au moindre objet de récup posé dans le local.
- Jeff a une écriture de gros débilos de CM1 et écrit des phrases tirées d'evene.fr sur cinquante ardoises réparties dans le restaurant.
- Jeff : « Je vais aller jusqu'au bout et j'ai peur que ça lui fasse peur » (brève de backroom)
- Les vannes de Franck sont tellement drôles que je n'ai pas à transformer le produit, je vous les sers à l'italienne, en respectant l'ingrédient dans son intégralité : « Le mec il va quand même acheter des paniers pour faire des lustres, c'est chaud quoi » , « On dirait la collection de verres d'un fast food quant t'achètes un gros menu », « Fallait l'appeler le clown gourmand ton restau ».  - Le deuxième meilleur passage de cette séquence survient lorsque Philippe Etchebest arrive dans le restaurant pour féliciter Jeff de sa décoration. Franck est dans l'incrédulité la plus totale, et son changement de réaction est l'illustration parfaite de l'expérience de Solomon Asch sur le conformisme (1951). Bonus Multimédia en passant  :

À la fois anxieux de voir réussir son projet, et rassuré par l'avis d'un Etchebest visiblement ébloui par la décoration, Franck opère un rétropédalage absolument délicieux : « - Vraiment…À la fin de l'épreuve…Faudra que je te félicite… Parce que visiblement, ben t'as fait un super travail. » Non Franck. C'est dur à admettre, il faut beaucoup de force de caractère pour s'y tenir (un Guillaume n'aurait pas failli) mais c'est toi qui as raison : la déco est bel est bien moche. Et tout le monde a tort, même les Habitants de Puteaux™ (SURTOUT les Habitants de Puteaux™ ). L'avis des Habitants de Puteaux™ sur la déco
« Ça pousse a la curiosité, ça donne envie de pousser la porte », « trop froid », « chaleureux », « j'aime bien la vaisselle dépareillée », « je trouve pas que les passoires soient pas très originales ». Le menu
Code de la carte conçue et cuisinée par Franck: « GASTRO DÉTENTE ». Je ne peux qu'approuver de manière enthousiaste. Entrée : Velouté de cresson, crème parmentier, tube de pomme de terre, neige de haddock.
Plat : Paleron braisé, jus, betterave, céleri, navet boule.
Dessert : Meringue, mandarine, fromage frais, jus de mandarine au poivre de timut. Anecdotes de création pour le cocktail d'inauguration :
- Pourquoi douter une seule seconde de Franck alors qu'il a systématiquement été le meilleur en cuisine ? Ne sombrons pas dans le conformisme de Asch à cause de l'avis à venir de 19 blaireaux en anorak. Les plats de Franck sont simples, beaux et généreux.
- Le parti pris de Franck était de coller au maximum à l'apparente simplicité du concept. Il n'a volontairement pas – au contraire des deux autres équipes – donné de nom mystérieux ou ludique à ses plats. PARCE QUE FRANCK est intelligent, il a du goût, et il a fait ce qu'il fallait faire. Franck vient des cimes de la gastronomie où la terminologie des plats est pure, on n'est pas dans Fort Boyard, on ne joue pas aux mystères quand on revient d'un Alleno qui balance une « soupe savoyarde de poissons de lacs, pomme cordée au bleu de Termignon, écrevisses de lacs cuisinées au vin jaune, sandwich melba au lard, noix de Grenoble et champignon crème ». Quand on sort des plats comme ça, on ne va pas les rebaptiser en des « Soupe des montagnes mais pas des montagnes, hihihi » putassiers pour plaire à un syndic de copropriété putéolien sorti bouffer.
- Dans la vie, il y a parfois des moments où tout le monde a tort et où vous seul avez raison, dans 80% des cas vous avez en fait tort, mais dans les 20% des moments restants, serrez les mâchoires. L'avis des Gens de Puteaux™ sur le menu
« C'est quelque chose qu'on peut faire chez soi  », « L'endroit me donne plus envie que la carte », « le dessert ne donne pas envie », Vous savez quoi ? Vous ne méritez pas Franck, à Puteaux. Allez bouffer des noix glacées. VERDICT EXTERIEUR -> « La grange d'Emmaüs Alleno » non choisi par le syndic, n'ouvrira pas ses portes.
Jeff en pleurs, Franck n'a toujours pas compris l'intégralité de cette séquence : les gens ont adoré la déco de merde mais n'ont pas trop kiffé le nom de ses plats délicieux. BONUS MULTIMÉDIA : À deux reprises, nos cuisiniers utilisent le poivre Timut, également appelé baie de Timur. Quel est ce poivre au subtil goût d'agrume ? Découvrons-le en compagnie de ces deux français laid back, en vidéo 360 degrés.

Le nom de leur restaurant : « Chez Babette »
Comment je l'aurais appelé : « Rhinocérusse, les bon couisine pour le joui » 
Le concept : « Chez Babette - ici on partage ». Cela doit être le nom d'au moins 35 établissements libertins de PACA.
Le style : restaurant convivial et assez nu, en table unique, où les clients peuvent partager leurs garnitures et sympathiser entre gens de Puteaux™ pour parler de la ville et de ses perspectives de développement, en mangeant le saucisson exposé, et en attendant les plats servis par une italienne cyclothymique. Déco safari médico-légal, peaux de bêtes. Anecdotes de création pour le cocktail d'inauguration
- Soyons honnêtes : le concept, la décoration, même le logo du restaurant en font le meilleur de la compétition, de très loin. Il n'y a pas photo. Le seul restaurant des trois dans lequel je serais entré.
- Alexis prend la bonne initiative de s'occuper de tout, déco, menu et cuisine. Giacinta s'occupera de la pâtisserie (elle la ratera) et de l'accueil des clients (elle finira sous Tranxène).
- Lors de sa quête décorative, Alexis optera pour des bustes d'animaux plutôt sympas. Ivre de contenu, la prod de Top Chef en fait un scandale pendant 15 minutes, sans trop y croire. Mais au final tout le monde s'en fout, à part le Willy Rovelli des embouteillages.
- Séquences fatigantes d'enfantillages entre Alexis et Maximilien (commis invité, comme Guillaume et Carl d'ailleurs, il ne s'est tellement rien passé que je les ai oublié). L'avis des Habitants de Puteaux™ sur la déco
« Vive Puteaux ! », « ça fait très familial », « les peaux de bêtes c'est engageant », « on se croirait dans une maison de campagne », « Oui, tu as raison, Béa. Au fait chérie, je sais que ce n'est pas le moment, mais j'ai couché avec ta soeur », « Ma soeur !? », « Oui. Nous étions en pleine séance de Body Combat, nos regards se sont croisés, et il s'est passé quelque chose. Nous avons fait l'amour dans sa voiture », « La Mercedes ?! », « Non, pas la Mercedes, je ne te parle pas de ta sœur Marie, je parlais d'Annick ! », « Aaaaah j'ai eu peur, j'ai cru que t'avais baisé Annick ! ahahah », «Ahahah mais non t'es bête. Je ne baiserais jamais Annick voyons ». Le menu Entrée : Oeuf basse température, champignons rôtis, châtaignes
Plat : Cochon des châtaigniers à la broche façon Babette et ses garnitures à partager
Dessert : Ganache chocolat noir fumé, sablé aux amandes, ananas rôti entier. Anecdotes de création pour le cocktail d'inauguration :
- Les garnitures à partager sont : betterave et carottes rôties, framboises, chèvre frais, poudre d'olives séchées, chou fleur, grenade, pignons de pin.
- Tout cela est plutôt cohérent, généreux et appétissant.
- En proposant de fumer la ganache, Giacinta affirme, enthousiaste : « J'adore fumer les choses ! ». Ça lui fait un point commun avec Alexis.
- Histoire de broche et de cochons tirée sur cinq minutes, absolument inutile à raconter. Il en faut plus pour stresser Alexis. Une ganache foirée, par exemple. L'avis des Habitants de Puteaux™ sur le menu
« J'adore », « C'est gourmand », « Ca fait envie », « Mais alors la voiture d'Annick, c'était l'Audi ? », « Oui oui », « Je croyais qu'elle était en réparation depuis Lundi », « Ah… », « Tu serais pas en train de me raconter des craques, Alain ? », « Bon j'avoue, j'ai pas couché avec ta soeur ahahah ». VERDICT EXTERIEUR -> RHINOCERUSSE OUVRIRA SES PORTES. BONUS MULTIMÉDIA : Quand on me parle de chocolat fumé, je pense au « chocolat bois » d'Emmanuel Renaut (ancien second de Marc Veyrat, M.O.F en 2004, triple étoilé en 2012) , qui fume le chocolat, le lait et la meringue dans un dessert qui est devenu culte. Cette même recette avait été célébrée dans Top Chef - Le choc des champions

Il reste deux restaurants en lice : « Rhinocérusse » du duo Gialexis, et « Les Burnes », du duo Jérémien. Les Habitants de Puteaux™ et le jury vont s'enfiler deux tournées de repas en étant payés pour cela.

Le service by Jérémie
- Jérémie est un excellent maître d'hôtel / serveur / vendeur de bibles. Souriant, pédagogue et roublard, il enfume à la bruyère les clients avec beaucoup de talent.
- A en croire le montage, son plaisir de converser avec la clientèle est en partie responsable du refroidissement avancé des entrées.
- Point bonus 1 : sa facilité à dissimuler la tête de veau de son plat principal jusqu'à ce que les gencives de la bête enrobent littéralement celles du client. Il racontera l'histoire de son grand-père, utilisera des périphrases, des haïkus, des mimes, tout sera développé pour ne jamais dire tête de veau. À deux doigts de dire « c'est la partie très supérieure du collier ».
- Point bonus 2 : son sang-froid pour ne pas avoir emplâtré l'habitante de Puteaux ™ ayant recraché sa bouchée de tête de veau.
- Point bonus 3 :

L'entrée - L'avis du jury et de Puteaux™
L'œuf, aux coques sans coque, fruits à coques et parfum de sous-bois.
« le visuel n'a rien d'épatant », « c'est propre », « l'assiette est engageante, mais pas de complexité énorme », « ca donne envie, on sent le sous bois » (brève de backroom ), « je trouve le mariage intéressant », « le bouillon est sympa », « j'aurais vraiment voulu que ça soit chaud », « c'était pas assez chaud », « c'était un peu froid ».
-> Intérêt relatif pour le plat, mais trop froid.

Le plat - L'avis du jury et de Puteaux™
Souvenir de braconnage, ou comment le veau pèche l'écrevisse.
« Je me demande quelle partie du beau on va manger », « La boîte ça tient limite de la provocation », « Ça, c'est antinature », « Wow, c'est très très bon », « Gustativement, c'est hyper bien fait », « À la dégustation, c'est très bon », « C'est quand même risqué, tout le monde n'aime pas la tête de veau », « Moi qui n'aime pas d'habitude cette cuisine, c'est très bon ».
-> Malgré la prise de risque, bonne surprise à part une dame qui vomit à moitié.

Le dessert - L'avis du jury et de Puteaux™
Influence craquante de nos montagnes, chocolat blanc, épices, agrumes.
« ça a l'air frais », « c'est agréable à regarder, ça fait léger », « de prime abord ça ne me donne pas forcément envie de me jeter dessus », « je suis très déçu par le dessert », « y'a un bon jeu de textures, mais rien n'est équilibré, rien n'est à sa place », « le dessert est vraiment très bon ».
-> Succès mitigé pour le dessert

Le bilan est peu engageant pour Jérémie et Julien. Que va-t-il en être pour Giacinta et Alexis ?

Le service by Giacinta
- Au début, Giacinta est plutôt sympa et exotique. On se souvient de ce petit sentiment, au tout début de Top Chef, quand nous n'étions pas au courant du sortilège qui l'enveloppait.
- Pour sa décharge, les Habitants de Puteaux™, au moment de l'enregistrement, n'ont jamais regardé Top Chef et ne peuvent pas savoir.
- Mood initial décontracté, ambiance de gite montagnard, on pique les saucissons au mur, on rigole, on fait les foufous autour de cette ambiance baba cool qui parfois manque dans les établissements de Puteaux™.
- L'incident surviendra au dessert, lorsqu'Alexis, pour la première fois de la saison, va s'énerver, en prononçant ces mots très forts : "J'arrive pas à faire une bonne quenelle !"
- Il convoque Giacinta pour lui dire que sa ganache fumée est de la merde, puis la libère.
- Giacinta repart en boitant, et on ne peut que reconnaître son courage pour garder bonne composition. Pendant un moment, on pense qu'elle va littéralement s'évanouir entre les clients. A ce moment là, j'ai eu de la peine pour elle.
- Le dessert arrivera avec un retard monstrueux, servi par une Giacinta dévitalisée, dans un silence glaçant. Le gite s'est transformé en morgue.

L'entrée - L'avis du jury et de Puteaux™
Œuf basse température, champignons rôtis, châtaignes
« c'est délicieux », « c'est super fin en bouche », « bien aromatisé », « c'est gourmand », « c'est un bon plat ».
-> Très bon accueil de l'entrée Le plat - L'avis du jury et de Puteaux™
Cochon des châtaigniers à la broche façon Babette et ses garnitures à partager
« on dirait des entrées », « c'est dommage parce qu'on a pas une belle assiette dressée gnagnagna », « très belle cuisson », « la viande est bonne », « c'est super bon », « le raifort est trop fort ».
-> Bon accueil du plat Le dessert - L'avis du jury et de Puteaux™
A noter que le plat arrive TRÈS en retard. Willy Rovelli pète un câble et se sent abandonné.
Ganache chocolat noir fumé, sablé aux amandes, ananas rôti entier.
« le visuel est pas dingue », « j'adore », « c'est fluide, c'est souple », « l'ananas est sublime », « le coté fumé sur le chocolat c'est très très bon », « la texture de la ganache est pas dingue », « le chocolat fumé est délicieux ».
-> Bon accueil du dessert malgré une arrivée très tardive et un abandon du service et de l'animation BILAN DES COURSES
Sur le papier, « Chez Babette » remporte tous les suffrages. Mais avec Giacinta, l'occulte l'emporte toujours sur le réel. Or, une règle puissante et magnétique, qui entoure la jeune femme depuis le début de la compétition, stipule deux choses, contre lesquelles aucune forces rationnelles ne peuvent lutter : 
- Giacinta arrivera toujours en dernière chance.
- Giacinta survivra toujours à la dernière chance. ainsi : 
-> JEREMIE ET JULIEN QUALIFIES POUR L'EPISODE 10 DE TOP CHEF
-> GIACINTA ET ALEXIS EN DERNIERE CHANCE

Ce qu'il fallait faire : étonner le jury en une seule bouchée, avec de la pomme de terre.
Ce que j'aurais fait : j'aurais contacté le même marabout que Giacinta, pour réaliser une cristalline de pomme de terre en faisant juste tomber une patate par terre.

GIACINTA

Son plat :

Une pomme de terre en Provence

- En réalité : pas du tout ça - coques, rouille, chips de pomme de terre, poudre de peau de pomme de terre, et chatte monumentale.

- Tout est parti pour perdre cette épreuve (rouille hors sujet, Gia déprimée, aucune technique), mais grâce à MONSIEUR DIOP CHEF, Giacinta rate sa chips reconstitué à base de flocons de pomme de terre et fécule, et crée par accident une PUTAIN DE POMME SOUFFLEE DE OUF qui n'a rien à envier à un M.O.F.
L'avis du Jury : « une pomme de terre soufflée c'est culotté ! », « c'est appétissant », « on sent beaucoup la pomme de terre frite mais on sent pas la Provence », « y'a rien de provençal, je comprend pas l'appellation », « je comprends pas pourquoi la Provence », « c'est pas une bouchée dont on va se souvenir ».
-> GIACINTA QUALIFIÉE POUR L'ÉPISODE 10 en troisième choix du jury, sûrement sauvée par sa pomme soufflée. Quoi ? vous aviez pensé une seule seconde que Giacinta Diop Chef allait se faire éliminer ? Et pourquoi pas une destitution de Trump pendant que vous y êtes ? JEFF*
Son plat : cylindres de pomme de terre, crème de poireaux, haddock, chips

- Jeff est traiteur, il s'y connait en bouchées, il n'a jamais contrarié Giacinta, il va passer. Le tout malgré sa profonde déprime suite à la fermeture sanitaire du Festin d'Emmaüs.
- J'ai à la fois envie qu'il gagne car il est mon favori; tout en ayant envie qu'il perde pour faire les pieds à Etchebest.
- Remplit ses petites pommes de terre d'une embeurrée de poireaux, neige de haddock, très mignon, travail précis, propre.
L'avis du jury : « C'est très intéressant », « le mariage haddock et poireau est assez connu, je pense que ça va être très bon », « c'est gai, ça met en appétit », « propre, net, précis ». « moi j'aime bien », « c'est une bouchée efficace », « j'aurais voulu avoir plus de sensations dans une bouchée », « c'est extrêmement bien fait, mais trop classique »
-> JEFF QUALIFIÉ POUR L'ÉPISODE 10 en second choix du jury. FRANCK
Son plat : Fish and chips de haddock

- En réalité : cube de haddock, spaghetti de pommes de terres, mayonnaise citron basilic yuzu
- J'ai vraiment eu peur. Franck est le meilleur, mais les choses rationnelles et logiques n'existent plus dans cette saison et tout peut arriver sur une connerie.
- Franck enroule ses cubes de haddock enveloppés de basilic par des spaghettis de pomme de terre qu'il fait frire. Cela donne une petite pelote croustillante à l'apparence délicieuse.
- Exigeant, il trouve le haddock trop salé, il lui fait une passe de yuzu.
- TROP exigeant, à la seconde dégustation, il trouve cela encore trop salé, mets plus de citron et de vinaigre, et on passe littéralement à côté de la catastrophe.
L'avis du jury : « c'est très élégant, j'ai envie de croquer dedans », « c'est une petite bouchée qui suscite la curiosité », « ça arrache », « le citron est très présent », « ce trop d'acidité l'emporte un peu sur le plaisir du fish and chips », « ce croustillant est un bonheur, ça éclate dans la bouche », « le défi a été relevé ».
-> FRANCK QUALIFIE POUR L'EPISODE 10 en coup de cœur du jury. ALEXIS
Son plat : pomme de terre glacée, pomme de terre grenaille frite, purée, couteaux, chips.

- Fait un démarrage à la Alexis et met une heure à se lancer.

- Evide sa pomme de terre fondante, met la grenaille, la remplit de purée.
- Cela fait une jolie structure, mais constituée de pomme de terre - pomme de terre - pomme de terre et citron confit.
L'avis du jury ! « une belle architecture », « en peu de place il dit beaucoup de choses », « le couteau annoncé est minimaliste », « j'ai peur d'un déséquilibre », « ça manque de patate », « c'est plat », « l'architecture de la bouchée ne se retrouve pas dans l'architecture des gouts », « honorable », « ça reste bon ».
-> ALEXIS ÉLIMINÉ DE TOP CHEF ! Après avoir échappé de nombreuses fois au couperet grâce à son talent naturel, Alexis est éliminé de Top Chef !
En regardant les réseaux sociaux, on a l'impression que ce candidat a peu collecté de fanbase. Il restera de lui un sentiment diffus de ne s'être jamais lancé à corps perdu dans la compétition, de ne jamais avoir été mort de faim, ou d'être là un peu par obligation.
On se souviendra néanmoins de son palais extraordinaire, égal à celui de Franck ou Guillaume dans la compétition, et de ses signatures parfois trop redondantes - le citron vert, le maïs et autres marqueurs gustatifs chers à son Mexique seminatal.
C'est un candidat chez qui on ira manger volontiers, quand la guerre sera finie.
Quand la malédiction aura pris fin.
Quand des chefs méritants cesseront de disparaitre.
Quand la malédiction de Diop Chef, sourde et vibrante, cessera de hanter les cuisines de la compétition.

À la semaine prochaine pour un nouvel épisode ! LES QUALIFIÉS - MON TOP PERSONNEL :
FRANCK PELUX 18/20 (=)
JÉRÉMIE IZARN* 17/20 (=)
JEFF BURY* 16/20 (redux)
JULIEN WAUTHIER 16/20 ( =)
GIACINTA TRIVERO 7/20 (+2)

Les deux candidats portant une astérisque sont mes favoris depuis l'épisode 1.

Pour prolonger le plaisir, dilatez-vous les membranes avec le débrief du dernier épisode dans le dernier épisode de « Spoiler Arrière » Top Chef Édition, le podcast d'Henry Michel.