Je fais le meilleur métier du monde : je suis œnologue globe-trotter
Photo : Pierre Berthuel-Bonnes

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Je fais le meilleur métier du monde : je suis œnologue globe-trotter

Pour le commun des mortels, voyager permet d’enrichir sa vision du monde ; pour moi, voyager me permet d’enrichir mon palais et la palette de mes émotions.

Je m'appelle Irini et je fais un métier extraordinaire : je suis œnologue globe-trotter. En gros, ça veut dire que j'apprends à pratiquer mon métier en allant rencontrer les gens qui font le vin dans le monde entier. La vie est trop courte pour boire du vin de merde, pas vrai ?

J'ai grandi dans un petit village grec du golfe de Corinthe avec vue sur la mer, au milieu d'une belle nature. Après le bac, je me suis lancée assez naturellement dans des études d'agriculture et d'œnologie. La viticulture, elle, est arrivée par curiosité un peu plus tard, dans le cadre d'un sujet pour mon mémoire de fin d'études.

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Apres une année passée à travailler comme agronome, je me suis lancée à temps plein dans l'œnologie. Ce choix relève plus de la passion que du romantique – d'ailleurs, j'ai beaucoup de chance de faire un travail qui soit aussi ma passion.

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En septembre 2014, J'ai pris un billet pour le Portugal et je suis allée toquer à la porte d'un petit producteur portugais dans la vallée du Douro. Ce fut ma première expérience dans l'industrie du vin. Ce furent mes premiers pas en tant que œnologue globe trotter. J'ai découvert de nouveaux arômes, de nouvelles façons de travailler le vin, des usages différents et surtout, j'ai découvert que les vins reflétaient une culture, un mode de vie, des habitudes de tous les jours propres au pays, aux régions dans lesquelles ils sont réalisés.

Dans les cours d'œnologie, on apprend la base du « comment faire du vin » puis petit à petit, en sortant des sentiers battus, on apprend les techniques propres à chaque domaine ou à chaque viticulteur – on apprend à traduire et comprendre ce qu'un domaine veut mettre en bouteille, à connaître les qualités et les défauts des traits de caractères d'un vin. On parle de vins friands, frais, nerveux, vifs, racés ou bien encore austères, agressifs, verts… on qualifie aussi le corps du vin – on dit qu'il est rond, loyal, suave, dépouillé ou même bouchonné. On apprend comment arriver à parler au vin et lui faire dire de belles choses et tout ça à partir de l'étude d'un verre. Pour le commun des mortels, voyager permet d'enrichir sa vision du monde ; pour moi, voyager me permet d'enrichir mon palais et la palette de mes émotions.

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Après avoir parcouru le Portugal, la Nouvelle Zélande, la Californie, l'Angleterre, la France et la Grèce, une nouvelle expérience s'est offerte à moi : l'Espagne. Ou plutôt : la Catalogne. En Angleterre, j'ai ouvert une nouvelle page dans mon carnet des goûts, celle du sparkling wine (le vin mousseux). C'est suite à ça que j'ai voulu faire un crochet par la Catalogne et goûter les saveurs du vin à bulles local, le cava.

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À quelques kilomètres de Barcelone dans le village de Sant Sadurni, se trouvent les caves de Codorniu, qui figurent parmi les caves les plus anciennes de Catalogne. À peine arrivée à Barcelone, j'ai chopé un train pour aller passer une journée de dégustation. La descente dans les caves de Codorniu est à la fois excitante et mystérieuse.

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Le cava que l'on a ouvert ce jour-là pour la dégustation était un peu décevant. Mais le petit topo sur l'histoire familiale des caves et sur ses méthodes d'assemblage, lui, était grandiose : il s'agit ici de mélanger des vins « tranquilles » de différents cépages, de différents terroirs et souvent de différentes années.

Mais je ne pouvais pas rester sur cette faim, direction une petite cave familiale au centre du village : chez Maria Rigol Ordi. Ici, la production est très petite et la cave s'agrandit tous les ans un peu plus. Leur méthode est plutôt artisanale. C'est encore la grand-mère qui décide de tout et applique la recette familiale. La façon dont ils s'organisent, leur envie de produire leur cava est touchante et j'avoue trouver le sommelier plutôt pas mal.

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La complexité des arômes et la palette des goûts de leur vin est surprenante : je reconnais le caractère espagnol (complexe, aromatique mais délicat). Le nectar est rond, riche, frais , épanoui, nerveux, légèrement capiteux et pas mousseux comme du vin mousseux mais plutôt fin comme un champagne.

En fin de journée, les vapeurs d'alcool m'ont bien touchée. Je prends mon carton de cava que j'emmènerai avec moi jusqu'à ma prochaine destination : l'Italie.

J'enchainerais ensuite sur l'Afrique du sud et plus tard l'Australie, où j' embaucherai pour quelques mois et ferai, je l'espère, usage de mon expérience acquise sur ma route des vins.

To be continued…

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Photos et propos recueillis par Pierre Berthuel-Bonnes.