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Cela dit, je ne suis pas un cas isolé : beaucoup de femmes évoluent dans le monde du whisky, à l'instar de Georgie Bell, l'ambassadrice de Bacardi, et de nombreuses femmes qui sont aujourd'hui derrière certaines des maisons les plus reconnues, comme Bowmore en Écosse ou Mackmyra en Suède. Autrefois, au temps des distillations illégales en Écosse, c'étaient même les femmes qui faisaient le whisky !Auparavant, cet alcool me répugnait. J'avais eu l'occasion de goûter des trucs que tout le monde boit en soirée mais je détestais ça. Pour moi, il était absolument inconcevable que le whisky devienne un jour ma passion ni même mon gagne-pain. Plus jeune, je faisais beaucoup d'équitation, j'avais même mon cheval. J'y ai progressivement renoncé lorsque j'ai quitté Pau pour poursuivre mes études à Bordeaux. Là, j'ai obtenu une licence de chinois. J'avais vaguement l'idée de travailler ensuite dans le business du vin où les Chinois sont très présents. Mon choix n'était pas complètement arrêté, je me cherchais un peu. Après ce voyage en Écosse, tout est devenu plus clair. J'ai réorienté mon projet professionnel autour du whisky – à la grande surprise de ma famille ! Et puis je suis débarquée à Toulouse pour suivre un Master en management « Tourisme et Hôtellerie », que j'ai obtenu en juin 2015.LIRE AUSSI : Une île dont tout le monde se branle fabrique le meilleur whisky du monde
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Ce qui m'intéresse dans l'univers de whisky, c'est ce qu'il y a derrière le produit : les hommes, les techniques, le savoir-faire multiséculaire… Au point que je considère une bouteille de whisky comme un véritable objet d'art. Après mon Master, j'ai été embauchée chez un distributeur de whisky à Bordeaux. Je m'occupais du marketing digital, mon autre dada. Mais je ne m'épanouissais pas. J'en suis partie avec l'envie de créer ma propre entreprise. Aujourd'hui, mes activités se partagent entre mon blog, des missions de consulting pour les distilleries et un rôle de commissaire-priseur lors des ventes aux enchères de whiskies sur la plateforme néerlandaise Catawiki, où l'on ne trouve que des biens d'exception.Ce qui m'intéresse dans l'univers de whisky, c'est ce qu'il y a derrière le produit : les hommes, les techniques, le savoir-faire multiséculaire.
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Je me suis mise à m'intéresser au monde du whisky il y a cinq ans environ et je ne me considère pas encore comme une experte – en face, certains spécialistes ont jusqu'à vingt ans de pratique. Je me qualifierai plutôt d'amatrice éclairée : depuis cinq ans, je déguste, je teste du whisky tous les jours. Tous les jours, je reçois des échantillons du monde entier. Le nez est très important dans la dégustation, il faut parvenir à se créer une banque d'arômes. Il m'arrive bien sûr encore d'acheter une bouteille de whisky, le plus souvent lorsque la curiosité me pique, quand je ne connais pas la distillerie. Ou, au contraire, quand je suis déjà familière avec la distillerie ou la marque et qu'en plus, je succombe au packaging. Je peux aimer le single malt comme le blend. J'ai, par contre, un peu de mal avec toute la « hype » autour du whisky japonais. Celui-ci est susceptible d'atteindre des prix énormes pour les meilleurs flacons, juste parce qu'il reçoit une critique positive dans une revue spécialisée. Ailleurs, pour 50 € la bouteille, et même moins, il est possible de trouver un whisky de très grande qualité.J'ai un peu de mal avec toute la « hype » autour du whisky japonais.
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Sur l'île d'Islay, en Écosse, on compte 3 000 habitants pour huit distilleries en activité. On y produit en majorité un whisky tourbé/fumé. À Islay, la distillerie de Port Ellen a fermé au début des années quatre-vingt. On trouve encore sur le marché des bouteilles de Port Ellen et elles sont aujourd'hui particulièrement recherchées par les collectionneurs et les investisseurs. Aux enchères, une bouteille exceptionnelle peut même atteindre les 150 000 dollars. Dernièrement, les prix records atteints aux enchères ont été réalisés sur des bouteilles de Karuizawa (distillerie fermée japonaise), Pappy Van Winkle (whiskey américain) ou encore Macallan (distillerie écossaise du Speyside encore en activité).Aux enchères, une bouteille exceptionnelle peut même atteindre les 150 000 dollars.
En fait, je me rends compte que le jour où j'ai découvert le whisky, j'ai eu beaucoup de chance. Je suis tombé sur un Auchentoshan, triplement distillé en Écosse… et je sais aujourd'hui que ses expressions sont très faciles d'accès. En effet, plus on distille un spiritueux, plus le distillat est fort à la sortie de l'alambic et donc plus son profil aromatique est léger. En outre, le whisky que j'ai goûté, le Springwood d'Auchentoshan, est très floral, typique des Lowlands, les basses terres écossaises. Je me demande encore aujourd'hui si avec un autre whisky, j'aurais été séduite pareil… Quoiqu'il en soit, c'est lui qui m'a fait plongé dedans et ce, pour encore un bon bout de temps.Propos rapportés par Philippe Kallenbrunn.Anne-Sophie Bigot aurait pu devenir cavalière ou prof de chinois mais c'est finalement dans la marmite du whisky qu'elle est tombée, presque par hasard. À 26 ans, elle a acquis une expertise de tout premier ordre et est devenue une figure pour les amateurs de whisky. Depuis 5 ans, elle parle, vit et boit whisky sur son blog : The Whisky Lady.LIRE AUSSI : La femme qui avait osé mettre du riz dans son whisky