Dans le café bruxellois où l'horloge s'arrête de tourner

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Dans le café bruxellois où l'horloge s'arrête de tourner

Depuis 1927, Le Laboureur a su garder tous les ingrédients du bistrot populaire bruxellois : un décor d’époque, un taulier et des habitués aux couleurs locales.
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Au comptoir du Laboureur, Jeroen se tient prêt à servir les clients. Toutes les photos sont de l'auteur.

Si vous vous retrouvez un jour dans le centre de Bruxelles à la recherche d'un bon casse-dalle, ne cherchez plus : tracez directement à l'angle de la rue de Flandres et de la rue Léon Lepage. Là-bas, vous tomberez sur un café Bruxellois que tout les habitants du quartier connaissent ; un troquet tellement dans le jus que l'on dirait qu'il a toujours existé.

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De plus près, le légendaire comptoir et ses icônes : plaques de bières et photos argentiques du passé.

Car depuis qu'il a servi ses premiers godets en 1927, ici, il n'y a bien qu'une seule chose à avoir changé : ses propriétaires. Pour le reste, Le Laboureur a su garder tous les ingrédients qui en font le meilleur des bistrots de quartier : des tables, des chaises et un comptoir d'époque, des habitués et un patron aux couleurs locales.

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Francis, en veste bleu et son ami viennent souvent ici pour boire leur verre, ils sont ami du patron.

Tant qu'il fait beau, on peut venir se mettre en terrasse et boire sa 33 de Jupiler avec de bonnes croquettes de crevettes, la spécialité de la ville. C'est la proximité avec les étales des vendeurs du Marché au Poisson de la Place Sainte-Catherine, toute proche, qui les rend ici aussi bonnes.

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Les nuggets de poulet pané maison, avec sa salade de jeune mâche fraîche.

D'ailleurs ici, tout est fait maison par Dimitri, le cuisinier.

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Ici, c'est Dimitri le cuistot – et personne d'autre !

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Et il ne cuisine pas seulement des spécialités locales, Dimitri : sur la carte, on trouve aussi des plats plus exotiques comme le porc Tonkatsu et sa salade de chou chinois au gingembre confit, des nuggets américains et même des calamars frits.

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Jeff, un patron au caractère bien Brusseleir.

Dimitri cuisine depuis qu'il est tout petit, il a pris goût grâce à sa mère et depuis, il ne connaît que ça, faire des bonnes choses. Dans les cuisines du Laboureur, il est un peu chez lui : c'est un ami de famille du taulier.

Le taulier, c'est Jeff. Ça fait plus de 30 ans qu'il bosse dans cet endroit qui est un peu devenu comme sa deuxième maison.

Avant lui, tout le monde savait que c'était Thérèse, sa mère, qui tenait les murs – mais depuis la mort de celle-ci il y a un an, il est seul aux commandes.

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À gauche, une photo de Thérèse, l'ancienne tenancière du Laboureur et mère de Jeff.

Une sacrée femme de caractère, la mère Thérèse. La légende dit qu'elle pouvait balancer un cendar sur le sol pour calmer les joueurs de carte un peu trop alcoolisés – voire un plateau en fer, et tout ça pour leur montrer qui était le patron. Fallait pas la faire chier en gros. « Une fois, elle m'a giflé sans aucune raison et m'a dit simplement que c'était ''pour la prochaine connerie que je ferais''. » : c'est un serveur qui bosse ici qui s'est souvenu de ça avec émotion.

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À droite : Bjarke est un habitant du quartier, il vient presque tous les jours et est le gérant du bar à Huitre du Noordzee à Sainte Catherine.

Les serveurs, en plus de maîtriser l'art de la blague local, incarnent l'esprit Bruxellois du lieu : ils connaissent l'endroit comme personne et ne cachent pas leur accent ni leurs origines. Ils s'appellent Frank ou Jeroen et comme tout le monde ici, ils se connaissent depuis tout petit.

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En pleine belote, on retrouve Jacques en veste bleue, Malou, à sa droite, Gilbert, de dos et puis Julie, en chemise à carreaux. Un match serré, à en croire les verres vides et les points.

En cas de pluie, rien ne vous empêche d'aller à l'intérieur et de taper une petite partie de belote avec les habitués. Dans la salle, un décor fait de plaques de bières belges – comme la Stouterik, par exemple, qui veut dire « imbécile » en Bruxellois – ou de statue de serveur datant de l'époque coloniale et du Congo belge.

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Et par tout temps, vous entendrez toujours un peu de Brusseleir résonner à l'apéro. Ici, on parle le fameux parler bruxellois comme on commande sa tournée : à toutes les heures. Aussi, assurez-vous de maîtriser les basiques si vous voulez réussir à suivre les habitués. Pourquoi ? Tout simplement parce que ça « babele à fond le Brusseleir par ici, non teujeu ! »

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Jérôme est aussi un habitué : un petit verre de rouge pour changer de la bière et une petite lecture pour les actualités.

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À gauche, les légendaires croquettes aux crevettes et à droite une variante de la croquette au fromage, au vieux Bruges, un fromage Belge. Gilbert, un habitué, fait une pause et en profite pour fumer une clope et prendre l'air.