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Défonce au CO² : les fruits et les légumes au bord de l'overdose

C'est (un peu) la fin des haricots. Le dioxyde de carbone que nous émettons en trop grande quantité dans l'atmosphère pourrait modifier les qualités nutritives de notre alimentation.

Les plantes ont besoin de gaz carbonique pour vivre. Ça tombe bien parce que nous autres êtres humains avons besoin de l'oxygène produit par leur photosynthèse pour respirer. Mais les plantes ne font pas que nous fournir en bon air à respirer. La plupart d'entre elles nous nourrissent également.

Dans un monde parfait, nos émissions de CO2 seraient une aubaine pour les plantes. Elles pousseraient plus vite et plus fort et nous débarrasseraient du gaz à effet de serre que nous émettons. Plot twist : on ne vit pas dans un monde idéal et les plantes sont en train de faire une overdose de dioxyde de carbone. Ce qui risque d'avoir des conséquences dramatiques sur les fruits et légumes qui nous nourrissent.

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C'est ce qu'explique un nouveau rapport de l'USGCRP, un programme de recherches américain sur le changement climatique. Trop exposée au gaz carbonique, la chair d'un fruit pourrait perdre ses qualités nutritives. Le texte affirme « avec une marge possible d'erreur minime » que la valeur nutritionnelle de cultures essentielles pour l'alimentation mondiale telles que celles du riz et du blé va « diminuer à mesure que le niveau de dioxyde de carbone augmentera dans l'atmosphère car le dioxyde de carbone appauvrit les plantes en protéines et en minéraux essentiels. »

Lewis Ziska est physio-botaniste à l'USDA et a co-écrit un chapitre de ce rapport concernant le CO2. « Le CO2 est la source de carbone nécessaire à la photosynthèse. Son taux augmente de plus en plus dans l'atmosphère, » a-t-il expliqué à MUNCHIES. « L'atmosphère devenant beaucoup plus riche en carbone, l'équilibre entre cet élément, les autres nutriments et les protéines est bouleversé. »

Pour faire simple, il est fort probable que les plantes deviennent plus riches en sucres lents et perdent leurs autres nutriments importants. Pour Irakli Loladze, professeur associé au Bryan College of Health Sciences et co-auteur du rapport de l'USGCRP, les conséquences de ce changement sur notre alimentation devraient nous alerter.

« Un fort taux de CO2 augmente la concentration en amidon et en glucose dans des plantes comme le blé, le riz, les pommes de terre et la plupart des autres fruits et légumes, » souligne-t-il. « Mais les niveaux d'autres nutriments essentiels comme le calcium, le magnésium ou le zinc diminuent. Plus il y a de CO2 dans l'atmosphère et plus les plantes sont riches en sucres et pauvres en minéraux et en protéines. »

Loladze souligne un autre point. « Il est vrai que l'augmentation en CO2 a tendance à augmenter le rendement des terres cultivées, mais le produit de ces cultures est moins riche en minéraux essentiels. La quantité remplace la qualité et ce n'est pas une bonne affaire. Les pays riches ont déjà des problèmes de malbouffe : ils mangent trop d'une nourriture pauvre en nutriments. »

On est donc mal barré. Loladze a une formule qui fait froid dans le dos. « C'est comme si l'on allait passer notre vie à saupoudrer de l'amidon et du sucre sur nos fruits et légumes. » Appétissant.