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Comment l'industrie de la viande vous fait oublier l'animal derrière le plat

Vous ne faites plus le lien entre un burger et une vache ? Les géants de l'agro-alimentaire font tout pour que ce déni de la réalité dure encore longtemps.
Hilary Pollack
Los Angeles, US

Quand vous vous jetez sur des pilons sauce barbecue ou un cheeseburger bien gras, vous ne pensez pas systématiquement aux poulets et aux vaches qui ont rendu possible ce festin. Au grand désarroi des activistes qui prennent leur défense partout dans le monde et aimeraient que vous soyez un poil plus concerné par le bien-être animal.

Une nouvelle étude va donner du grain à moudre aux associations – comme la PETA – qui tentent de sauver l'âme des mangeurs de barbaque en les orientant vers le véganisme et le végétarianisme. Elle confirme ce qu'elles craignaient : l'industrie de la viande espère exploiter encore longtemps l'absence d'association entre ce que nous mangeons et les poulets, porcs et bœufs qu'on abat pour ce faire.

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Des observations, menées par l'Université d'Oslo et publiées dans Appetite, montrent que les individus du genre humain ont plus tendance à manger de la viande quand elle est transformée et emballée de façon à se distancier de ses origines animales. Pour les besoins de l'étude, des participants ont été exposés à un poulet entier, des pilons et des filets de poulet hachés. On leur a ensuite demandé quel était le niveau d'empathie ressenti pour l'animal – en fonction de ce qu'ils voyaient. L'expérience a été répétée avec deux porcs rôtis présentés en entier, un avec la tête, l'autre sans. Sans surprise, les personnes interrogées ont montré moins d'empathie pour le poulet découpé et le porc sans tête que pour le reste.

« La manière dont l'industrie agro alimentaire présente la viande influence notre volonté de la manger, souligne Jonas R. Kunst, un des auteurs de l'étude, dans un communiqué. Quand elle est hautement transformée, on oublie plus facilement qu'elle vient d'un animal. »

Les consommateurs admettent difficilement que les steaks et les saucisses viennent d'animaux mignons de la ferme.

Le packaging et la publicité jouent aussi un rôle. Les participants ont été confrontés à deux publicités pour des côtelettes d'agneau. Devant celle composée d'une image de l'animal, certains ont déclaré qu'ils ne mangeraient pas cette viande. Même les mots « bœuf » et « porc » ont tendance à complexifier notre relation avec la barbaque – les participants ont exprimé moins envie de manger de la viande quand elle était décrite comme provenant d'une « vache » ou d'un « cochon ».

Cette « suspension de l'incrédulité » a été baptisée « hypothèse de dissociation » par les chercheurs qui ont observé le phénomène. L'étude d'Oslo est la première à la soumettre à une série de tests et elle semble se vérifier. Les consommateurs admettent difficilement que les steaks et les saucisses viennent d'animaux mignons de la ferme.

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Les auteurs de l'étude suggèrent que les recherches pourraient aider les gouvernements à limiter la consommation de viande. Ils ont aussi pris note de l'attitude de Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, qui a décidé de tuer chaque animal qu'il mangeait pendant un an pour mieux comprendre son rôle dans la chaîne alimentaire.

C'est un moyen comme un autre de se confronter au carnivore qui sommeille en nous. Par contre, devenir carnivore éthique, ce n'est clairement pas à la portée de tout le monde donc posez tout de suite cette hache.