Célébrons ensemble la naissance du premier « chicken finger » in vitro
Photos courtesy of Memphis Meats

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Célébrons ensemble la naissance du premier « chicken finger » in vitro

Surprise ! Cet appétissant bâtonnet pané qui nage dans sa sauce à l’orange ne vient pas d’un poulet mais de cellules cultivées par des scientifiques.

Memphis Meats, startup installée dans la Bay Area,a présenté mercredi 15 mars un échantillon de sa viande de poulet « propre ». Une première mondiale puisque le terme ne désigne pas un morceau de volaille qui aurait été rigoureusement nettoyé.

Le truc avec cette viande « propre », qui a été dévoilée à la presse en grande pompe, c'est qu'elle est directement issue de cellules autoreproductrices. Il n'y a pas eu besoin de nourrir, élever ou massacrer des poulets pour l'obtenir. C'est ce qu'on appelle aussi la viande « cultivée » ou « in vitro ». David Kay, analyste commercial chez Memphis Meats, répond à MUNCHIES : « On était très excité à l'idée de révéler ces produits au monde. On a travaillé sur les bâtonnets de poulet panés pendant plusieurs mois. Le plat qu'on avait préparé était inspiré par le canard à l'orange. C'était vraiment délicieux. »

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Au niveau du futur catalogue de Memphis Meats, Kay est resté vague: « On bosse sur différents produits à base de volaille. La plupart ne seront pas tout de suite dévoilés publiquement, mais je peux dire qu'on va essayer de débarquer sur le marché avec des produits qui rappellent les plats américains de base. »

Duck à l'orange. Courtesy of Memphis Meats.

C'est la même entreprise qui avait annoncé l'année dernière le lancement de la production d'une boulette de viande « propre » à partir de cellules bovines. Rappelez-vous, l'initiative avait pas mal fait parler puisque la rumeur voulait que les boulettes soient vendues 1 000 balles pièces. Kay précise que le prix de la viande « propre » est probablement le plus gros défi de l'entreprise.

« On a observé des progrès significatifs à ce sujet ces derniers mois et années, donc on est plutôt optimiste. Quand on sera sur le marché, on va probablement être vendu à un prix premium, mais au fur et à mesure de la production, on pourra affiner pour essayer d'être compétitif avec la volaille plus conventionnelle. »

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La société Memphis Meats a été fondée par trois scientifiques – Uma Valeti, Nicholas Genovese et Will Clem – qui ont déjà réuni plus de 3 millions de dollars de financement. Le premier hamburger réalisé en laboratoire avait été dévoilé le 5 août 2013, grâce au travail de scientifiques de l'université de Maastricht au Pays-Bas qui ont prélevé des cellules-souches sur une vache, les ont cultivées sur du muscle et ont fait un burger avec le bœuf obtenu.

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Southern fried chicken. Courtesy of Memphis Meats.

Memphis Meats a confié à MUNCHIES que la technologie développée par l'entreprise permettait d'ajuster le goût, la texture ainsi que le profil nutritif de la viande. Les blancs de poulet élaborés en laboratoire sont aussi un bon moyen de contourner « les problèmes environnementaux, ceux liés au bien-être animal ou à la santé humaine » qu'on associe généralement avec l'élevage traditionnel. Le poulet « propre » est cultivé « humainement » dans des réservoirs de bioréacteur en acier inoxydable. Et sa culture ne nécessite ni grain, ni eau, ni déchets.

Comme les problèmes associés avec la production de viande sont internationaux, Kay ajoute que la mission de Memphis Meat est donc internationale : « Je ne peux pas trop entrer dans les détails, notamment parce qu'il y a des discussions encore en cours, mais la mission sociale et économique de la production de viande moderne n'est pas l'apanage des États-Unis. On aimerait avoir une présence globale et pas uniquement à l'intérieur de nos frontières. Par contre, je ne peux pas encore vous dire comment. »

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Quand on demande pourquoi les entreprises spécialisées dans la technologie alimentaire et la création de viande en laboratoire se sont d'abord concentrées sur la production de bœuf – alors que le poulet est la protéine la plus populaire aux États-Unis – Kay répond : « Je sais qu'il y a certains obstacles technologiques qu'on peut aujourd'hui dépasser. C'est ça qui est excitant. Mais je ne peux pas parler à la place des autres start-up et vous dire pourquoi ça n'a pas été fait avant. On est plutôt content d'être les leaders de ce mouvement. »

Ne vous excitez pas trop non plus. Memphis Meats dit que vous ne serez pas en mesure de bouffer du poulet in vitro avant 2021, au plus tôt. Le problème réside dans le coût de la production : « L'objectif, c'est vraiment d'être moins cher que la viande produite de manière conventionnelle », ajoute Kay. « Mais ce ne sera pas possible avant 2021. On a besoin de quelques années encore. »

Quand MUNCHIES demande à Kay si Memphis Meats va arroser en priorité des marchés ou des restaurants – comme Impossible Foods avec le burger – il répond : « Ce sont des choses qui sont encore l'objet de discussions. Il y a différentes options à considérer, donc ça va dépendre de plusieurs paramètres, je ne peux pas vous en dire plus. »

Bref, armez-vous de patience parce qu'il va s'en passer des choses avant de pouvoir goûter ce fameux poulet élevé en laboratoire.