VICE FRCA - MUNCHIESRSS feed for https://www.vice.com/fr/topic/munchieshttps://www.vice.com/fr%2Ftopic%2FmunchiesfrTue, 13 Sep 2022 07:46:12 GMT<![CDATA[On a testé les sushis goût pizza et c'était loin d'être dégueu]]>https://www.vice.com/fr/article/v7vvz8/on-a-teste-les-sushis-gout-pizza-et-cetait-loin-detre-degueuTue, 13 Sep 2022 07:46:12 GMTÀ quelques kilomètres de Florence, Pistoia est une ville médiévale italienne relativement peu connue, où vivent quelque 90 000 habitants. Me considérant moi-même comme un obsédé de la bouffe, j’ai toujours trouvé son offre culinaire légèrement décevante, surtout lorsqu’il s’agit du rapport qualité-prix. L’exception la plus intéressante reste à mes yeux La Fenice, un établissement historique repris par le pizzaïolo Manuel Maiorano il y a environ trois ans.

Maiorano a décidé de rafraîchir la carte avec des plats innovants et contemporains, tout en conservant un large choix de pizzas classiques. Vouant une véritable passion à l’art de la pâte, Manuel aime autant faire des pizzas napolitaines à pâte épaisse que des pizzas romaines à pâte fine et croustillante. Mais il y a un article sur le menu qui a piqué mon intérêt : la pizza fusion uramaki qu’on pourrait vulgairement traduire par des sushis à base de pizza.

« Hein ? Quoi ?! Comment est-ce possible ? », vous demanderez-vous peut-être. « Comment peut-on même avoir une idée pareille ? ». Eh bien, comme beaucoup d’autres combinaisons alimentaires extrêmement douteuses (mais étrangement satisfaisantes), le plat est né pendant le confinement, lorsque le restaurant a dû fermer ses portes et vivre des commandes à emporter.

Pizza sushi pistoia.jpg
Photo d'Umberto Santos​ avec l'aimable autorisation de La Fenice

En observant d’un peu plus près le marché de la livraison, Maiorano a remarqué que les deux commandes les plus populaires étaient la pizza et les sushis. Il a donc tout naturellement décidé d’essayer de combiner les deux. « Je voulais mettre au point un plat fusion qui pourrait être mangé froid et procurer une sensation différente aux clients », explique-t-il. « Lorsque vous commandez une pizza et que vous l’emportez chez vous dans une boîte en carton, elle n’a déjà plus la même qualité que celle que vous appréciez au restaurant. Ce n’est pas le cas avec les sushis. J’ai donc pensé à étudier les différents éléments qui composaient les sushis afin de les appliquer à la pizza. »

« J’ai essentiellement utilisé des produits italiens, mais je les ai disposés de manière à ce que ça ressemble à des sushis. » - Manuel Maiorano, pizzaïolo

Le principal défi consistait à remplacer l’uruchimai (le fameux riz à sushi) par de la pâte, sans que cela fasse directement regretter l’original. Maiorano a donc opté pour une focaccia cuite à la vapeur, une méthode de cuisson qui permet à la pâte de rester croustillante même lorsqu’elle est froide. « Pour ce qui est des garnitures, j’ai essentiellement utilisé des produits italiens, mais je les ai disposés de manière à ce que ça ressemble à des sushis », poursuit-il. Bien que le plat contient beaucoup de produits locaux, certains ingrédients sont également empruntés à la cuisine japonaise.

la fenice pistoia.jpg
Sashimi de thon mariné dans de la sauce soja, algue wakame, sésame, mayo ciboulette et pistache. Photo de l'auteur.

Pour l’instant, il y a quatre options sushis pizza au menu : « Rosso di Sera » (Rouge le soir) avec sashimi de saumon, fromage Philadelphia, amandes grillées, guacamole et poudre de citron ; « Marco Polo », avec sashimi de thon mariné à la sauce soja, algues wakame, sésame, mayo ciboulette et pistache ; « Radici » (Racines), avec tartare de bœuf, oignons crispy, fondue de pecorino, sauce teriyaki et sriracha ; et « Ebi », avec tempura de crevettes, sauce aigre-douce, stracciatella épicée et salade de maïs.

Pour Maiorano, l’objectif n’a jamais été d’essayer de reproduire le goût des sushis, mais plutôt de développer un plat qui aurait sa saveur propre. « On obtient un produit qui peut être dégusté avec un cocktail ou une coupe de pétillant, et qui offre un résultat gustatif surprenant », me dit-il.

sushi-pizza-tonno.jpg
​Photo d'Umberto Santos​ avec l'aimable autorisation de La Fenice

À côté de ça, c’est aussi un moyen pour les clients de « créer un sentiment de convivialité au début d’un repas, où l’on commente ce que l’on mange et où l’on partage des sensations », poursuit Maiorano. « Si vous commandez une pizza margarita, vous la mangez et vous avez directement terminé. Ici, il s’agit davantage d’un voyage. Vous recevez le premier plat, vous le goûtez et vous commencez à en discuter avec les autres convives. Ça donne tout de suite une dimension différente à la soirée ».

PIzza La Fenice Pizza contemporanea.jpg
PIZZA CUITE À LA VAPEUR AVEC FROMAGE STRACCIATELLA, P TE DE CREVETTES, SAFRAN ET TRUFFE NOIRE, UN AUTRE PLAT DU MENU DE LA FENICE. PHOTO DE L’AUTEUR
Pizza con gelato peperoni.jpg
PIZZA À LA VAPEUR AVEC FROMAGE BURRATA, ANCHOIS, SERVIE AVEC UNE GELÉE DE POIVRONS, UN AUTRE PLAT DU MENU. PHOTO AVEC L’AIMABLE AUTORISATION DE LA FENICE

Federico est sur Instagram

VICE France est sur TikTok, Twitter, Insta, Facebook et Flipboard.
VICE Belgique est sur Instagram et Facebook.

]]>
v7vvz8Federico Di VitaRedazione Munchies MunchiesPizze PazzeSushirestopizzeriaToscane
<![CDATA[Un cornet de glace à 70 balles, ça vous tente ?]]>https://www.vice.com/fr/article/xgd4aj/un-cornet-de-glace-a-70-balles-ca-vous-tenteThu, 07 Apr 2022 07:25:09 GMTSi vous passez un jour dans la petite ville de Ruvo di Puglia, au sud-est de l’Italie, vous risquez bien de vous régaler. Mais seulement si vous aimez le sucre et que votre portefeuille est bien rempli. C’est que le glacier familial Mokambo Gelateria a fait la Une des journaux grâce au « Scettro del Re » (« le sceptre du roi » en italien), un cornet de glace infusé au safran qui coûte, tenez-vous bien, la coquette somme de 70 euros.

Giuliana et Vincenzo Paparella gèrent la boutique avec leur oncle Franco. Il y a quelques années, les frères et sœurs sont tombés sur un vieux carnet ayant appartenu à l’oncle de leur grand-père, un entrepreneur nommé Luigi Marseglia. Ce cahier contenait les recettes qui constituent aujourd’hui la base de la carte du Mokambo.

gelateria Mokambo murgia.jpg
LE BERCEAU DU SCEPTRE DU ROI.

Né en 1889, Luigi Marseglia a grandi à Naples. Sa vie professionnelle a commencé au Gran Caffè Gambrinus, qui proposait glaces et pâtisseries. Vers l’âge de vingt ans, il part s’installer à Ruvo di Puglia pour suivre l’amour de sa vie, où il ouvre alors un hôtel, puis un bar, nommé d’après le café dans lequel il bossait dans sa ville natale. En 1912, Marseglia ouvre même une station-service pour les marchands ambulants qui venaient acheter des amandes, le principal produit d’exportation de la région.

progenitore mokambo.jpg
LUIGI MARSEGLIA – L’HOMME DERRIÈRE LE MOKAMBO.

Le neveu de Marseglia, Vincenzo Paparella Senior, a travaillé dans le café de son oncle jusqu’au moment où il a été appelé par l’armée. De retour à Ruvo après son service militaire, Vincenzo espérait y retrouver son ancien job, ignorant que Marseglia avait fermé boutique et pris sa retraite.

tazzina mokambo.jpg

Vincenzo Senior se débrouille comme il peut et passe les années suivantes au Caffe Italia, un établissement local. Probablement influencé par son oncle, il devient propriétaire et ouvre la première version de Mokambo en novembre 1967. Le nom, commun à tous les cafés et glaciers italiens, conduit certaines personnes à penser qu’il appartient à une chaîne. Mais ce n’est pas le cas : Vincenzo aime simplement la sonorité du mot.

mokambo manoscritto.jpg
VINCENZO PAPARELLA PRÉSENTE AVEC FIERTÉ UN SCAN DU CARNET DE RECETTES AYANT APPARTENU À LUIGI MARSEGLIA.

Après le décès de Vincenzo Paparella Senior en 1984 à l’âge de 51 ans, ses fils Antonio et Franco prennent les rênes de l’entreprise. Ils gèrent l’affaire ensemble pendant dix ans, jusqu’à ce que Franco décide de se lancer seul et d’ouvrir son propre restaurant. Le Mokambo version 1.0 fermera quatre ans plus tard. Il en faudra vingt de plus pour qu’il revienne à la vie. C’est la nostalgie qui aurait provoqué cette renaissance, en partie du moins. « Pendant des années, j’ai espéré retrouver le goût des glaces que je mangeais enfant, une glace noisette qui aurait vraiment le goût de la noisette », nous explique Giuliana Paparella, petite-fille de Vincenzo Paparella.

« Cette boutique existe pour satisfaire les connards, parce que seul un connard ferait autant d’histoires pour une glace » - Franco Paparella

En 2015, Giuliana suit des cours à la faculté de droit, tandis que son frère Vincenzo — nommé d’après son grand-père — travaille à Rome pour une boîte de consultant. Cherchant à changer de vie et à recréer ces saveurs d’antan, ils commencent à harceler leur père, Antonio. Alors que ce dernier ne manifeste aucun intérêt, leur oncle Franco caresse peu à peu l’idée de se relancer dans le business de la crème glacée. Il possède déjà l’équipement et même un petit local prometteur, prêt à être rénové.

cioccolato.jpg

Le Mokambo Gelateria nouvelle génération ouvre donc ses portes à l’été 2016, faisant entrer les recettes de Luigi Marseglia dans le 21e siècle. Cette boutique existe pour « satisfaire les connards, parce que seul un connard ferait autant d’histoires pour une glace ». Ça ne vient pas de nous, c’est Franco Paparella qui le dit.

fave di cacao mokambo.jpg
QUELQUES-UNES DES 36 SORTES DE FÈVES DE CACAO UTILISÉES QUOTIDIENNEMENT AU SALON.

Suivant les ordres de Franco, ils n’utilisent ici que des ingrédients naturels. Noisettes à trois feuilles, pistaches précieuses et 36 variétés différentes de fèves de cacao… Voilà quelques-uns des paramètres qui font que les cornets de Mokambo s’élèvent au-dessus du commun des glaces.

Ganvito e Mokambo.jpg
Lo zio Franco con l'autore

« Au début, on achetait notre chocolat », nous confie Franco Paparella. « Même si c’était le meilleur du marché, nous n’en étions pas satisfaits car il était fabriqué à base de beurre de cacao et nous voulions le produit pur. Alors en 2017, on a pris la décision de tout fabriquer sur place, et on a commencé à importer directement les fèves. »

zafferano.jpg
LE SAFRAN IRAKIEN QUI FAIT GRIMPER LE PRIX DE LA GLACE À 70 €.

Cet accent mis sur la qualité explique en partie pourquoi les prix du salon sont un peu plus élevés que ceux pratiqués ailleurs. « J’ai dû augmenter mes prix et supporter les geignements des gens simplement parce que le coût des ingrédients a augmenté », dit-il, affirmant qu’il ne gagne que 70 centimes sur un cornet de glace vendu 4 euros.

lavorazione gelato.jpg

« Ici, on offre une expérience totalement différente des glaciers classiques », explique Vincenzo Paparella. « Comme vous l’avez peut-être remarqué, on n’a pas d’enseigne tapageuse et on n’est pas situés dans un quartier branché. Ce qui nous intéresse, c’est de parvenir à séduire avec nos glaces, rien d’autre. »

mantecatura.jpg

Mais la proposition la plus originale du Mokambo reste le sceptre du roi, le cornet recouvert de safran qui est devenu le symbole de l’entreprise familiale. Importé de Mashhad, dans le nord-est de l’Irak, le safran coûte environ 55 € le gramme. La famille Paparella utilise la partie la plus précieuse de la plante, connue sous le nom de sargol.

Le sargol, qui signifie « sommet de la farine », est la partie la plus rouge d’un brin de safran, mais c’est aussi la plus chère. Ils en infusent ensuite le mélange d’œufs, de lait et de sucre qui constitue la base de leur crème glacée afin de recréer la recette conçue par leur ancêtre Luigi Marseglia.

foglia d'oro.jpg

Le sceptre final est une savante combinaison de crème, de beurre de pistache, de glace au safran, d’encore un peu plus de crème, de feuille d’or 24 carats et de caramel. Et il faut bien l’avouer, il ressemble vraiment à un sceptre. Sans parler de son effet en bouche, qui est absolument royal : une texture à la fois douce, légère et onctueuse, avec un arôme délicatement parfumé et une saveur enivrante. Ce que raconte ce cornet de luxe, c’est la détermination d’une famille à maintenir le passé vivant, quel qu’en soit le prix.

cono 70 euro puglia.jpg
cono 70 euro assaggio.jpg
Gianvito Fanelli.jpg

« L’idée [de la crème glacée] nous est venue en 2017, et on l’a lancée en août 2018 », ajoute Giuliana. « Mais on ne se contente pas de vous vendre un simple cornet : on vous kidnappe pour vous faire vivre une véritable expérience d’une heure et demie. »

Gianvito Fanelli est sur Instagram

VICE France est sur Twitter, Instagram, Facebook et sur Flipboard.
VICE Belgique est sur Instagram et Facebook.

]]>
xgd4ajGianvito Fanelli Redazione MunchiesGiuliana Massaro MunchiesWTFrestoglaceitaliepouillesSafrancrème glacéecornet
<![CDATA[Le changement climatique a également un impact sur le champagne]]>https://www.vice.com/fr/article/939bx7/le-changement-climatique-a-egalement-un-impact-sur-le-champagneWed, 22 Dec 2021 08:57:38 GMTRien ne vaut une bonne bouteille de vin pétillant pour célébrer les fêtes de fin d’année. Crémant, Cava, Spumante, Franciacorta… On en trouve de nombreuses versions dans différents pays européens. Mais rien ne peut rivaliser avec le plus célèbre d’entre tous : le champagne français, considéré par les puristes comme absolument irremplaçable.

Malheureusement, les cépages champenois ne sont pas à l'abri des grands changements qui affectent notre planète. L'impact du réchauffement climatique sur la Champagne viticole présente deux aspects. D’un côté, les étés plus chauds et les nuits plus fraîches ont en fait donné un meilleur goût au champagne produit ces dernières années. D'un autre côté, toutes les maisons savent que la situation pourrait bientôt s’accélérer.

« Ceux qui disent qu'il n'y a pas de changement climatique sont des menteurs », affirme Alexandre Chartogne, de la maison Chartogne-Taillet, qui a remarqué que les raisins mûrissent désormais beaucoup plus tôt qu'auparavant.

lermandier champagne.jpg
Des bouteilles de champagne de la maison Lermandier-Bernier. Photo de l'auteure.

Une observation confirmée par son concurrent, Arthur Lermandier de la maison Lermandier-Bernier, qui dit avoir dû réorganiser en conséquence ses traditionnelles vacances familiales du mois d’août. « Ce n'est pas un problème pour autant, les vendanges sont passionnantes, dit-il. Pour les gens comme nous qui font du vin de manière traditionnelle, c'est une bénédiction en ce moment. Ce ne sera plus le cas dans dix ans, évidemment. »

Plus de 16 100 viticulteurs cultivent leur récolte dans de petites parcelles qui jonchent la région du Grand Est. Quiconque s'y est rendu sait que sa gastronomie et son climat sont malheureusement tout sauf accueillants (à quelques exceptions près, bien sûr). Mais la région vaut la peine d'être visitée si vous êtes amateur de vin, étant donné l'abondance de son nectar pétillant et de ses caves à champagne de luxe.

cave di champagne.jpg
Une cave à champagne. Photo de l'auteure.

Les principales maisons, comme Pommery, Veuve Clicquot ou Pol Roger, sont presque toujours ouvertes au public. Mais si vous souhaitez rendre visite à de plus petits producteurs, il est préférable de prendre vos dispositions à l'avance et de les informer de votre intention d'acheter.

La dernière fois que j'ai visité la région, c'était à l'automne 2019, avant la pandémie. Cette année-là, la récolte était assez tardive et s'était terminée quelques jours seulement avant mon arrivée. Le ciel était nuageux, le soleil ne faisant que pointer son nez de temps en temps. Pas étonnant que les viticulteurs soient heureux à la perspective d’un réchauffement, d'autant plus que les vignes prospèrent généralement dans les régions où les températures sont plus élevées.

En effet, la température annuelle moyenne de la région se situe entre 10 et 11°C, avec environ 1 800 heures de soleil par an, soit 235 heures de plus qu'il y a 30 ans. En comparaison, la région bordelaise affiche une température annuelle moyenne de 13,8°C et reçoit plus de 2 100 heures de soleil par an.

Vigne in champagne cielo plumbeo.jpg
Le ciel nuageux de la Champagne. Photo de l’auteure.

Au cours des 30 dernières années, la température moyenne de la région champenoise a augmenté de 1,1°C, ce qui a profité à la production viticole locale. Selon les communiqués de presse du Comité Champagne, l’organisme local qui regroupe les professionnels relevant du vin en appellation champagne, les récoltes de 2018, 2019 et 2020 ont toutes été « exceptionnelles ».

Mais selon les modèles statistiques, le réchauffement de la planète risque d'entraîner des printemps extrêmement froids et des étés très chauds dans la région, perturbant ainsi l'équilibre délicat qui rend son vin unique. Les gelées de printemps sont la plus grande menace pour la récolte des raisins. « À l'avenir, nous risquons d’avoir beaucoup plus de glace par ici », explique Alexandre Chartogne de la maison Chartogne-Taillet.

L'avenir n'est pas si lointain. En 2019, la région a enregistré la température la plus élevée de son histoire, soit 42,9°C, et dix pour cent des cultures ont été ravagées par des feux de forêt.

pommery champagne .jpg
Des bouteilles de champagne Pommery. Photo de l’auteure.

Le Comité Champagne, qui comprend à la fois de grandes marques et de plus petites maisons, a été à l'avant-garde de la réduction de l'impact environnemental des vins produits dans la région, notamment en ce qui concerne la pollution des sols et de l'eau due aux pesticides. Il pousse également les viticulteurs à réduire l'empreinte carbone causée par le stockage et le transport du vin et des raisins, ainsi que les émissions des tracteurs utilisés pour les vendanges.

« Le diagnostic environnemental de la région a commencé en 2001 avec une analyse de l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement, que nous avons utilisée pour calculer notre empreinte carbone, explique Pierre Naviaux, responsable du développement durable du Comité. Nous avons adopté notre propre certification [environnementale] au lieu de nous appuyer sur la certification nationale, qui est arrivée plus tard. » Leur objectif est de devenir « 100 % respectueux de l'environnement d'ici 2030 », ce que Naviaux définit uniquement comme la croissance durable des raisins biologiques dans toute la région.

vendemmia in Champagne.jpg
Jour de vendanges. Photo publiée avec l’aimable autorisation du Comité Champagne

Pour y parvenir, le Comité s'efforce de réunir tous les acteurs concernés autour de la table des négociations et de faciliter la mise en œuvre de techniques de culture sans pesticides à la pointe du progrès. Parmi ces techniques, on trouve celle de la « confusion sexuelle » à l’aide de diffuseurs de phéromones : des appareils qui perturbent la reproduction des ravageurs en empêchant les mâles de suivre la trace phéromonale de la femelle.

epernay.jpg
La commune d’Épernay dans la Marne. Photo publiée avec l’aimable autorisation du Comité Champagne

Certaines espèces animales endémiques peuvent être importunes pour les producteurs de vin, mais une grande partie du travail de Naviaux consiste à préserver le reste des plantes et des animaux qui vivent à côté des vignes. « Nous avons fait un recensement de la flore et conçu un plan sur la façon d'entretenir ces espaces, explique-t-il. Nous avons recensé 350 espèces, dont certaines sont rares, ainsi que 50 oiseaux et une centaine de vers de terre par mètre carré. Ces derniers sont essentiels pour l'écosystème. Sans eux, nous ne pouvons pas fonctionner. »

En fait, les vignobles sont bien plus que de simples rangées de vignes. « On parle rarement des infrastructures agro-écologiques qui entourent les vignes – les murs de pierres sèches, les bords de route où pousse la végétation, ajoute Naviaux. Ceux-ci peuvent être de l'or pour la biodiversité. »

taillet champagne.jpg
Une bouteille de champagne de la maison Chartogne-Taillet. Photo de l'auteure.

Cette approche écologique a été adoptée par certains vignerons plus que d'autres, ce qui a créé un certain fossé entre les générations dans la région. Alexandre Chartogne, par exemple, a eu du mal à convaincre son père à arrêter les pesticides. « Quand je lui ai dit que nous ne devions plus utiliser de pesticides, il a commencé à en administrer en douce aux vignes le soir, pendant que j’avais le dos tourné », raconte-t-il en riant.

« Je ne peux pas en vouloir à mes parents, ils sont d'une autre génération, poursuit-il. Il est maintenant de notre devoir de nous orienter vers une agriculture durable. Nous voulons nous assurer que les générations futures pourront encore travailler ici. » Maintenant qu'il a repris l'entreprise, la maison Chartogne-Taillet a mis en œuvre ces changements.

Voilà qui résume la beauté de la région champenoise : des viticulteurs locaux qui aiment leurs terres transmises de génération en génération. C'est aussi une mine d'or où les terres valent, en moyenne, plus de 1,3 million d'euros par hectare. Quoi qu'il en soit, cela vaut la peine de les préserver pour vos enfants et pour le reste du monde qui se réchauffe rapidement.

VICE France est aussi sur Twitter, Instagram, Facebook et sur Flipboard.
VICE Belgique est sur Instagram et Facebook.

]]>
939bx7Roberta AbateRedazione MunchiesSandra Proutry-SkrzypekChampagne Munchiesvinvignoblepesticidesréchauffement climatiquehausse des températurespicole
<![CDATA[C’est quoi le minimalisme en cuisine ?]]>https://www.vice.com/fr/article/dypzw7/cest-quoi-le-minimalisme-en-cuisineWed, 17 Nov 2021 08:30:53 GMT« J’ai un lit, une chaise et une radio », dit Joshua Fields Millburn dans le documentaire Minimalism: A Documentary About the Important Things, sorti en 2015 sur Netflix. C'est à peu près l’idée que les gens se font d'un minimaliste : un type debout dans une pièce à moitié vide, en train de se demander si une bouteille d'eau « procure de la joie ». Avec Ryan Nicodemus, Milburn a formé le duo The Minimalists. À la fois podcasteurs, blogueurs, auteurs et réalisateurs de documentaires, les deux hommes ont contribué à la promotion du minimalisme au cours de la dernière décennie.

Bien sûr, Millburn et Nicodemus n’ont pas inventé le minimalisme. Ancré dans le design du Bauhaus, qui visait à combiner l'esthétique et la fonction, le minimalisme est apparu dans le New York des années 1960, lorsque des artistes comme Frank Stella, Donald Judd et Sol LeWitt ont introduit dans le monde de l'art une forme de beauté plus simpliste et harmonieuse. L'approche minimaliste a ensuite été appliquée à la musique et à la littérature, avant de s'étendre au style de vie. Aujourd'hui, le minimalisme ne consiste pas seulement à célébrer une forme de beauté épurée, mais se présente comme une réaction au consumérisme, à l’achat compulsif, à l'obsession de l'argent et au gaspillage.

De la mode à l’entretien du foyer, le minimalisme a été adopté par des millions de personnes à travers le monde. L'un des aspects les moins connus de cette philosophie est son application à l’alimentation. En réalité, il existe des définitions plutôt contradictoires de ce qu’est un régime minimaliste, car le concept n'est pas vraiment gravé dans le marbre.

Millburn explique qu’il a changé de point de vue et considère désormais la nourriture comme un « simple carburant », ce qui l'a aidé à devenir plus sain. « Mais ça ne veut pas dire que je n'aime pas manger – j’adore ça, poursuit-il. La différence, c'est que je ne me tourne pas vers la nourriture pour me divertir, pour me réconforter ou pour me sortir des moments difficiles. »

Dans leurs posts, les Minimalists conseillent de ne manger que deux fois par jour, de privilégier les plats simples et les aliments complets légèrement cuits. Pas de boissons sucrées, pas d'aliments transformés. L'objectif, disent-ils, est d’éviter le gaspillage, de réduire l'impact négatif de la nourriture sur nos vies et de faire en sorte qu’elle ne devienne pas une obsession.

Parmi les autres partisans de ce mouvement, citons la diététicienne canadienne Bri de Frugal Minimalist Kitchen, la photographe culinaire américaine Lucia Lee, et Minimalist Bakers, un site qui ne répertorie que des recettes pouvant être réalisées en 30 minutes ou moins, avec un maximum de 10 ingrédients ou en utilisant un seul récipient.

« Beaucoup de plats italiens sont minimalistes par nature, explique l’influenceuse minimaliste italienne Irina Potinga. Les pâtes à la sauce tomate, par exemple, sont si bonnes et pourtant si simples. » Bien sûr, cela ne correspond pas à la définition d'une alimentation minimaliste selon Millburn, car les pâtes sont un aliment transformé largement considéré comme mauvais pour la santé par le gang des sans gluten qui s'est emparé du monde du bien-être. Mais en Italie, pays qui a l’une des plus longues espérances de vie au monde, c'est un aliment de base.

spazio grigio, youtube, dispensa, minimalismo.png
Irina Pontiga. Photo publiée avec son aimable autorisation.

Pour Pontiga, le minimalisme en cuisine consiste plutôt à préparer des plats rapides et simples avec une poignée d’ingrédients qu'elle maîtrise bien. « Cela me permet de manger des plats sains faits maison et de ne pas avoir un garde-manger rempli de produits que je ne sais pas utiliser », dit-elle. Avant d'ajouter un nouvel ingrédient à sa liste, Pontiga aime faire des recherches et s'assurer qu'elle saura préparer ce qu'elle achète.

« Il ne s'agit pas vraiment d'économiser de l'argent, même si c'est une conséquence naturelle. Il s'agit plutôt d'éviter le gaspillage », dit-elle. Dans ses placards, on trouve de la passata, des pommes de terre, des pâtes, du riz et des conserves, qu'elle complète avec des légumes frais.

Selon sa définition, une alimentation minimaliste signifie également avoir des placards bien rangés et bien organisés, prévoir ses repas de la semaine à l’avance avec une liste de courses précise et cuisiner avec le moins d'ustensiles possible pour éviter de perdre un temps précieux à nettoyer la vaisselle. En respectant un planning et en évitant les préparations de dernière minute, vous ne céderez pas non plus à la tentation de commander des plats à emporter ou de sortir dîner au restaurant trop souvent, surtout après une longue journée de travail.

Terra copenaghe.jpg
Le restaurant Tèrra à Copenhague. Photo publiée avec l’aimable autorisation de Valerio Serino.

En parlant de sortir dîner, à quoi ressemble une expérience minimaliste dans un restaurant ? Cela peut aller des plats préparés avec peu d'ingrédients aux petites portions, en passant par l'adoption d'aliments crus et la présentation esthétique de l'offre, du décor et du menu. La nourriture minimaliste n'est pas nécessairement végétalienne, végétarienne ou crue, mais de nombreux minimalistes s'en tiennent à ces régimes.

En ce sens, le food-porn, les buffets à volonté et la gastronomie moléculaire sophistiquée sont à l'opposé de la philosophie minimaliste. Selon les blogs sur le sujet, l'alimentation minimaliste peut faire référence à beaucoup de choses, du rejet de la grande distribution jusqu'à la consommation exclusive de produits locaux de saison.

Capture d’écran 2021-11-16 à 13.50.36.png
Du pain et du fromage, le minimalisme alimentaire à son niveau le plus minimal.

La cuisine scandinave est peut-être la plus minimaliste de toutes. La journaliste gastronomique norvégienne Melissa Fort cite l’exemple de la tradition du « déjeuner d’Oslo », qui consiste à manger une ou deux tranches de pain de seigle avec de la margarine et du fromage pour le déjeuner, et ce, jour après jour.

Né dans les années 1930 dans le cadre d'un programme gouvernemental destiné à nourrir les enfants pauvres à l'école primaire, ce menu tout simple est toujours apprécié par des millions de personnes dans l'un des pays les plus heureux du monde. Il peut être ennuyeux de manger la même chose tous les jours, mais « cela vous garde en forme, et vous n'avez pas à vous soucier de ce que vous allez faire pour le déjeuner et de ce que cela va vous coûter », écrit Fort.

portfolio_autumn_14.jpg
Le restaurant Tèrra à Copenhague. Photo publiée avec l’aimable autorisation de Valerio Serino.

Valerio Serino, un chef italien qui a ouvert son propre restaurant, Tèrra, à Copenhague, tente de mettre en œuvre certains de ces concepts. « Ici, le minimalisme fait partie de la culture, il est compris comme une fonctionnalité pure », explique Serino. Comme Pontiga, il trouve que la cuisine italienne est généralement assez minimaliste, car elle est basée sur des ingrédients simples et d'origine modeste.

« Même si je vis à Copenhague, je porte en moi cet héritage culturel, alors j'ai commencé à mélanger les deux cultures, italienne et nordique, dans ma propre interprétation de la cuisine minimaliste, explique-t-il. Pour moi, le minimalisme consiste aussi à utiliser principalement des ingrédients d'origine végétale et pratiquement aucune graisse et protéine animale pour créer un menu simple. »

Pour certaines personnes, l'adoption d'un régime minimaliste est l'occasion de réécrire leur relation avec la nourriture dans un monde où elle est presque trop disponible. Trop de choix, trop de graisses, trop d'appareils de cuisine peuvent être une source de stress, d'ennui, de nervosité.

Les Minimalists proposent d'essayer la règle des 90/90. « Prenez un objet. N'importe lequel. L’avez-vous utilisé au cours des 90 derniers jours ? Si la réponse est non, allez-vous l’utiliser au cours des 90 prochains jours ? Si la réponse est encore non, vous pouvez vous en débarrasser », peut-on lire sur leur blog. La plupart des gens appliquent cette règle à leurs placards, leurs débarras ou leurs meubles, mais elle peut aussi être utile dans la cuisine.

La prochaine fois que vous ferez vos courses, posez-vous ces questions : « Vais-je manger ou cuisiner ce produit dans les 90 prochains jours ? » ; « Ce produit risque-t-il de pourrir dans mon frigo ? » ; « Cet aliment est-il durable ? » ; « Ai-je assez de choses à grignoter si j'ai faim ? »

Vous pouvez aussi choisir de planifier sérieusement vos repas et d’aller au supermarché une seule fois par semaine. Le minimalisme alimentaire consiste plutôt à appliquer un état d'esprit minimaliste à la nourriture, quoi que cela veuille dire pour vous.

VICE France est aussi sur Twitter, Instagram, Facebook et sur Flipboard.
VICE Belgique est sur Instagram et Facebook.

]]>
dypzw7Lavinia MartiniRedazione MunchiesSandra Proutry-Skrzypek MunchiesFoodminimalismegaspillage
<![CDATA[En Sicile sur les traces d’une algue rare (et apparemment illégale)]]>https://www.vice.com/fr/article/jg83g3/en-sicile-sur-les-traces-dune-algue-rare-et-apparemment-illegaleMon, 11 Oct 2021 07:59:57 GMTLes algues font partie du régime alimentaire de l'homme depuis des milliers d'années. Des archéologues en ont trouvé dans les cuisines préhistoriques des peuples du Chili et sa consommation a été documentée dans les premiers récits écrits de populations du monde entier. Les algues sont très nutritives, riches en protéines, vitamines, acides aminés et acides gras comme les oméga-3, oméga-6 et oméga-7. De nombreux scientifiques pensent que les algues pourraient être l'aliment du futur et pourraient potentiellement assurer une sécurité alimentaire durable à des millions de personnes.

Aujourd'hui, nous avons tendance à penser qu'il s'agit d'un aliment de base de la cuisine asiatique, notamment japonaise. Mais en réalité, ces plantes aquatiques font partie de la tradition culinaire de nombreux pays du monde, dont l’Italie, où j'ai passé un mois entier cet été. Appelée u Mauru – du mot sicilien màguru, qui signifie maigre, pauvre – cette algue gélatineuse rougeâtre pousse sur les rochers dans les eaux peu profondes de la région de Catane, sur la côte est de la Sicile.

Là-bas, elle était consommée comme en-cas par les pêcheurs qui revenaient de leurs sorties en mer matinales. Ils l'arrachaient des rochers, l'assaisonnaient de citron et de sel et la mangeaient sur leur bateau de pêche avant de rejoindre le rivage. Les pêcheurs installaient également des stands sur le littoral et la vendaient comme salade aux baigneurs pendant l'été. C'est un follower de VICE sur Instagram qui m'a fait découvrir ce mets délicat en me disant qu'il était difficile à trouver. Il ne plaisantait pas : il s'avère que les locaux considèrent ce plat comme une sorte de tabou depuis plus de 30 ans. Mais nous y reviendrons plus tard.

Catania Mauru alga rossa.jpeg
La salade U Mauru, assaisonnée à l'ancienne avec du sel et du citron.

U Mauru, de son nom scientifique Chondracanthus teedei, a été enregistré pour la première fois par le pharmacien, botaniste et phycologue allemand Friedrich Traugott Kützing en 1847. L'espèce est en fait assez répandue en Méditerranée, notamment au Portugal, dans la mer Noire et dans les océans Atlantique et Indien. Elle a également été observée au Japon et au Brésil.

Autrefois, l'algue poussait en abondance en Sicile et dans d'autres régions d'Italie, mais aujourd'hui, elle est moins facile à trouver. Les plongeurs partent souvent à sa recherche sur les roches volcaniques, mais la plupart du temps, ils reviennent bredouilles. En conséquence, la tradition culinaire du Mauru disparaît à la vitesse de la lumière. Elle survit dans une poignée de restaurants sur une portion de littoral de 20 km allant de la ville d'Acireale à Catane.

Déterminé à l'essayer, j'ai appelé un certain nombre de poissonniers, de plongeurs et de restaurateurs de la région. Sur les douze fournisseurs potentiels que j'ai contactés au sujet de cette algue, neuf m'ont envoyé promener ou ont raccroché tout de suite. J'ai appelé les quelques autres tous les jours, en ayant l'air de plus en plus désespéré à chaque fois. Inévitablement, la réponse était toujours : « Nun ci nnè mauru, Andrea » – « Il n'y a pas de Mauru, Andrea », dans le dialecte local.

Lorsque je suis allé demander des informations sur l’algue en personne, j'ai été dévisagé de la tête aux pieds. Heureusement, j’étais accompagné par un ami du coin qui a pu parler en dialecte et faire baisser la tension. Finalement, un contact un peu plus sympa que les autres m’a expliqué pourquoi les gens étaient aussi grossiers avec moi : l’algue est en fait illégale et n’est vendue que sous le manteau à des personnes de confiance. Voilà qui était assez surprenant : à ma connaissance, j'essayais simplement de trouver un mets très rare, et non de fouiller dans le monde souterrain à la recherche de marchandises faisant l'objet d'un trafic.

Mauru Catania Alga Sicilia.jpeg
L’auteur goûte enfin l’algue Mauru après avoir passé un mois à la chercher.

Face à cette intrigue botanique, j’ai demandé pourquoi l’algue Mauru est illégale. « Elle est toxique et vous rendra malade, m’explique Giambattista Guarrera, un pêcheur local. L’algue absorbe la pollution et peut être assez dangereuse. » De plus, la plante ne pousse qu'à l'état sauvage et ne devrait donc pas être retirée de son habitat.

Selon un rapport réalisé en 2021 par l’ONG italienne Legambiente, les côtes de Catane ont été polluées par les industries voisines, les déchets domestiques et les bateaux. En effet, certains types d'algues prolifèrent dans les eaux polluées, au point de modifier des écosystèmes entiers. Des études sur les algues comestibles ont aussi montré que ces plantes ont une grande capacité d’absorption des métaux toxiques qui sont présents en grandes quantités dans les zones pollués et qui peuvent être dangereux pour les humains.

Mais en dehors des ouï-dire locaux, je n'ai trouvé aucune preuve que cette algue particulière est dangereuse, ni qu'il s'agit d'une espèce protégée qui ne devrait pas être enlevée de son habitat. Le 27e jour de mes recherches, j’ai enfin trouvé un restaurant à Acireale qui servait ce plat. Malheureusement, après ma visite, le gérant m’a appelé et m’a demandé de ne pas mentionner son nom ou celui de son établissement par peur des répercussions.

Une fois au restaurant, j’ai d’abord commandé une salade d’algues traditionnelle, assaisonnée à l’ancienne avec du sel, du citron et du poivre. Honnêtement, ça avait un goût de pierre. Vous savez, cette saveur salée et ferreuse qui vous reste dans la bouche lorsque vous sautez dans la mer depuis un rocher, mais en mille fois plus métallique. Sans parler de la consistance épaisse et fibreuse de la plante. J’avoue avoir regretté toutes ces heures passées à la chercher.

« La saveur change beaucoup en fonction de la période de l'année, m’a dit le restaurateur anonyme, qui est en fait extrêmement passionné par l’algue Mauru et va généralement la pêcher lui-même. Le mois d'août n'est pas la meilleure période, bien au contraire. La saison va de mars à juin. Plus on attend, plus l’algue a un goût d'iode et prend une couleur rouge. »

Heureusement, le plat suivant, des pâtes aux fruits de mer et à l’algue Mauru, était absolument délicieux. La cuisson adoucit beaucoup le goût de la plante, même s’il reste en bouche pendant quelques heures.

Alga rossa mauru catanese.jpeg
L’auteur mange des pâtes aux fruits de mer et à l’algue Mauru.

Finalement, j’ai demandé au gérant du restaurant si l’algue était vraiment illégale et, surtout, dangereuse. « Dans la région, l’algue Mauru pousse là où l'eau salée rencontre l'eau douce et seulement là où l'eau est propre, a-t-il expliqué. Elle pousse aussi sur les roches volcaniques. Ces conditions sont difficiles à trouver. »

En gros, il m’a affirmé que les rumeurs au sujet de la toxicité de l’algue étaient complètement fausses, étant donné qu’elle est difficile à trouver précisément parce qu’elle ne pousse pas dans des environnements pollués. Et pourtant, les locaux sont absolument convaincus que la plante est mauvaise pour la santé et voient d’un mauvais œil ceux qui la consomment.

Malgré cette mauvaise réputation, un groupe soudé d’aficionados de l’algue Mauru en mangent en cachette. « Même quand je n’arrive pas à en trouver personnellement, je peux en acheter sans problème, me dit le restaurateur sans fournir trop de détails. Je dois juste préciser le numéro de permis de pêche et l’endroit où l’algue a été pêchée. » Cette règle s’applique pour tous les produits de la mer.

La rareté de l’algue la rend très chère : environ 30 euros le kilo. Mais croyez-moi, elle les vaut.

VICE France est sur Twitter, Instagram, Facebook et sur Flipboard.
VICE Belgique est sur Instagram et Facebook.

]]>
jg83g3Andrea StrafileRedazione MunchiesSandra Proutry-Skrzypek MunchiesFoodalgueitalieSicilepêche
<![CDATA[Une étude comparative non exhaustive des carbonades flamandes]]>https://www.vice.com/fr/article/4ava3p/une-etude-comparative-non-exhaustive-des-carbonades-flamandesThu, 10 Jun 2021 10:07:08 GMTEn Belgique, c’est bien connu, il fait froid, gris, il pleut tout le temps, et en plus c’est désespérément plat. Et pourtant, et c’est bien connu aussi, il fait bon vivre. Les gens sont accueillants et savent franchement faire la fête – des bon·nes vivant·es, en somme. D’ailleurs, ça se ressent tout particulièrement dans les spécialités culinaires locales : les gaufres, le chocolat, et bien sûr, les frites et la bière. Que des préparations qui donnent le sourire, qui emplissent de chaleur et de joie. Mais quand on veut vraiment combler le vide de nos âmes avec de la bouffe, on en rajoute une couche : faites entrer la carbonade Flamande (ou Carbonnade, dans une approximation typiquement belge, les deux orthographes sont acceptées).

Alors, voilà comment je décris la carbonade lorsque je me retrouve face à des visages dubitatifs après avoir annoncé qu’il m’en faut une, là, maintenant, tout de suite : rien à voir avec des pâtes à la carbonara, c’est plutôt à mi-chemin entre le bœuf bourguignon et la poutine québecoise. Concrètement, c’est un ragoût de bœuf mijoté à la bière le plus souvent servi avec des frites. Pur délice. On raconte que c’est un cousin moins noble du bœuf bourguignon, qui lui, est préparé avec du vin. Mais c’est un plat qui s’ancre clairement dans la tradition culinaire flamande, qui regorge de plats mijotés réconfortants comme le waterzooï, à base de poisson ou de poulet, ou le potjevleesch, mélange décadent de poulet, de lapin, de porc et de veau en gelée.

« La carbonade, pour nombre de Belges, c’est ça : la famille, la tradition, l’amour partagé autour d’un repas. »

Traditionnellement, elle se prépare avec des morceaux de bœufs braisés, de la cassonade, de la bière brune et des tranches de pain d’épices tartinées de moutarde comme liant. Peu de légumes si ce n’est des oignons caramélisés, et le tout doit mijoter aussi longtemps que les normes sanitaires l’autorisent, et s’accompagne de frites cuites dans la graisse de bœuf. C’est un plat typique des repas de famille, des vieilles brasseries et cafés de quartier, mais aussi des fritkots, les baraques à frites qui parsèment le paysage belge, aussi bien dans les moindres recoins des villes que les bords d’autoroutes. Quand j’évoque le sujet avec une amie, c’est un sourire nostalgique qui se dessine sur son visage : c’est le plat que lui préparait sa grand-mère, sa bobonne, une néerlandophone exilée en Wallonie qui roulait délicieusement les « r », dont celui de « carbonade ». La carbonade, pour nombre de Belges, c’est ça : la famille, la tradition, l’amour partagé autour d’un repas.

Je ne suis pas belge, mais j’adore la carbonade. J’en mange souvent – j’ai souvent besoin de réconfort alimentaire. Mais un jour, quand on m’a demandé où j’avais mangé les meilleures, j’ai dû me rendre à l’évidence : je ne savais pas grand-chose de ce mets. En réalité, je n’en avais goûté que d’un seul endroit – là où j’ai grandi, pas de carbonade à l’horizon, et à Bruxelles je vais tout le temps à la même friterie, par habitude et aussi parce que, sans déconner, c’est la meilleure. Tout en sachant que rien ne remplacera en mon cœur la carbonade de la friterie de la Barrière (je suis têtu), j’ai pris la décision d’élargir mon horizon et c’est ainsi que je me suis lancé dans un petit tour des carbonades locales.

Les carbonades du fritkot Frituur n°1
Les carbonades du fritkot Frituur n°1

Ma première excursion m’emmena en dehors de Bruxelles, plus profond dans les contrées d’origine du plat : la Flandre. Mais comme je reste un citoyen bourgeois de merde, pas trop profond en Flandre non plus : j’ai pris un train vers Anvers, et une fois sur place, j’ai demandé dans des balbutiements de néerlandais qui se sont vite changés en anglais où trouver une excellente carbonade. Plusieurs adresses m’ont été communiquées, mais pour une cuisine la plus simple et décontractée possible, on m’a envoyé vers le fritkot Frituur n°1, à deux pas de la Grand-Place. À ma surprise, on me demande si je veux de la mayo par-dessus – à la vue des hochements de tête vigoureux de la dame derrière le comptoir, je cède. Je me pose au bord de l’Escaut et je goûte enfin une carbonade qui n’est pas celle que j’ai toujours connue.

Pas mal. Un peu too much la mayo, mais les frites sont cuites à la perfection, et il y a un bon rapport jus/viande. Pas trop écœurant et la portion est pile ce qu’il faut. Pas mal, Anvers, pas mal – mais le tout manque comme de profondeur. Peut-être que le plat n’a pas suffisamment mijoté ?

« Il faut savoir que la carbonade peut se servir, en friterie, de plusieurs façons différentes : sauce à part ou sur les frites, sauce avec ou sans morceaux de viande… les possibilités sont nombreuses. »

De retour à Bruxelles, je vais voir la concurrence : deux autres friteries historiques bruxelloises, Frit Flagey et Maison Antoine. Il faut savoir que la carbonade peut se servir, en friterie, de plusieurs façons différentes : sauce à part ou sur les frites, sauce avec ou sans morceaux de viande… les possibilités sont nombreuses.

Les carbonades de Frit Flagey
Les carbonades de Frit Flagey

Suite à une expérience décevante, plus en termes de quantité que de qualité, je prends toujours la sauce sur les frites – après tout, ce qui est bon, c’est quand elle les imbibe bien du délicieux jus de viande. Légère déception donc quand, chez Maison Antoine place Jourdan, haut lieu gastronomique local depuis 1948, la carbonade m’est servie dans un compartiment séparé des frites. Installé paisiblement à l’abri de la drache au café chez Bernard, partenaire officiel de la friterie, je me rends compte que les frites sont peut-être un peu sèches, mais elles atteignent la texture idéale quand je les trempe méthodiquement dans le compartiment de sauce voisin. Quant au ragoût, c’est la viande qui prime : je détecte à peine la présence des quelques épices qui, pour moi, font la magie de la carbonnade. Une bonne portion généreuse qui colle au ventre comme il faut, mais un poil trop viandard à mon goût.

Devanture de la Maison Antoine
Devanture de la Maison Antoine

À Flagey, je suis rassuré de voir que la sauce recouvre bien les frites, qui sont toujours excellentes. Le plat a un goût qui me surprend un peu : bien plus sucré, presque une consistance de sirop, qui, bien que loin d’être désagréable au départ, finit par me rappeler un plat préparé style supermarché.

Affiche de la Maison Antoine
Affiche de la Maison Antoine

Pas de réelle compétition pour mon adresse phare jusqu’à présent, qui demeure la moins chère, en plus. Il faut changer un peu de registre. Après avoir digéré mes précédentes excursions, je me dirige dans le quartier Sainte-Catherine du centre-ville de Bruxelles pour commander une « Belgian Beef Stew » à l’enseigne hollandaise Frites Atelier. Frites Atelier, c’est l’initiative high fast food d’un chef Michelin triple-étoilé, Sergio Herman, d’abord implantée en Belgique à Anvers et Gand et arrivée à Bruxelles en 2019. Ici, on ne plaisante pas : Sergio ne cherche pas que la qualité, mais la perfection (je cite).

Les carbonades de Frites Atelier
Les carbonades de Frites Atelier

Force est de constater que la qualité est effectivement au rendez-vous. Les frites ne sont ni trop grasses, ni trop sèches, croustillantes et fondantes à la fois, de taille idéale. Pour la carbonade en question, même constat, la qualité prime. Les bouts de viande ne sont pas les mêmes qu’en fritkot, c’est certain. Je sens distinctement les petits grains de moutarde et c’est très agréable. J'aurais pu exiger un peu plus de jus, mais dans l’ensemble, pari réussi. C’est peut-être un tout petit peu trop mignon, trop propret, trop faussement raffiné, avec ces brins de persil et de cresson en déco, et je dois dire qu’il y a un côté un peu moins satisfaisant qu’à l'habitude. La qualité vient aux dépens de la quantité, paraît-il. Toujours est-il que, malgré son exigence technique, cette carbonade manque un peu de cœur… On le sait, l’ingrédient principal de tout plat véritablement réconfortant, c’est l’amour.

« On le sait, l’ingrédient principal de tout plat véritablement réconfortant, c’est l’amour. »

J’étais allé voir en Flandre, région d’origine de la carbonade. Il me fallait voir si ce savoir-faire s’était exporté de l’autre côté de la frontière linguistique, en Wallonie. Mon coloc me confie que pour lui, la meilleure carbonade, c’est la variante liégeoise, c'est-à-dire avec du sirop de Liège au lieu de la cassonade. Intrigué, je monte dans un train avec deux Liégeois·es à mes côtés pour guider nos errances, à la recherche de quelque brasserie proposant cette adaptation du plat bien-aimé. On a marché des heures durant, sans succès. « C’est pas la saison », paraît-il. Certes, un plat de viande en ragoût début juin, c’est intense, mais notons tout de même que chacun des nombreux restaurants qu’on a visité affichait au menu la spécialité locale : les boulets liégeois, un plat de boulettes de viande accompagné d’une sauce brune sucrée au sirop, servi le plus souvent avec des frites. Ce n’est pas le même plat, c’est certain, mais il semble répondre aux mêmes besoins, semble combler le même vide en nous.

boulet3.jpeg
Boulets liégeois

Au bout d’un moment, épuisé·es et affamé·es, on se résigne : la division régionale semble bien réelle, pas de carbonade flamande en vue. Liège est très fière de ses boulets, très bien, goûtons-y, dans cette jolie brasserie sur la place du Marché. Verdict : c’était délicieux, et je me suis retrouvé à racler l’assiette de sauce à l’aide de mes frites. Malgré l’échec de notre quête de carbonade wallonne, dans le train du retour, le ventre plein, je me dis que je n’ai peut-être pas perdu au change.

Ces derniers jours ont été intenses pour ma flore intestinale. Je n’ai plus l’habitude de manger autant de viande, ou de gras, mais il me fallait pour conclure, pour en avoir le cœur net, retourner à la case départ et faire un tour à la fameuse Friterie de la Barrière, classique spot saint-gillois depuis 50 ans.

Les stickers qui ont envahi la devanture
Gabriel Franjou

Il pleut - bien sûr -, la file est longue - vraiment longue -, mais malgré tout, personne ne semble pressé·e. Les émanations de friture me chatouillent les narines tandis que mes yeux naviguent de stickers en stickers sur la devanture. Le panneau qui trône, modeste mais fier, au-dessus de la baraque, nous indique le refrain qu’entament en chœur mon âme et ma tête : « Mm…mh… ».

Devanture de la friterie de la barrière
Devanture de la friterie de la barrière

Les deux dames derrière la paroi en plastique, parfaitement manucurées comme à leur habitude, me redemandent nonchalamment : « avec viande ? » Oui, avec viande. J’observe avec une fascination non dissimulée la suite de gestes précis qui se concluent avec une secousse maîtrisée du poivrier et l’emballage méthodique du paquet, et ça y est, je l’ai entre les mains.

« Je ressens dans toute leur complexité les épices, d’abord le sel et le poivre, magnifique le poivre, et la cannelle, puis – serait-ce possible ? – le clou de girofle. »

Ok, les boulets liégeois, c’est le feu, les mecs de Flagey sont plus sympas, Sergio est plus attentionné, chez Antoine, on attend moins longtemps, et je n’ai pas de grand-mère qui m’en préparait le dimanche, mais les habitudes ont la peau dure et pour moi, rien ne vaut la portion qu’on me sert ici. Le rapport quantité/prix joue aussi, bien sûr, mais même au goût, ça reste incomparable : enfin, je ressens dans toute leur complexité les épices, d’abord le sel et le poivre, magnifique le poivre, et la cannelle, puis – serait-ce possible ? – le clou de girofle. La bière, en arrière-goût, subtile, épaisse mais dénuée d’amertume, puis le sucre qui arrive dans le fond du palais et qui emplit la gorge, la viande, si tendre qu’une légère pression de la fourchette en plastique suffit à la détacher, filament par filament, pour venir la déposer sur une frite dorée à souhait. Et surtout, surtout, les couches et couches de jus qui s’accumulent au fond de la barquette et qu’on découvre, soulevant une frites ou deux, avec une joie enfantine et vitale, et qui les imbibe pour les rendre, dans les derniers moments du plat, lourdes et molles, comme infuse de toute la consolation du monde.

Biaisé dès le départ ? Sans doute. Satisfait ? Absolument.

VICE Belgique est sur Instagram et FacebookVICE France est aussi sur Twitter, Instagram, Facebook et sur Flipboard.

]]>
4ava3pGabriel FranjouSouria Cheurfi fritenourritureBruxellestraditionplatcarbonadeCultureFLANDRE MunchiesBelgique
<![CDATA[La « bombe de riz » est l'un des secrets culinaires les mieux gardés d'Italie]]>https://www.vice.com/fr/article/wx89g5/la-bombe-de-riz-est-lun-des-secrets-culinaires-les-mieux-gardes-ditalieMon, 22 Mar 2021 07:59:04 GMTJe suis née et j'ai grandi en Émilie, dans le nord-est de l'Italie. Techniquement, la région comprend également la Romagne et sa capitale est Bologne, mais en tant que véritable patriote régionale, je m'identifie comme une Émilienne avant tout. Ce qui rend ma région si spéciale pour moi, ce sont les Apennins, une chaîne de montagnes qui s'étend tout au long de la péninsule italienne, et l'hospitalité des Émiliens.

Malgré nos différences avec nos voisins romagnols, nous partageons l'amour de la cuisine. Récemment, j'ai décidé de retracer l'histoire de plats émiliens comme le scrigno di Venere (« le coffre au trésor de Vénus »), une tarte aux pâtes farcie de ragù (ou sauce bolognaise) et de béchamel. Au cours de ma quête, j'ai découvert un autre plat local appelé la bomba di riso (« la bombe de riz »), une boule de risotto cuite au four, enveloppée de fromage et de jambon et déposée sur un lit de ragù.

Après quelques recherches, je trouve finalement un restaurant qui propose ce plat dans la ville de Reggio d'Émilie. L'Arrogant Pub est l'un de mes endroits préférés et n'est pas aussi snob qu'il n'y paraît. Il a d’abord été réputé pour ses burgers, mais la cuisine s'oriente désormais vers des plats régionaux.

Bomba di riso Reggio Emilia.jpg
La bombe de riz de l’Arrogant Pub.

« Au XXe siècle, les plaines de Reggio d’Emilie étaient pleines de rizières », explique Alessandro Belli, propriétaire de l’Arrogant Pub. L'ingrédient était bon marché et abondant, ce qui a incité les habitants à l'utiliser de manière toujours plus créative. « C'est de là qu'est née la bombe de riz. Les familles pauvres des montagnes l'assaisonnaient avec des champignons séchés, tandis que les riches le mangeaient avec un ragù de venaison, de chevreuil ou même de pigeon. » C'était autrefois un plat typique du déjeuner dominical. Belli se souvient d’en avoir mangé, enfant, pour célébrer une fête catholique, mais il ne se souvient pas laquelle.

Lorsque je commande la bombe de riz au pub, on me donne le choix entre trois options de ragù : cèpes séchés, bœuf Tyrol Grey ou cerf. Je pars sur la deuxième option. C'est incroyable. Chaque bouchée descend très lentement dans l’estomac et donne l'impression qu'elle va y rester pendant des heures.

arrogant pub reggio emilia.jpg
Le pub d'Alessandro Belli propose également d'autres plats locaux à base de viande.

Malheureusement, la bombe de riz de Reggio d'Émilie est rare dans les restaurants ; c'est plutôt un plat traditionnel et familial. Mais Belli me donne une autre adresse où ils la préparent : la Trattoria Da Gianni, à la périphérie de la ville. Je ne peux pas m’y rendre en personne en raison des restrictions liées au Covid, mais Stefano Caffari, un habitant de Reggio d’Émilie spécialisé dans la communication alimentaire, a eu l’occasion d’y aller et m’a dit que le plat était « juteux et luxueux ».

« La bombe de riz est un incontournable de la cuisine locale des années 1980, dit-il. À la maison, ma mère détestait cuisiner, mais la bombe de riz était l'un des rares plats qu'elle semblait prendre plaisir à préparer. » La mère de Caffari faisait cuire du riz arborio, généralement utilisé pour le risotto, jusqu'à ce qu'il devienne crémeux et le mélangeait avec du beurre et du fromage. Elle ajoutait ensuite des champignons et enveloppait le tout dans du fromage Fontina et du jambon. « Je me souviens que c'était gluant et délicieux, dit Caffari. Il fallait un temps fou pour le préparer ; ce n'était certainement pas un plat de tous les jours. »

Caffari pense que la bombe de riz a vu le jour dans les années 1960 ou 1970. Quelques décennies plus tôt, de nombreuses femmes de la région étaient employées dans les rizières pour ramasser les mauvaises herbes et étaient payées avec un kilo de riz par jour. « Elles ne savaient pas quoi en faire, raconte Caffari. Elles se contentaient de le mettre dans une tarte ou dans une soupe minestrone. » Contrairement au Piémont et à la Lombardie, Caffari dit que le risotto n'a jamais été un plat traditionnel en Émilie-Romagne.

come si fa bomba di riso.jpg
Réaliser une bombe de riz à la maison demande du temps, mais ce n'est pas très compliqué.

Si vous voulez recréer ce plat à la maison, vous aurez besoin d'un moule à beignets. Faites d'abord cuire le riz à risotto, ajoutez le beurre et, si vous voulez aller jusqu'au bout, la crème, la mozzarella et le Parmigiano Reggiano. Vous pouvez également utiliser des restes de risotto. Beurrez généreusement le moule et garnissez-le de tranches de jambon et de fromage, puis remplissez-le de riz. Vous pouvez également mélanger le riz avec des champignons ou du ragù avant de le mettre dans le moule. Faites-le cuire au four à 180-200 degrés pendant une demi-heure, laissez reposer pendant 10 minutes, puis démoulez. C'est prêt.

Tout comme le scrigno di Venere, la bombe de riz est l'un de ces plats laissés pour compte dans la culture gastronomique italienne contemporaine. Elle contient trop de graisses saturées et de glucides pour notre alimentation moderne et prend trop de temps à préparer pour le cuisinier moyen. Bien qu'il ne soit pas vraiment sain, c'est le plat idéal pour un dîner entre amis, quand il sera à nouveau possible d’en organiser. D'un autre côté, ça vous laisse le temps de vous entraîner.

VICE France est aussi sur Twitter, Instagram, Facebook et sur Flipboard.
VICE Belgique est sur Instagram et Facebook.

]]>
wx89g5Giorgia CannarellaRedazione MunchiesSandra Proutry-Skrzypek MunchiesRisottoitalieraguApenninssecrets
<![CDATA[La vie d'une jeune éleveuse de bétail dans les Alpes italiennes]]>https://www.vice.com/fr/article/n7vg7x/la-vie-dune-jeune-eleveuse-de-betail-dans-les-alpes-italiennesThu, 18 Mar 2021 08:20:45 GMTLes margari sont un peuple traditionnel d'éleveurs de bétail vivant dans les Alpes du Piémont, une région du nord-ouest de l'Italie célèbre pour ses stations de ski. Ces communautés montagnardes existent depuis des siècles et fabriquent du fromage à partir du lait de leurs vaches. Mais les nouvelles générations ne semblent pas vouloir perpétuer ces traditions : le travail est exigeant et beaucoup se dirigent plutôt vers l'industrie du tourisme. En conséquence, les margari et leurs coutumes disparaissent peu à peu.

Mais tout le monde n'est pas charmé par le confort moderne. Roberta Colombero, 32 ans, fait partie des rares jeunes de la région à avoir choisi ce mode de vie traditionnel. « Je n'ai pas l'impression de manquer de quoi que ce soit, dit-elle. Quand je me sens angoissée, je me tourne vers la nature et les animaux, et c'est là que je trouve mes réponses. » Avant de s'installer dans les Alpes, Roberta a passé du temps à l’étranger, notamment dans un ranch aux États-Unis qui lui rappelait beaucoup l'endroit où elle a grandi. Elle a fini par ressentir le besoin de revenir sur ses terres natales et de faire vivre l'entreprise familiale.

ROberta Margara.JPG
Roberta et son cheval.
alpeggio.jpg
Les vaches de Roberta dans le pâturage.

Roberta vit près de Cuneo, à 80 kilomètres au sud-ouest de Turin, sur l'alpage de Valanghe Marmora, au cœur de la vallée de Maira. Elle se réveille tous les jours entre 5 et 6 heures du matin. « En fonction de mon humeur ou des besoins de mon corps, je prends un petit-déjeuner sucré ou salé, dit-elle. Les confitures, les gâteaux, le beurre : tous nos produits sont faits maison. »

Avant de manger, Roberta prend quelques secondes pour réciter silencieusement le bénédicité. Puis, elle se dirige vers les écuries pour prendre des nouvelles de « ses filles », comme elle aime appeler ses vaches. Elle les trait manuellement deux fois par jour, toujours en plein air. Ses tâches quotidiennes comprennent également le nettoyage et les soins aux veaux, mais tout dépend des saisons.

Mucche-alpi.jpg
Les vaches piémontaises sont une race locale. Les veaux naissent marron et deviennent gris-blanc en grandissant.

Les mois d'été, par exemple, sont consacrés à la fabrication de fromage et d'autres produits laitiers. Roberta les vend à une clientèle fidèle qui comprend des restaurants et d'autres fermes, ainsi qu'à quelques touristes. Son magasin est situé près des pâturages d'été, à environ 2 000 mètres d'altitude, là où les vaches paissent et où elle fabrique son fromage.

La famille produit du beurre, des yaourts, du fromage bleu, du robiola et d'autres fromages, mais son produit phare est le Nostrale d'Alpe, un fromage fabriqué avec du lait cru et entier de vaches piémontaises. D'une manière générale, le fromage peut être fabriqué avec du lait cru ou du lait pasteurisé, c'est-à-dire du lait chauffé pour tuer les bactéries avant le processus de fabrication du fromage. Le fromage au lait cru, ou non pasteurisé, est généralement plus savoureux car il préserve tous les arômes des herbes alpines que les vaches broutent.

Formaggio alpeggio cuneo.jpg
La production familiale de fromage.

« J'aime bien faire des expériences pendant l'été, dit Roberta. Mais je n'essaie jamais de faire plus de cinq ou six types de fromages. Je veux préserver notre qualité et notre savoir-faire. » Il y a quelques années, elle a créé un compte Instagram pour partager des photos de son quotidien idyllique avec ses animaux, dans l'espoir de convaincre les nouvelles générations de perpétuer ces traditions. Elle se dit sceptique quant aux résultats : « Les gens sont fatigués de leur travail et de leur vie stressante, alors ils se tournent vers la nature, presque comme si c'était un remède. Mais ensuite, il faut voir s'ils arrivent à suivre le rythme de cette vie. »

Roberta n’y va pas par quatre chemins : l'élevage de bétail, c’est un travail difficile. « Cela demande de l'engagement tous les jours de l'année, dit-elle. Il faut avoir le bon esprit et le bon tempérament pour y arriver. »

Plus de photos ci-dessous :

Veduta-alpeggio.jpg
Certains des pâturages où paissent les vaches de Roberta en été atteignent 2 100 mètres d’altitude.
formaggio alpeggio cuneo .jpg
La famille fabrique une grande variété de fromages au lait cru.
Mucche-alpeggio-roberta.jpg
Les vaches de Roberta descendent dans les plaines pendant la saison froide, lorsque les Alpes sont couvertes de neige.
Eleveuse Alpes 2.jpeg

VICE France est aussi sur Twitter, Instagram, Facebook et sur Flipboard.
VICE Belgique est sur Instagram et Facebook.

]]>
n7vg7xLodovica BoRedazione MunchiesSandra Proutry-Skrzypek MunchiesagriculturebétailAlpesitaliePiémont
<![CDATA[Alicudi et le pain hallucinogène]]>https://www.vice.com/fr/article/wx8agw/alicudi-et-le-pain-hallucinogeneTue, 16 Mar 2021 08:47:17 GMTAlicudi est une petite île volcanique située au nord de la Sicile, dans l'archipel des Éoliennes. « Il est difficile de voir quelque chose de plus triste, de plus sombre et de plus désolé que cette malheureuse île, écrivait Alexandre Dumas à son sujet en 1835. C'est un coin de la terre oublié lors de la création, et resté tel qu’il était du temps du chaos. »

Il n'y a pas de voitures à Alicudi, et la seule zone habitée de l'île est accessible par des escaliers en pente gravés dans la roche. Les habitants, pour la plupart des pêcheurs ou des bergers, comptent sur les ânes pour transporter les lourdes charges depuis et vers le village. Malgré sa taille et son paysage austère, la petite île s'est fait un nom, mais pas pour sa beauté sauvage ou son atmosphère paisible : depuis le début du vingtième siècle, on raconte qu’il s’y passe des choses étranges.

Tout a commencé entre 1903 et 1905, lorsque les habitants d’Alicudi ont commencé à avoir des visions : des sorcières faisant des banquets sur des plages isolées, des sacs de toile de jute qui parlent, des femmes qui se voient pousser des ailes et qui s'envolent dans le ciel pour faire leurs courses. Des fantômes, des clowns et des galets tombant du ciel. Et selon les experts, tout cela pourrait avoir un rapport avec le pain local.

Isola Alicudi allucinazioni segale cornuta.jpg
La plupart des habitants d'Alicudi sont des pêcheurs.

À l'époque, le seigle était un produit essentiel de la cuisine locale et servait notamment à fabriquer du pain et des biscuits. Malheureusement, le seigle est également susceptible d'être infecté par un champignon appelé l’ergot, également connu sous le nom scientifique de claviceps purpurea. Lorsqu'elle est infectée, la plante pousse avec de petites pointes noires sur sa tête. L'ergot produit un alcaloïde appelé acide lysergique, qui est aussi le composé de base du LSD. En bref, l'ergot fait triper.

La population de l'île était alors assez pauvre et ne pouvait pas se permettre de jeter la nourriture. Appelé « tizzonara », ou « cendres », dans le dialecte local en raison de sa couleur noire, le seigle infecté était sans doute broyé dans le moulin de la ville pour fabriquer de la farine. Il est possible que ce processus ait contaminé les entrepôts pendant des décennies.

« Il semble que ce soit les Britanniques qui l'aient apporté sur l'île », explique l’anthropologue Paolo Lorenzi, qui a passé huit mois à Alicudi en 2018 pour étudier ce cas dans le cadre de sa thèse à l’université « La Sapienza » à Rome. « Ils venaient dans ces régions pour acheter du raisin Malvasia qui leur servait à fabriquer du sherry et de l'absinthe. » Les bateaux britanniques faisaient principalement du commerce dans les grands ports de Messine et de Palerme et passaient par l’archipel des Éoliennes en chemin.

Mais d'autres experts pensent que l'infestation pourrait avoir commencé bien avant le début des années 1900 et s'être poursuivie bien après. L'anthropologue Macrina Marilena Maffei, spécialiste des mythes et légendes des îles Éoliennes, a interrogé des habitants âgés de la région dans les années 1990 et 2000. Elle pense que l'ergot aurait pu être autrefois courant dans tout l'archipel et que l'infestation pourrait remonter à plusieurs siècles.

Alicudi segale cornuta.jpg
Un graffiti sur un mur de l'île fait allusion aux hallucinations.

Au sein de cette petite communauté isolée, les habitants partageaient entre eux leurs visions hallucinatoires, et certains croient encore aujourd'hui que les sorcières et les fantômes étaient réels. D'autres superstitions et mystères de l'île ont également survécu, comme le raconte le documentaire de 2007 L'isola analogica (« L'île analogique »), du grec « ana-logos » qui signifie « au-delà de la logique ». Le nom du documentaire ne fait pas seulement référence au mode de vie sans technologie des habitants, mais aussi à leur relation compliquée avec la réalité et leur goût pour la superstition.

Par exemple, sur l'un des plus hauts sommets de l'île se trouve une église dédiée à Saint-Barthélemy, à laquelle on ne peut accéder qu’en gravissant 820 marches très raides. Les habitants ont donc déplacé la statue du saint dans une autre église, plus proche du village. Depuis, les habitants affirment qu'entre le 20 et le 24 août, jours consacrés à la fête de l’apôtre, de graves accidents continuent de se produire autour d'Alicudi, notamment des noyades de plongeurs et des chutes mortelles de touristes.

L'île est également souvent frappée par des tornades qui peuvent se former assez rapidement et prendre les habitants au dépourvu. Selon une autre légende de l'île, il existe une formule magique qui permet de « couper » la tornade en deux afin qu’elle se disperse dans l'air. L’incantation se transmet de génération en génération, souvent la veille de Noël.

ergot alicudi.jpg
Les marches qui mènent jusqu'au plus haut sommet de l'île.

« Si vous étiez venu ici il y a 30 ans, vous auriez constaté que la réalité fonctionne différemment ici », affirme un habitant anonyme interviewé dans le documentaire de 2007. Même si la plupart des histoires se concentrent sur ces trois années du début du XXe siècle, il est largement admis que des générations entières ont consommé des produits de seigle contaminés.

Comme les habitants de l'île ont pris le composé psychédélique sans le savoir, ils n'étaient pas préparés aux hallucinations. Cela a rendu ces expériences encore plus réelles et intenses pour eux. « Pour se sentir maître de soi pendant un trip au LSD, il faut développer certaines compétences. Et ces compétences leur sont restées », poursuit l'homme dans le documentaire.

alicudi fantasmi pescatori.jpg
Un pêcheur de l’île.

Mais tout a changé dans les années 1950, comme l'explique Lorenzi, lorsque l'île a accueilli ses premiers touristes. « En raison de sa nature mystique et isolée, Alicudi est devenue un lieu de prédilection pour les hippies », dit-il. Ils ont écouté les histoires des habitants et ont reconnu les signes révélateurs d'un trip sous acide. « Pour les habitants de l'île, c'était normal, mais ce sont les touristes qui leur ont fait comprendre qu'ils avaient eu des hallucinations psychédéliques, poursuit Lorenzi. Ainsi, leurs récits sont aujourd'hui influencés à la fois par des explications scientifiques et par leur propre perspective magique. »

Finalement, l'église locale a déclaré que le pain au seigle était « le pain du diable » et les gens l'ont évité jusqu'à sa disparition totale dans les années 1960. Mais des années plus tard, les résidents les plus âgés racontent encore les histoires de ces étranges visions. La nuit, l'obscurité qui englobe l'île ne fait qu'alimenter les illusions et le mystère.

VICE France est aussi sur Twitter, Instagram, Facebook et sur Flipboard.
VICE Belgique est sur Instagram et Facebook.

]]>
wx8agwAndrea StrafileRedazione MunchiesSandra Proutry-SkrzypekLSD MunchiesSicileergothallucinationssuperstitiondrogue
<![CDATA[Le champagne LIDL est-il trop beau pour être vrai ?]]>https://www.vice.com/fr/article/y3g4kx/le-champagne-lidl-est-il-trop-beau-pour-etre-vraiFri, 12 Mar 2021 08:41:01 GMTJe ne dis jamais non à une coupe de champagne. En tant que connaisseur et amateur de vin (aussi prétentieux que cela puisse paraître), je sais deux ou trois choses sur le sujet : par exemple, qu'il n'est pas censé coûter 13,99 euros, comme c’est le cas du Comte de Senneval que l’on trouve parfois chez LIDL.

En général, les champagnes premiers prix vendus dans les supermarchés sont les entrées de gamme des grandes maisons – Moët & Chandon, Mumm, Veuve Clicquot – et leur prix varie entre 22 et 30 euros. Les bouteilles fabriquées par les petits producteurs, les « récoltants-manipulants », ne sont généralement disponibles que chez les cavistes, à partir de 30 euros environ. Mais ces dernières années, les géants du discount ALDI et LIDL ont fait leur entrée dans le monde prestigieux de la production de champagne, en proposant tous deux des prix inférieurs à ceux de la concurrence, même la moins chère. Le champagne Monsigny d'ALDI, également vendu au prix de 13,99 euros, a fait l'objet de beaucoup de hype et a été récompensé, mais lorsque les experts et les amateurs comparent les deux produits, l'offre de LIDL a tendance à l'emporter.

L'étiquette porte la mention « Comte de Senneval », mais il n'existe aucun producteur de ce nom. Il est en fait élaboré à Épernay par la Maison Burtin, qui produit notamment le champagne Alfred Rotschild et qui est attachée au groupe Lanson-BCC. Peut-être que la Maison Burtin ne voulait pas que son nom soit associé à la grande distribution, ou peut-être que LIDL voulait une étiquette à la consonance plus sophistiquée. Quoi qu’il en soit, le produit est estampillé « MA » (Marque Auxiliaire) et vendu uniquement chez LIDL. Il s’agit d’un assemblage classique de trois cépages typiques de la région : pinot noir, pinot meunier et chardonnay. Sur le papier, il a tout bon.

Champagne economico.jpg
Le premier verre.

Je décide de mettre le champagne à l'épreuve en recrutant quelques amis pour une dégustation à l'aveugle. Je leur sers le Comte de Senneval dans des verres fantaisistes, afin de ne pas attirer les soupçons. La bouteille est facile à ouvrir et lorsqu'on la verse, elle produit beaucoup de bulles, ce qui est bon signe. La couleur a une belle teinte rose dorée, ce qui indique que beaucoup de raisins noirs ont été utilisés dans l'assemblage. L'odeur est assez neutre, avec des notes de fraise et de croûte de pain, ce qui veut dire que le vin a été brassé avec une levure spécialement sélectionnée pour lui. Les premières gorgées ne sont pas désagréables ; peut-être un peu sucrées, mais personne ne semble sourciller.

Le deuxième verre, en revanche, passe assez mal. Dès qu'il se réchauffe un peu, le Comte de Senneval se dégrade nettement. Il est moins pétillant et son goût devient dense et trop sucré. Sans entrer dans les détails techniques, disons que j’ai l’impression de manger un yaourt à la fraise allégé. Avec des bulles. La teneur en sucre du produit tente clairement de masquer certains de ses défauts, mais cela ne fonctionne que lorsqu’il est frais.

Champagne-LIDL-comte.jpg
L’étiquette.

Je décide de reboucher la bouteille et de la remettre au frais. Dès qu'il entre en contact avec l'air, le champagne commence à s'oxyder, un processus qui modifie son goût. Le lendemain, je change de méthode et je le verse dans un verre plus étroit, ce qui permet aux bulles de moins se disperser et de préserver les arômes.

Verdict : ce champagne est buvable, mais ne vous attendez pas à impressionner les connaisseurs. À ce prix-là, vous pouvez facilement trouver un meilleur prosecco si vous cherchez quelque chose de pétillant. Mais si vous aimez l'idée de boire du champagne avec votre budget bière, alors il fera très bien l’affaire. Servez-le bien frais, gardez-le dans de la glace et utilisez une flûte au lieu d'un verre à vin générique : croyez-moi, cela fera une grande différence.

VICE France est aussi sur Twitter, Instagram, Facebook et sur Flipboard.
VICE Belgique est sur Instagram et Facebook.

]]>
y3g4kxMatteo BuffoloRedazione MunchiesSandra Proutry-Skrzypek MunchiesdiscountChampagneAlcoolLidlsupermarché