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La mosquée Ahl-Ill Bait assure qu'elle veut bien voir des femmes sur un chantier voisin

Personne ne semble savoir si une mosquée a réellement exigé que des femmes soient expulsées d’un chantier de construction avoisinant.
Capture d'écran | Google maps

Une mosquée de Montréal nie avoir demandé à un entrepreneur en construction d’empêcher des femmes de travailler sur le chantier avoisinant le lieu de culte. Un reportage de la chaîne TVA Nouvelles publié mardi affirmait que la mosquée Ahl-Ill Bait ne voulait pas la présence de femmes à proximité le vendredi, jour de prière pour les fidèles.

La mosquée est située dans l’arrondissement Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce. Le chantier de construction en face de l’établissement, actif depuis un peu plus d’un mois, est celui de la compagnie d’hydro-excavation G-Tek.

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Me William Korbatly, l’avocat qui représente la mosquée, explique qu’elle avait seulement signé un contrat de servitude avec la Ville de Montréal. Elle n’était pas directement liée à l’entreprise G-Tek.

« On tente de contacter l’entrepreneur pour mieux comprendre la situation », indique M. Korbatly. Il dit que la mosquée ne sait toujours pas qui aurait pu faire de telles allégations.

En plus de la mosquée qui nie, le président de la Commission des services électriques de Montréal (CESM) et gestionnaire du chantier, Serge Boileau, a affirmé à La Presse n’avoir jamais reçu de demandes officielles concernant l’exclusion des femmes du chantier à proximité de la mosquée. Toujours selon La Presse, la personne responsable de surveiller le chantier est une femme. Elle n’aurait jamais été mise au courant de cette demande alléguée.

Quelqu’un a-t-il vraiment empêché des femmes de travailler sur le chantier?

L’identité de la personne qui aurait demandé que les femmes ne travaillent pas sur le chantier est incertaine. Dans son texte actuel, TVA Nouvelles affirme que ce sont « les dirigeants de mosquées » qui seraient à l’origine de la demande. Mais dans la version du texte publiée hier, il était écrit que c’était le propriétaire :

« Celui qui possède notamment la mosquée Ahl-Ill Bait […] a d’abord demandé à l’entrepreneur de ne pas faire de travaux le vendredi pour ne pas nuire au jour de la prière. […] Il a ensuite réclamé que les femmes ne soient pas visibles les vendredis sur les chantiers à proximité des deux mosquées. Cette clause est d’ailleurs écrite noir sur blanc dans le contrat signé par l'entrepreneur. »

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Ce passage a été modifié par la suite et la clause mentionnée ne concerne même plus la présence de femmes. En effet, il serait maintenant simplement question d’un engagement du constructeur à ne pas faire de bruit le vendredi.

La mosquée Ahl-Ill Bait s’est défendue sur sa page Facebook, mentionnant qu’elle « n’a jamais été contactée à ce sujet ». Dans le communiqué publié ce matin, le vice-président de la mosquée, Moayed Altalibi, mentionne que les relations avec l’entrepreneur étaient harmonieuses depuis le début des travaux.

« Les déclarations contenues dans le reportage concernant l’exclusion des femmes sur le chantier sont non seulement fausses, mais alimentent le cynisme et porte préjudice à toutes les communautés », soutient la mosquée dans le communiqué de presse.

Parmi les femmes dont il est question dans le reportage de TVA Nouvelles, certaines étaient des employées de Map Signalisation, dont le rôle était d’assurer la signalisation sur le chantier.

« La première journée, elle a été accompagnée d’un travailleur de G-Tek », explique le PDG de la compagnie Map Signalisation Marc-Alexandre Perrault en entrevue téléphonique. « La deuxième semaine, je n’étais pas là. À la suite des demandes du contracteur, mon remplaçant a suivi les ordres du client et a envoyé un homme au lieu d’une femme. »

Chez G-Tek, personne n’était en mesure de répondre aux questions de VICE.

Des manifestations sont prévues vendredi devant la mosquée à l’heure de la prière afin de protester contre l’exclusion des femmes du chantier alléguée. Sylvain Maikan, un des dirigeants du groupe d’extrême droite La Meute, a fait un appel à la mobilisation déclamant que « ce genre de discrimination est inacceptable au Québec ».

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