Avec ceux qui passent Noël seuls

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Avec ceux qui passent Noël seuls

On a demandé à plusieurs personnes de nous évoquer leurs fêtes de fin d’année placées sous le signe de la solitude.

S'il y a bien une chose que votre entourage, les publicités et les films vous rabâchent ad nauseam, c'est que Noël est une période difficile pour les personnes seules. C'est un fait : la société attend de la plupart des êtres humains qu'ils passent leurs fêtes de fin d'année en compagnie d'autres êtres humains. Il existerait donc une « bonne manière » de fêter Noël – et celle-ci ressemblerait en tous points à un certain film de Richard Curtis.

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Mais qu'en est-il des personnes qui considèrent Noël comme n'importe quelle journée de merde ? On a contacté des gens qui passent – ou ont passé – leurs fêtes seuls afin qu'ils nous racontent leur expérience.

« À une époque, j'adorais revenir dans ma ville natale pour retrouver mes amis et ma famille. Et puis j'ai divorcé et vécu une rupture très difficile après ça, juste au moment où mes proches se sont tous casés. L'année dernière, mes amis avaient tous des plans pour le fêter ailleurs. Je n'ai jamais eu autant l'impression d'être un échec qu'en rentrant chez moi seule, divorcée et sans enfant.

L'année suivante, j'ai décidé de rester à Londres toute seule. Plusieurs personnes m'ont proposé de me joindre à elles, visiblement attristées par ma décision. Le truc, c'est que j'étais vraiment excitée par cette idée. Le matin, j'ai fait une petite promenade, avant d'acheter toute la nourriture que j'aimais. J'ai passé un coup de fil à ma famille, puis je suis rentrée chez moi. J'ai préparé le dîner à mon rythme, sur fond de Frank Sinatra. Je me suis sentie en paix – tout se passait comme je le voulais.

Je pense qu'il est important de savoir qu'on peut célébrer des occasions comme Noël ou son anniversaire différemment. Noël me rappelle désormais à quel point je suis honnête avec moi-même – je n'ai pas à suivre une tradition ou à respecter des conventions sociales si celles-ci ne me conviennent pas. » Laura, Ramsgate

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« Je travaille le 24 et le 25 décembre. Sachant que mon colocataire rentre chez lui pour Noël, je serai tout seul à l'appartement. Je travaille au NHS [le système de la santé publique aux Etats-Unis], qui organisait un dîner de Noël tous les ans. Il y avait un buffet à la cantine, gratuit pour tous les employés. Cette année, des chirurgiens avaient même prévu de découper la dinde avec leurs scalpels. Mais nous avons été victimes de coupes budgétaires, et ce petit buffet annuel a finalement été annulé.

Avant, ça ne me dérangeait pas vraiment de bosser la nuit ou pendant les fêtes. Je me disais que moi et mes collègues, on était dans la même galère. On se serrait les coudes et ça nous rapprochait pas mal. Mais maintenant qu'on nous impose de travailler ces jours-là, tout le monde commence à ressentir de la rancœur. Et cette année, c'est mon cas aussi. » – Chris, Londres

« Au cours de mon enfance, je n'ai jamais vraiment fêté Noël ou mon anniversaire. Ma mère est témoin de Jéhovah et mon père vit à l'étranger. J'ai quitté ma maison à l'âge de 13 ans, et j'ai passé de nombreux Noëls tout seul. Je suis un peu considéré comme le canard boiteux de ma famille parce que je suis queer. Ma grand-mère est aussi souvent laissée de côté parce qu'elle est très vieille – j'ai donc passé mes derniers Noëls avec elle.

Je pense qu'il est important de faire un choix conscient – il ne faut pas fêter Noël d'une manière ou d'une autre à cause de la pression sociale. Avant, je voyais même ça comme une aventure. J'allais réserver une chambre à l'hôtel, ou je partais à la découverte d'un nouvel endroit. Une fois, j'ai passé Noël à Glasgow et manqué de mettre le feu à mon hôtel parce que j'avais laissé des bougies allumées près d'une guirlande. Après ça, je me suis donné pour mission de trouver des vaches en pleine campagne écossaise, persuadé que ça allait « faire » mon Noël.

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La plupart des gens sont pétris de bonnes intentions, mais ils se disent qu'il faut absolument passer Noël en famille et offrir des cadeaux. Cela implique souvent d'avoir un père et une mère, et une famille financièrement stable. Pour de nombreuses personnes, c'est loin d'être une réalité. » – Charlie, Bristol

« Il y a eu une année où mes parents sont partis chez leurs partenaires respectifs pour Noël, tandis que mon frère le passait chez un pote. J'avais passé les trois Noëls précédents avec mon ex, et je me suis retrouvé tout seul. Je ne l'ai dit à personne, car je n'avais aucune envie que qui que ce soit m'invite par pitié.

J'ai passé la veille de Noël en ville avec des amis, et je me suis beaucoup amusé. Je suis rentré vers 4 heures du matin et j'ai décidé d'ouvrir mes cadeaux à ce moment-là, juste avant de me coucher. Et puis je suis resté assis pendant des heures, à fumer des cigarettes et boire du whisky.

Le lendemain, j'avais l'impression d'être une merde – pas parce que j'avais la gueule de bois, mais parce que j'avais un petit coup de déprime. Je me suis réveillé en plein après midi, et j'ai passé le reste de la journée au lit. Je me suis demandé comment j'avais pu en arriver là – j'avais 30 ans et j'étais seul pour Noël.

Depuis, je le fête chez mon père tous les ans. On se bourre la gueule ensemble, et je me dispute avec mes frères et sœurs sur des sujets politiques. C'est sympa comme tout, mais je me rends compte que ce n'est pas nécessaire d'attendre Noël pour le faire. C'est comme si on se forçait à être heureux à ce moment de l'année. En revanche, j'ai toujours très hâte de revoir mes amis dans ma ville natale – c'est ma partie préférée. » – Scott, Peterborough

Ella Strickland de Souza / @hazelsheffield