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Fail

Une start-up qui a créé une machine à jus à 400 $ s’est elle-même déjouée

Tout l’internet s’est moqué de l’entreprise après les révélations.

La première question de la FAQ du site web de Juicero est : « Comment fait-on du jus? » La réponse est divisée en plusieurs étapes détaillées : sortir un sachet de Juicero du réfrigérateur; placer correctement le sachet dans la machine Juicero à 400 $; le fixer à l'aide de deux crochets à l'intérieur; appuyer sur le bouton de mise en marche. Cependant, Bloomberg a découvert qu'il y a une autre marche à suivre plus simple en une étape : presser le sachet avec vos mains. La dispendieuse machine est inutile.

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Juicero a été le chouchou de la Silicon Valley pendant presque un an. Les investisseurs lui ont donné plus de 120 millions de dollars. Le fondateur de l'entreprise, Doug Evans, prêche depuis longtemps en faveur des jus biologiques fraîchement pressés à froid; il avait auparavant lancé la chaîne de bars à jus Organic Avenue. Après s'être ensuite penché sur la préparation de jus maison, il a conçu Juicero, qui devait être au jus ce que les machines à café Keurig sont au café. À l'exception du prix : le prix de la machine au lancement était de 699 $. Elles se détaillent maintenant 400 $.

Dans un article du New York Times du mois dernier, on raconte que M. Evans a commencé à embaucher des ingénieurs en logiciel, des ingénieurs en mécanique, des scientifiques en produits alimentaires et des concepteurs d'application pour perfectionner la machine à jus. « Il s'est très vite rendu compte qu'il avait besoin de plus d'argent. Le problème des composantes de la machine était complexe, mais maîtrisable. C'est le logiciel, les installations de production, les tests électriques et un millier d'autres aspects qui requéraient plus de personnel. » En d'autres mots, produire cette machine à jus était compliqué et coûtait une fortune.

« J'ai travaillé sur ce projet pendant des mois sans en parler », a-t-il raconté en septembre dernier à la balado Too Embarrassed to Ask. « Une centaine de personnes y ont travaillé. Pour moi, c'est l'une des plus importantes inventions pour la santé humaine à l'échelle planétaire. » Ce qu'on entend derrière, c'est le vaccin contre la polio qui éclate de rire.

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Cette déclaration dénoterait une folie des grandeurs même si la machine Juicero était à la hauteur de ce qu'avait imaginé son concepteur. Mais ce n'est pas le cas. Bloomberg a parlé avec des investisseurs déçus que leur argent ait été englouti dans ce qui est essentiellement un presse-papier connecté à 400 $ pièce.

« Bloomberg a réalisé son propre banc d'essai, qui opposait la machine Juicero et une journaliste, ont écrit Ellen Huet et Olivia Zaleski. L'expérience a montré qu'en pressant le sachet avec les mains, on obtenait presque la même quantité de jus en à peu près autant de temps – certaines fois en moins de temps qu'avec la machine. » En d'autres mots, la machine à jus – qui selon son concepteur génère une pression de quatre tonnes, soit assez pour soulever deux Teslas – ne sert à rien du tout.

Juicero défend son produit et assure – sans rire – que la machine reste indispensable. D'abord, on ne peut recevoir les sachets que si l'on a acheté la machine… Ensuite, « elle lit le code QR derrière le sachet pour confirmer à partir d'une base de données en ligne que le contenu n'est pas périmé ou n'a pas fait l'objet d'un rappel ». Mais, bon, la date d'expiration est aussi indiquée sur le sachet.

Cette histoire est une fable contemporaine riche en enseignements pour les investisseurs en capital-risque. Et l'internet se roule sur le plancher.