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Le gouvernement britannique veut interdire les sextos aux ados

Le phénomène grandissant du « sexting » chez les mineurs a entraîné une hausse du harcèlement en ligne et aurait une influence néfaste sur la santé mentale des adolescents.

Le gouvernement britannique veut que les mineurs arrêtent de s'envoyer des « sextos ». Interrogé sur les mesures à mettre en place, le ministre de la Santé estime que les entreprises technologiques peuvent « faire des choses vraiment intelligentes » pour mettre fin à cette pratique. Cette vague explication ne convainc pas les experts qui pensent que mettre un terme à la pratique du « sexting » est à la fois impossible, et risquerait de criminaliser les adolescents.

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Le ministre de la Santé, Jeremy Hunt, a détaillé son plan cette semaine devant la commission chargée de la santé du parlement britannique.

« Je pense que les entreprises de réseaux sociaux doivent prendre les devants et nous montrer qu'elles peuvent être la solution à ce problème de santé mentale chez les adolescents, et non plus la cause du problème, » a dit Hunt.

« C'est faisable, mais cela va être très compliqué, » explique à VICE News, Alicia Kearns, directrice chez Global Influence et qui a travaillé pour le gouvernement britannique. « Je pense que c'est impossible à faire sans un gros investissement, des embauches, et beaucoup d'argent. Je pense aussi qu'il y a des choses plus urgentes à faire. »

Le phénomène grandissant du « sexting » chez les mineurs a entraîné une hausse des cyberbrimades et aurait une influence néfaste sur la santé mentale des adolescents, particulièrement si les images intimes sont partagées d'un peu partout sans le consentement de la personne photographiée.

Si la majorité sexuelle est fixée à 16 ans au Royaume-Uni, il est illégal d'envoyer des images explicites — même de soi — à un mineur. Robert Conway, un avocat britannique du cabinet Vardags, nous explique que de nouvelles mesures pourraient criminaliser des jeunes gens, alors qu'il existe déjà des lois pour punir ce genre de fait.

« Le Service des poursuites judiciaires de la Couronne (CPS) est très clair, » indique Conway « Il existe déjà des lois qui permettent de punir le harcèlement en ligne. »

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Le gouvernement va devoir choisir entre trois options différentes s'il veut essayer d'interdire les sextos aux mineurs.

La première option est d'appliquer un filtre parental similaire à celui que beaucoup de fournisseurs Internet proposent déjà pour permettre aux familles de bloquer l'accès à certains sites.

Puisque le sexting est principalement pratiqué sur des applications de messagerie comme Snapchat, Yellow et WhatsApp, il est techniquement possible d'appliquer un filtre. Mais même avec des intelligences artificielles avancées, le filtre peut toujours mal interpréter le sens des mots et des images. De plus, ces applications ne vérifient pas l'âge de leurs utilisateurs, donc tout le monde pourrait se retrouver bloqué par le filtre.

La deuxième option est de mettre en place un véritable système de vérification de l'âge des utilisateurs de ces applications. Le gouvernement a déjà mis en place cette solution pour les sites pornographiques, et la National Society for the Prevention of Cruelty to Children (NSPCC) a appelé les autorités à en faire de même pour les applications.

Pour que cela fonctionne, il faudrait que les opérateurs téléphoniques soient en mesure de vérifier l'âge de leurs clients. Quand bien même, Kearns pense que les ados trouveraient le moyen de contourner cette disposition. « Si vous interdisez WhatsApp et Snapchat, les gens vont se tourner vers des plateformes cryptées, louches ou même illégales pour continuer à faire la même chose. »

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La dernière solution revient à copier ce que fait la Chine, où le gouvernement a criminalisé le sexting en 2010. Les autorités ont recruté d'énormes équipes pour surveiller tous les contenus partagés sur les applications de messagerie instantanée. Si un contenu interdit est repéré, le compte de celui qui l'a envoyé se retrouve suspendu.

En plus des problèmes de vie privée que ce système pose, cela prendrait un temps fou à la police, puis les adolescents finiraient par trouver un moyen de passer outre.

« Imposer une interdiction générale sur les réseaux sociaux pour les mineurs est impossible et sent à plein nez la manoeuvre politicienne, » estime James Kirkham, ancien directeur des réseaux sociaux pour l'agence de publicité Leo Burnett.

Dans tous les cas, les applications que le gouvernement voudrait modifier sont peut-être déjà trop mainstream pour les adolescents qui s'envoient des photos intimes. WhatsApp, Facebook et Snapchat ont un nouveau concurrent : Yellow.

Cette application, surnommée le « Tinder pour enfants », est très populaire sur l'App Store d'Apple. Elle permet aux utilisateurs de se connecter entre eux de manière anonyme (sans vérification d'âge). Pour certains critiques, l'application serait devenue le terrain de chasse des pédophiles.

« Toutes les applications qui permettent à des anonymes d'envoyer des photos à des enfants, ou vice versa, est préoccupante — particulièrement si ces images sont à caractère sexuel, » a indiqué la NSPCC au début du mois.

Yellow fait savoir qu'elle travaille sur une nouvelle version pour empêcher aux adultes d'échanger avec des enfants. Mais l'absence de dispositif de vérification d'âge laisse penser que tout changement ne sera que purement cosmétique.


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