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Burundi

Les auteurs du putsch avorté au Burundi veulent chasser Nkurunziza « par la force »

Ce lundi, un sommet est-africain est ouvert pour trouver une issue à la crise burundaise. La veille, un ancien leader du coup de force manqué du mois de mai a revendiqué des attaques récentes à travers le pays.
Pierre Longeray
Paris, FR
Image via VICE / Stéphane Puccini

Un nouveau sommet des États d'Afrique de l'Est (EAC), consacré à la crise qui agite le Burundi depuis fin avril, s'ouvre ce lundi à Dar es Salaam, en Tanzanie. Il s'agit du troisième du genre. Il se tient sans le président en exercice du Burundi, Pierre Nkurunziza, candidat à un troisième mandat consécutif — jugé inconstitutionnel par l'opposition. Cette opposition est quant à elle bien représentée en Tanzanie.

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Les élections législatives et communales burundaises se sont déroulées lundi dernier, le 29 juin, alors que les présidentielles sont toujours prévues pour le 15 juillet. Les résultats complets des élections de la semaine passée ne sont toujours pas connus. SOS Médias Burundi, qui se présente comme un collectif de journalistes indépendants réunis depuis le début de cette crise, a néanmoins communiqué des résultats pour la province, ce lundi midi. Il donne un taux de participation de 34,81 pour cent pour la seule province, hors Bujumbura, la capitale du pays. Aucun chiffre n'a été donné par les autorités qui n'ont pas commenté les chiffres de SOS Média Burundi. Depuis mercredi 1er juillet, des violences agitent à nouveau le pays, après une légère accalmie le jour du vote.

À lire : Une journée de vote au Burundi

Une partie des violences qui touchent le Burundi, depuis le début de la crise en mai, pourraient être du fait de l'opposition. Ce dimanche, le général Léonard Ngendakumana, bras droit de Godefroid Niyombare (à l'origine de la tentative de putsch du 13 mai, qui avait finalement avorté) a annoncé sur la chaîne kényane KTN, être derrière de récentes attaques dans le pays, sans entrer plus avant dans les détails.

Ngendakumana a expliqué que ces actions devraient s'intensifier pour faire comprendre « par la force » au président en exercice qu'il ne doit pas se présenter à un troisième mandat. De nombreuses villes — mais principalement Bujumbura, la capitale du pays, ont été dernièrement des cibles d'attaques à la grenade.

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Mardi 30 juin, le chef de la police adjoint de la commune contestataire de Cibitoke avait été tué par balle, ce qui avait déclenché une opération de police le lendemain. 6 civils auraient été tués lors de cette opération de police. Les forces de l'ordre auraient neutralisé « un groupe armé et découvert une cache d'armes, » comme l'indique RFI. La situation restait encore tendue ce week-end à Cibitoke, et notamment le quartier de Mutakura, où les fouilles de la police ont fait fuir nombre d'habitants, comme a pu l'observer ce samedi Sonia Rolley, journaliste pour RFI, présente au Burundi.

— Sonia Rolley (@soniarolley)July 4, 2015

Lors du précédent sommet des pays d'Afrique de l'Est (qui comprend le Burundi, le Kenya, le Rwanda, la Tanzanie et l'Ouganda), le 31 mai dernier, des recommandations avaient été faites au pouvoir burundais : repousser les élections, procéder à un désarmement des milices et dialoguer avec l'opposition. Aucune de ses recommandations n'a été satisfaite pour le moment.

Ce lundi, c'est le ministre des Affaires étrangères du Burundi, Alain Aime-Nyamitwe, qui est sur place à Dar es Salaam, pour représenter Nkurunziza, alors que ses opposants se sont déplacés en nombre. Jean Minani, candidat à la présidentielle et opposant, explique à la radio RFI qu'il « faut commencer à prendre des sanctions » contre le gouvernement en place et contre Nkurunziza. Pour Agathon Rwasa, principal leader de l'opposition, « Il faut que la communauté est-africaine se joigne à toute la communauté internationale pour condamner les élections organisées de façon unilatérale, » indique-t-il à RFI.

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Regardez notre documentaire  : Silence Radio - Menaces sur les journalistes indépendants du Burundi.

Ce samedi, Pie Ntavyohanyuma, président de l'Assemblée burundaise, et Gervais Rufyikiri, le deuxième vice-président de la République — qui ont trouvé refuge en Belgique — avaient adressé une demande d'intervention aux chefs d'États de l'EAC. Ils réclament notamment que Nkurunziza retire sa candidature parce qu'elle est « inconstitutionnelle et non conforme aux accords d'Arusha, » et de ne pas reconnaître les résultats des élections du 29 juin qui « étaient ni crédibles, ni libres, ni inclusives. »

Les Nations Unies sont arrivées à une conclusion similaire, jeudi 2 juillet, déclarant que les élections qui s'étaient tenues 3 jours plus tôt n'étaient pas libres ou crédibles.

.— UN Political Affairs (@UN_DPA)July 2, 2015

Le parti au pouvoir a demandé, ce dimanche, au médiateur envoyé par l'ONU de se retirer. Abdoulaye Bathily est arrivé il y a seulement deux semaines. Le CNDD-FDD a fait savoir que Bathily « manquait de respect pour la souveraineté du pays, » alors que le mois dernier, le précédent médiateur — le diplomate algérien, Said Djinnit — avait lui dû quitter le pays après avoir été accusé d'être pro gouvernement par les opposants.

Plutôt que se rendre à Dar es Salaam ce lundi, le président Nkurunziza a préféré rester au Burundi pour continuer sa campagne électorale — montrant qu'il n'avait aucune intention d'abandonner le pouvoir. Preuve de son intention de se tenir au calendrier électoral, les bulletins de vote pour les présidentielles sont déjà arrivés.

— Sonia Rolley (@soniarolley)July 4, 2015

Le président continue de mener sa campagne à travers le pays, malgré les manifestations. Selon la radio RFI, le président fait des meetings éclairs de 30 minutes où il décline les mêmes thèmes : démocratie, paix et développement, avant de repartir vers une autre ville. Pour accompagner l'effort de campagne, le Bureau Presse et Communication de la présidence du Burundi a diffusé, ce samedi 4 juillet, un clip de campagne pour le candidat Nkurunziza, intitulé Un homme de paix.

Suivez Pierre Longeray sur Twitter @PLongeray