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Du pinard contre le COVID-19

Des chercheurs américains prétendent que deux espèces de raisin contiennent des molécules qui gênent le SARS-C.
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Marché aux vins, Beaune. Travelwide / Alamy Stock Photo.

Fût un temps, une visite chez le médecin pouvait vous valoir une belle prescription de pinard. Les textes de Gallien et Hippocrate montrent que les Grecs antiques traitaient toute sorte de maux grâce au fruit de la vigne et du travail des hommes : du vin rouge épais pour les saignements de nez, du vin pur pour les maux de têtes et les maladies cardiaques… Au deuxième siècle, Soranos recommandait même aux femmes allaitantes de consommer du vin blanc pour fortifier leurs enfants.

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On retrouve cette relation entre genre de vins et maladies presque deux millénaires plus tard dans les textes de Rabelais. Son fameux Traité de bon usage du vin déborde de recommandations qui laissent entrevoir des convalescences bien enivrées : du mousseux contre le découragement et du Gascogne contre la gale. Et si vous n’êtes pas malade, assure l’humaniste, c’est pareil : « Un vin exquis, bu tripe creuse, renouvelle les forces. [...] C’est pourquoi il convient, dès potron-minet, de se rincer le museau, de s’humecter les poumons, de se laver les tripes : ainsi vous serez fringants et ingambes. »

Cinq cent ans plus tard, vous savez aussi bien que nous que la croyance dans le pouvoir thérapeutique du gros rouge et des ses copains demeure en France. Elle est plus diffuse, certes, mais elle demeure, comme le montre la litote habituelle des dîners un peu bourrins : « Un bon Bourgogne, ça ne fait pas de mal. » Promis, même la pire vinasse de la communauté européenne en bouteille plastique avec bouchon à vis renforce le système immunitaire tout en prévenant les maladies cardiovasculaires.

Une récente étude de chercheurs de l’université de Caroline du Nord risque de renforcer ces croyances. Dans Docking Characterization and in vitro Inhibitory Activity of Flavan-3-ols and Dimeric Proanthocyanidins Against the Main Protease Activity of SARS-Cov-2 (bien sûr que nous avons copié-collé), le biologiste Yue Zhu et le biochimiste De-Yu Xie indiquent que deux variétés de muscadines, des raisins que les Américains utilisent comme aliment ou pour faire du vin, pourraient gêner le travail d’infection du virus responsable du COVID-19

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Les molécules en question appartiennent à la famille des polyphénols, que les chercheurs connaissent bien pour leurs effets thérapeutiques divers, notamment anti-oxydants, et leur présence dans le vin. Pour certains, cela signifie que notre boisson nationale est vraisemblablement bonne pour la santé tant qu’elle est consommée en quantité raisonnable. Aussi Denis Blarche, directeur de recherche à l’INSERM, écrit-il : « Une alimentation respectant les grands équilibres nutritionnels, avec une nourriture de qualité et diversifiée, où le vin en quantité modérée peut trouver sa place parmi les légumes et les fruits, peut être une garantie de santé. » 

Selon les chercheurs de l’université de Caroline du Nord, les polyphénols des muscadines concernées pourraient réduire la capacité du virus à se fixer sur les cellules humaines en se liant à l’une de ses enzymes. Cependant, prudence : cette conclusion provient d’expériences en milieu artificiel et non en milieu vivant. N’allez donc pas faire descendre un jéroboam de Bordeaux à mamie pour la protéger de la pandémie, cela lui ferait sans doute plus de mal que de bien. Allez plutôt vous faire vacciner dès que possible, et mamie avec. 

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