En 2016 au Brésil, la « cantine » fait la taille de quatre piscines olympiques, rapporte l'Associated Press. Elle peut accueillir environ 18 000 personnes et servir 210 000 kg de nourriture par jour. Comme lors des précédentes éditions, tout est mis en œuvre pour satisfaire les palais des Olympiens venus bâfrer gratos.LIRE AUSSI : Manger comme un champion de boxe thaï
« Et vu le nombre d'athlètes que le village va accueillir, on peut dire qu'ils ont plus misé sur la quantité que la qualité », soupire Matthieu Péché. Interrogé par MUNCHIES, le céiste, premier athlète français à débarquer au village avec son coéquipier Gauthier Klauss à la fin du mois de juillet, raconte ses premières impressions : « On trouve plusieurs stands de bouffe ; asiatique, brésilien avec de la viande rouge, des haricots ou du manioc, italien avec des pâtes et de la pizza. Après, on n'est pas très aventurier. La dernière fois que j'ai essayé un mélange indien et chinois à Londres, c'était vachement trop épicé pour moi. »Menu validé par un bataillon de diététiciens, options sans gluten, 10 choix de yaourts (aux fruits, sans matière grasse, au lait de soja ou au lait de chèvre), corners halal et casher : les sportifs sont plutôt choyés, insiste Marcello Cordeiro, en charge de l'approvisionnement, toujours dans l'article de l'AP. Pour rassurer les locavores, la plupart de la nourriture vient du Brésil, même si certaines spécialités régionales – notamment le kimchi coréen – ont été importées.Le village de nuit / le plus grand self-service du monde. #TeamFrance ??? pic.twitter.com/O8R1y1h2AK
— Yannick Agnel (@YannickAgnel) August 3, 2016
« On a ramené quelques trucs de France avec nous. Des barres de céréales surtout. Et des Gerblé. Mais le truc le plus important, c'est la cafetière. Parce qu'on a beau dire que le Brésil est le pays du café, on vient depuis avril tester le bassin et je n'en ai pas bu un seul de potable », précise Matthieu. « Au début, certains stands étaient fermés. Il y avait beaucoup d'attente. Au fur et à mesure que les sportifs sont arrivés, ils ont commencé à ouvrir l'ensemble du site. Il y a plus de monde, le débit est plus fluide mais il y a encore des petits moments de panique. Ce matin par exemple, il n'y avait plus de pain. Et l'autre jour, c'était la guerre du Nutella. »On a ramené quelques trucs de France avec nous. Des barres de céréales surtout. Et des Gerblé.
Attention, la gastronomie du village olympique peut aussi se retourner contre les sportifs. Greg Shaw, nutritionniste en chef des nageurs australiens en explique les raisons à USA Today : « C'est un environnement culinaire exceptionnel. Pensez à une sorte de 'self' sous stéroïdes. Il y a un choix démesuré de plats (…) ce qui peut avoir une influence négative sur la performance. »« Contrairement aux cyclistes, on n'a pas de coach en diététique parce qu'on n'a pas besoin de peser aux grammes près ce qu'on mange », ajoute Matthieu. « On fait quand même attention. On a nos petites salades. En 2012, on avait fait le McDo. Mais cette année il est dans la zone internationale. On n'a pas encore eu le temps d'aller voir ce que ça donne. »? Alerte disparition ? récompense à celui qui me trouve du @NutellaFR au village Olympique #Rio2016 ???? — Matthieu PECHE (@MatthieuPECHE) August 3, 2016
En bon sponsor, McDo fait partie de l'histoire des J.O. C'est bien pour ça qu'on se transmet l'anecdote de Maurice Green en train de s'enfiler un Big Mac la veille de sa finale du 4 x 100 m à Athènes (2004). À Sotchi, dix ans plus tard, c'est le skieur acrobatique Torin Yater-Wallace qui est immortalisé sur les réseaux sociaux avec une jolie reconstitution du podium olympique en burgers.Dans sa biographie, Usain Bolt décrit ses habitudes alimentaires à Pékin, avant sa triple médaille d'or et signe une véritable ode aux nuggets.
Mais ce n'est rien à côté de la pub' qu'en fait Usain Bolt dans sa biographie, Plus rapide que l'éclair. Le sprinteur est à Pékin (2008) et raconte ses habitudes alimentaires avant sa triple médaille d'or (100 m, 200 m et 4 x 100 m) en signant une véritable ode aux nuggets.Luh me mac D's who in the mountain village needs some, I'm about to be the supplier pic.twitter.com/sFIkCCoWqh
— Torin Yater-Wallace (@TorinWallace) February 12, 2014
Avant le McDo et l'opulence, le village Olympique a aussi reflété son époque. Lors des Jeux de Londres en 1948, rebaptisé par le Guardian, « J.O. de l'austérité », les athlètes subissent, comme la population, les affres d'une économie dévastée par le conflit mondial. Et ça se sent dans la gamelle. La coureuse britannique Sylvia Cheeseman confiait par exemple au quotidien : « C'était très compliqué de mettre la main sur de la viande même s'il y avait de la baleine qui n'était pas rationnée. C'était immonde mais je devais absolument avoir une source de protéines donc je l'ai mangée. »Lunch time thanks to our Jamaican chef.. pic.twitter.com/JNjkkP1zUu — Usain St. Leo Bolt (@usainbolt) July 31, 2016
À Melbourne, en 1956, ce sont des centaines de chefs qui sont employés pour faire à manger aux athlètes. Parmi eux, beaucoup viennent d'Inde, du Pakistan et de Singapour après avoir bossé dans les cantines de la Royal Air Force ou de la Navy pendant la Seconde guerre mondiale et sont donc totalement compétents pour faire de la bouffe à un grand nombre de gens, rappellent Kirkby et Luckins dans Dining On Turtles : Food Feasts and Drinking in History.Officiellement, l'alcool est interdit dans le village. C'est pour ça que le pub londonien installé en 2012 ne servait que du Coca-Cola et du Powerade. Mais, comme le dit avec malice L'Equipe, « il y a 50 000 manières d'en faire entrer, il faut faire confiance aux athlètes pour avoir de l'imagination », sous-entendu : ça ne boit pas que de l'eau dans les chambres.Officiellement, l'alcool est interdit dans le village.