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Le futur de la contraception : des billes qui piègent les spermatozoïdes

Fourbes, elles se font passer pour des ovules et attirent les spermatozoïdes dans un traquenard.

Des chercheurs ont développé une nouvelle forme de contraception réversible en utilisant des billes qui collent.

Quand elles sont implantées dans l'utérus d'une souris, les billes s'avèrent être de remarquables pièges à spermatozoïdes, empêchant toute fécondation. D'ailleurs, leur fonction est double : elles pourraient également être utilisées pour sélectionner les spermatozoïdes les plus vigoureux dans le cadre d'un traitement contre l'infertilité.

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Afin de mettre au point cette forme de contraception, les scientifiques ont d'abord testé des billes en agarose, des glucides extraits d'algues marines utilisées en laboratoire, et les ont enduits avec le peptide responsable de l'appariement du spermatozoïde à l'ovule, ZP2, aussi connu sous le nom de glycoprotéine 2 de la zone pellucide.

Avant qu'un spermatozoïde ne puisse féconder un ovule, il doit d'abord se fixer sur la matrice extra-cellulaire glycoprotéique connue sous le nom de zone pellucide, qui entoure l'ovule. Une fois que le spermatozoïde a identifié la zone pellucide et s'y est fixé, il peut pénétrer à l'intérieur de l'ovule et la fécondation a lieu.

Matteo Avella, chercheur post-doctoral à l'Institut National de la Santé américain, ainsi que ses collègues se sont inspirés des propriétés de la zone pellucide afin de créer des billes collantes. Leurs recherches sont décrites dans un article publié cette semaine dans la revue Science Translational Medicine.

Quand elles sont implantées dans un utérus de souris, les billes font office de leurres, se faisant passer pour des ovules et piégeant les spermatozoïdes qui tenteraient de les féconder et les empêchant de progresser dans les trompes de Fallope.

« Ces billes collantes pourraient également être utilisées pour sélectionner les spermatozoïdes les plus vigoureux dans le cadre d'un traitement contre l'infertilité. »

Lors de l'expérience initiale qui a permis de fournir une preuve de concept par la suite, l'équipe d'Avella a testé les billes in vitro, à l'extérieur de l'organisme : ils ont prélevé du sperme de souris et des ovules des souris, avant d'inséminer ces derniers. Certains échantillons ont également reçu des billes d'agarose, sans qu'elles puissent toutefois empêcher la fécondation. Cependant, dans les échantillons où les chercheurs ont ajouté le fameux ZP2, ils ont observé une diminution de 7% du taux de fécondation.

Ensuite, les chercheurs ont tenté la même expérience sur des souris. « L'organisme des souris a parfaitement bien toléré les billes, sans douleur pour les souris et sans modification de leur comportement sexuel, » explique le Dr. Jurrien Dean, un collègue d'Avella.

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Les souris se sont accouplées jusqu'à fécondation et naissance d'une portée. La première portée produite par les souris traitées est née six semaines plus tard que la première portée des souris non traitées. Elle est également plus petite que la normale ; cependant, une fois le traitement aux billes interrompu, les portées des souris ont retrouvé une taille standard : cela pourrait indiquer que la méthode de contraception est réversible.

Qu'advient-il des villes ensuite ? Selon le Dr. Dean, elles sont plutôt robustes. Les chercheurs n'ont pas observé qu'elles se dégradaient avec le temps, mais certaines ont disparu, sans doute expulsées par les voies naturelles.

Puisque ces résultats montrent que le peptide ZP2 peut être utilisé pour leurrer les spermatozoïdes, les billes pourraient également aider les chercheurs à identifier les meilleurs spermatozoïdes dans le cadre d'une fécondation in vitro. Les techniques actuelles passent par l'observation des spermatozoïdes au microscope afin d'évaluer leur taille et leur motilité ; une technique lente et onéreuse.

Il faudra bien sûr de nouveaux tests, mais ces résultats montrent que ces billes collantes pourraient être adaptées en une nouvelle forme de contraception, ainsi qu'en nouvel outil de lutte contre l'infertilité.

Le ZP2 pourrait également être appliqué sur d'autres formes de contraception, comme les anneaux vaginaux, pour diminuer encore davantage le risque de grossesse.