L'Indonésie veut interdire des nouilles instantanées jugées trop « porno »

La pornographie est un sujet épineux — non, pas dans ce sens là. Certains peinent à définir le concept et préfèrent se réfugier derrière le vieil adage de Potter Stewart, feu juge assesseur de la Cour suprême des États-Unis ; « Je sais ce que c'est quand j'en ai sous la main ».

Ce qui choque d'un côté de la planète ne fait parfois même pas hausser un sourcil de l'autre. Et ce qui dérange dans un hémisphère s'avère être une simple publicité aguicheuse ailleurs.

C'est ce qui est arrivée le week-end dernier, quand l'Agence nationale indonésienne de contrôle des médicaments et des aliments a brutalement décidé de virer une marque de nouilles minutes des étals. En cause ? Un emballage considéré comme de la pure pornographie par les censeurs d'une nation majoritairement musulmane et conservatrice.

Sur le paquet, une poitrine de femme portant ce que l'on appelle communément un bikini – plutôt sobre, dirons-nous, selon les standards en vigueur. Le modèle tient vigoureusement contre elle des nouilles instantanées sur l'emballage desquelles on peut lire, comble de l'injure pour les autorités indonésiennes, les mots « Remas Aku » affublés d'un coeur. Une phrase qui veut tout simplement dire : « Serre-moi ».

Jajanan yg dibilang "cabul" dan gak layak edar ini udah ada sejak tahun lalu, kenapa pemerintah, aparat, MUI, BPOM, dan media baru heboh sekarang..??? #icipicip #mie #BIhunkeKINIan ?

A photo posted by Evhan Sunandar (@evhan182) on Aug 4, 2016 at 1:52pm PDT

Un attentat à la pudeur ? En Indonésie, plusieurs partis gouvernementaux et groupes religieux y ont vu de la pornographie.

Car la Fondation des consommateurs indonésiens a jugé l'emballage des « nouilles bikini » inapproprié, notamment pour les enfants. L'organisation, connue sous son acronyme YLKI, veut retirer le produit des magasins à l'échelle nationale.

Abdul Rahim, directeur de l'Agence de contrôle, a remis en question, devant les journalistes, les autorisations de distribution reçues par les nouilles instantanées avant leur commercialisation, arguant du caractère « pornographique » de leur packaging. Les pubs en ligne ont déjà été supprimées selon Daniel Tumiwa, président d'OLX Indonesia, groupe spécialisé dans la publicité.

Moins surprenant, un groupe religieux appelé Mozaik Islam a publié sur Instagram son soutien à l'interdiction : « Notre nation est religieuse et elle a des règles… Les parents devraient faire attention avant de choisir de la nourriture pour leurs enfants. » Au cas où vous ne seriez pas au courant, l'Indonésie est le pays avec le plus de musulmans pratiquants en termes de population, malgré le caractère laïc de l'état.

Inikah yang disebut kekinian??? Ini sih bukan kreatif tapi sudah melanggar norma kesusilaan dan bentuk #pornografi,,, aparat penegak hukum harus bertindak. Produsennya harus diberi hukuman. Sebab adanya produk ini yakin saja ada unsur kesengajaan dan pembiaran untuk merusak moral anak di negara ini sejak dini. Dan harusnya Pemerintah tanggap mengenai permasalahan ini. . Bangsa ini adalah bangsa yang beragama dan punya aturan. Jangann merusak generasi bangsa ini,,, . Yuuk para orang tua lebih selektif dalam memilih jajanan untuk anaknya. Sesak hati liat produk yg makin keblinger kayak gini.. #boikot #bikini #bihunkekinian #badanpom . . Follow @Mozaik_Islam @Mozaik_Islam ➖➖➖➖➖➖➖➖➖➖➖➖➖➖➖➖➖➖ Follow @Mozaik_Islam @Mozaik_Islam . . Tag 5 Sahabatmu Semoga Bermanfaat . A photo posted by Mozaik_Islam (@mozaik_islam) on Aug 4, 2016 at 6:53am PDT

Ce n'est pas la première fois que les nouilles minutes se retrouvent la cible des hommes politiques indonésiens. Il y a quelques mois, Arief R. Wismansyah, maire de la ville de Tangerang, avait publiquement déclaré que les nouilles et le lait en poudre risquaient de « transformer les bébés en homosexuels ».

Le futur des « nouilles bikini » paraît assez sombre en Indonésie. Par contre, il y a sûrement moyen de se faire des nouilles en or en lançant les « nouilles col roulé intégral ».