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Avec les adultes qui ont oublié comment s'habiller

D'abord la jambe gauche, toujours. Chaussette, chaussure. Puis la jambe droite. Pour les patients atteints d’une apraxie d’habillage, ces gestes sont tout bonnement impossibles.

« Si tu le laisses faire sans intervenir, il peut se passer un quart d'heure, 20 minutes avant que le patient, qui galère avec son T-shirt, ne s'épuise et le balance en disant "c'est bon je n'y arrive pas". Il est tout simplement incapable de s'habiller. Il va essayer de mettre sa tête par la manche. Il va regarder l'encolure et y passer le bras. Il va retourner le T-shirt dans tous les sens, incapable de l'orienter dans le bon sens. Ce n'est pas comme un enfant qui enfile un vêtement à l'envers. Ici, le patient ne sait vraiment pas par où on doit passer le bras ou la tête pour mettre un T-shirt. Il est perdu. »

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Claire, ergothérapeute, décrit le cas mystérieux d'un patient atteint d'apraxie d'habillage. Durant sa carrière, elle a suivi de nombreuses personnes atteintes de ce trouble pour le moins étrange.

Du grec ancien, a pour la négation, praxis pour action, l'apraxie correspond à « une inhabilité à faire ». Plus précisément, c'est une incapacité à reproduire des gestes conventionnels acquis sans déficit sensori-moteur, sans trouble de compréhension, ni détérioration mentale importante. Ces patients sont capables d'effectuer toutes sortes de tâches complexes, mais ne savent pas comment s'y prendre pour enfiler des fringues. C'est comme s'ils avaient oublié comment faire.

« Un geste symbolique, comme faire chut ou faire coucou, ou des gestes difficiles comme l'utilisation d'un couteau et de ciseaux ne posent pas de problème chez ces patients. Seul l'habillement constitue une difficulté. C'est ce qui en fait une apraxie très particulière », explique François Sellal, chef du service de neurologie aux Hôpitaux Civils de Colmar et représentant de la Fédération française des Centres Mémoire de Ressources et de Recherche (CMRR). Elle est si spécifique que certains médecins, contrairement à Sellal, estiment qu'il ne s'agit pas d'une maladie à part entière, mais de la résultante de plusieurs troubles disparates.

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