Messieurs, le bacon industriel est peut-être en train de foutre en l'air votre sperme

Si vous êtes un vrai mec, le genre à faire cuire du bacon sur le canon de votre fusil d'assaut, vous entretenez déjà très probablement une vraie histoire d'amour avec la viande industrielle.

Mais ce petit faible pour la bidoche en barquette pourrait sérieusement remettre en question votre fertilité. Car selon une étude récente, publiée dans le journal médical Fertility and Sterility, la consommation excessive de bacon, de saucisses et autres protéines animales conditionnées entraînerait une baisse significative du taux de fécondité chez les hommes.

Les chercheurs ont concentré leurs recherches sur des couples qui n'arrivaient pas à avoir des enfants et qui suivaient un traitement pour lutter contre l'infertilité. De 2007 à 2014, ils ont suivi un total de 141 hommes dont les femmes allaient subir une opération de Fécondation In Vitro à l'Hopital General du Massachussets. À noter que certains des couples étudiés avaient opté pour une technique appelée « injection intracytoplasmique de spermatozoïde » ou ICSI, on y revient plus tard. Pour mener à bien leur enquête, les scientifiques ont donc soumis des questionnaires aux hommes étudiés afin de déterminer la consommation moyenne de viande pour chaque individu et voir s'il pouvait y avoir un lien entre ces données et l'éventuel succès ou échec des traitements de fécondation qui leur avait été administré.

Et bien, Messieurs les amateurs de charcuterie industrielle, on a bien peur que ça craigne un peu pour la survie de votre espèce.

Bon, la bonne nouvelle pour les carnivores, c'est que l'étude prouve qu'il n'y a pas de conséquences entre la consommation de viande en général et les fertilisations infructueuses, quelle que soit la technique employée.

La super-bonne nouvelle pour les gros mangeurs de viande blanche (comme la volaille) c'est que leurs taux de fertilisation était 13% plus élevés par rapport à ceux qui consomment moins de poulet.

La mauvaise nouvelle, c'est que les hommes qui évitaient les protéines industrielles que l'on trouve dans les saucisses, bacon et la viande en barquette avaient des taux de réussite 28 % plus élevés que ceux qui, par exemple, bouffaient des lardons ou des boulettes de viande surgelées à longueur de journée.

Enfin, la découverte qui laisse un peu d'espoir, c'est que parmi les couples qui utilisaient le traitement le plus cher, appelé ICSI — celui qui consiste à n'injecter qu'un seul spermatozoïde dans un ovule — les hommes qui se faisaient régulièrement la dent sur du bacon ont obtenu les mêmes résultats que les autres.

Même si la logique de cause-à-effet n'est pas apparue aux chercheurs comme une évidence dans un premier temps, les résultats de l'enquête vont néanmoins dans le sens des conseils d'hygiène que les docteurs donnent habituellement aux couples qui suivent un traitement pour augmenter leur fertilité : réduire la tise, arrêter de fumer et perdre du poids pour avoir un max de chances de donner naissance à un petit marmot.

« L'étude suggère que le type de viande que l'homme consomme a une influence directe sur la capacité de ses spermatozoïdes à fertiliser un ovule, a précisé le docteur Rebecca Sokol, présidente de la American Society for Reproductive Medicine, lors d'une conférence de presse. Adopter une alimentation saine est un changement facile à faire et qui vaut largement l'effort, autant pour la santé reproductive de son sperme que pour sa propre bonne santé. »

La chaîne d'informations CBS News s'est entretenue avec un urologue de l'Hôpital Lenox Hill à New York qui leur a donné un autre son de cloche. Selon lui, manger de la viande industrielle n'est pas le cœur du problème : les bons résultats de l'opération de fertilisation dépendraient davantage des habitudes alimentaires puisque les omnivores — qui consomment en général plutôt de la volaille, par exemple — sont naturellement en meilleure santé que les autres, qui consomment plus de viande ou de charcuterie en barquette.

La zone d'ombre de l'étude, c'est que parmi la population d'hommes qui n'arrivent pas à avoir des enfants et qui consomment de la viande industrielle, on n'explique toujours pas pourquoi une méthode de fécondation est plus performante qu'une autre. Mais les mises en garde de cette étude restent à prendre en considération.

Donc si vous voulez vraiment ce gosse et que vous ne pouvez pas vous passer de ce putain de bacon, peut-être qu'il est dans votre intérêt de doper vos spermatozoïdes avec quelques tranches de ce bacon végan à base d'algues au petit-déjeuner.