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LE NUMÉRO DE L'ENFANT-DRAGON

Les interrupteurs de violence

En août dernier à Londres, le documentaire The Interrupters a été projeté en avant-première. Le film suit trois vigilants de l’organisation CeaseFire...

En août dernier à Londres, le documentaire The Interrupters a été projeté en avant-première. Le film suit trois vigilants de l’organisation CeaseFire pendant leur ronde dans Chicago.

Ironie du sort, une semaine après l’avant-première, des émeutes éclataient un peu partout au Royaume-Uni. Et la réponse du gouvernement a plus consisté à « jeter les clodos en taule » qu’à suivre le modèle proposé par CeaseFire.

Nous avons parlé avec le Dr Gary Slutkin, l’homme qui a inventé le principe d’« interruption de la violence » en s’inspirant de son expérience au sein de l’OMS pour le contrôle des épidémies. VICE : Comment l’interruption de la violence permet-elle de garder les émeutiers sous contrôle ?
Gary Slutkin : Dans le documentaire, vous voyez surtout des gens qui se battent pour de l’argent, des filles, leur gang, mais il y a eu des moments où nous sommes intervenus dans des situations qui, sans nous, auraient pu tourner à l’émeute. Il y a environ trois ans, la police a tué quelqu’un par accident à l’ouest de Chicago. Les amis de la victime ont vu ce qui s’était passé et sont partis chercher leur flingue pour démarrer une émeute et tuer du flic. Les interrupteurs ont réussi à calmer tout le monde, mais ça n’a pas été facile. Ça nous a pris plusieurs heures. Beaucoup d’émeutiers anglais pensent que leur action est une juste réplique face à l’immoralité des banquiers et politiciens.
L’injustice est insupportable. Au quotidien, l’esprit humain évalue ce qui est juste ou non. Et la façon inégale dont la loi est appliquée pousse les gens à bout.

Quel est le rapport avec le contrôle des épidémies ?
L’injustice est comme l’eau ­stagnante dans laquelle prolifère le choléra. Parfois, on n’arrive pas à la purifier assez vite. Si l’on ne peut pas inverser l’injustice rapidement, alors il faut trouver une stratégie de contrôle de la violence, en ­attendant de trouver une solution. OK, les interrupteurs sont utilisés comme des genres de médicaments. C’est une véritable innovation d’appliquer ce procédé à un comportement plutôt qu’à une maladie.
N’oubliez pas que, dans le passé, on punissait les personnes ­malades. On enfermait les lépreux dans des donjons parce qu’on ne comprenait pas leur problème. Avez-vous des suggestions sur la façon dont la police pourrait calmer ce genre de situation de manière pacifique ?
L’échange positif entre la police et la communauté a tendance à faire chuter les taux de criminalité et de violence. Les opérations policières très agressives tendent à aggraver la situation. Et si les policiers se montrent agressifs, la population le sera aussi. Je crois que nous nous sommes trop appuyés sur les forces policières.