Jessica Neubeuer est une photographe et directrice artistique Allemande. Dans sa série intitulée Experi-mental Kitchen, elle invente des accords inédits et absurdes entres des aliments qu'il ne viendrait jamais à l'esprit de combiner. Le but ? Explorer des nouvelles pistes de créativité culinaire et casser pour de bon les codes de la bien-pensance alimentaire.À ma connaissance, les femmes enceintes sont les seules à pouvoir se goinfrer de manière totalement non raisonnée sans que personne n'y trouve quoique ce soir à redire. Par exemple : si une femme qui porte un enfant entre dans un restaurant et décide de commander des crevettes à l'ail trempées dans du chocolat fondu, qui osera la contredire ou lui dire que c'est un peu bizarre. Cédez aux caprices de cette mère nourricière : plus qu'un devoir, c'est une tradition.
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En vrai, on devrait tous prendre exemple sur ces sautes d'humeur gustatives que connaissent les femmes pendant la grossesse. Pourquoi se laisser rebuter par des associations en apparence impossibles ? Exemple : les crevettes au beurre, c'est doux ; une belle part de gâteau, ça l'est aussi. Conclusion : pourquoi ne pas les manger ensemble ? Ce n'est pas parce que l'on n'a pas l'habitude de combiner ces deux choses que ça ne peut pas le faire. Au risque de passer pour un fou.
Allez, lâchez-vous et profitez enfin des petits plaisirs simples. Laissez tomber le diktat du beau et du raffiné imposé par la publicité, les livres de recettes et les magazines en papier glacé. Dîtes « non » à l'ennuyeuse entrecôte avec un petit verre de vin rouge. Dans certains restaurants gastronomiques, on sert déjà des plats aux accords farfelus : les chefs inventent des desserts à base de panais ou mélange les huîtres avec les kiwis. Il est temps que nous, jeunes gens ordinaires, reprenions notre alimentation créative en main. Il est grand temps de ne plus se contenter des plats lisses et sans reliefs que l'on avale au quotidien.
Au nom de l'aventure et de l'expérimentation, il faut oser sortir de sa zone de confort. Évitons de nous recueillir devant les assiettes comme si on était en train de vivre une putain d'élévation spirituelle. On a le droit de déconner et de ne pas succomber à cette obsession collective qui impose que la bouffe soit systématiquement la plus équilibrée et la plus sophistiquée possible.
C'est d'ailleurs essentiellement de déconne dont il est question dans cette série photo. Et qui sait, peut-être que certaines de mes associations fonctionnent ?