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Le président du Nicaragua choisit sa femme comme candidate à la vice-présidence

Rosario Murillo est déjà la porte-parole du gouvernement et le fait qu'elle soit désormais appelée à devenir vice-présidente laisse craindre que le couple essaye de se maintenir au pouvoir par tous les moyens.
De gauche à droite, la Première dame du Nicaragua Rosario Murillo et le président Daniel Ortega. (Photo de Oswaldo Rivas/Reuters)

Le président du Nicaragua, Daniel Ortega, qui gouverne le pays depuis 20 ans, a choisi sa femme, au statut controversé, comme candidate à la vice-présidence pour les prochaines élections qui se tiendront en novembre.

Rosario Murillo est déjà la porte-parole du gouvernement et le fait que cette fervente promotrice de la spiritualité new age soit désormais appelée à devenir vice-présidente laisse craindre que le couple essaye de se maintenir au pouvoir par tous les moyens.

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Le président, qui est actuellement le seul candidat à l'élection, assure que le choix de sa femme comme potentielle vice-présidente montre qu'il est engagé pour l'égalité des droits entre les hommes et les femmes.

« Il y a eu une discussion sur qui devrait être le vice-président, de manière à ce que nous puissions continuer la bonne gouvernance de ce pays », a-t-il expliqué aux journalistes et à une foule en délire ce mardi. « Ce devait être une femme et qui de mieux que la camarade Rosario Murillo, qui a mené à bien ses fonctions, travaillant à toute heure de la journée avec efficacité, discipline et dévouement. »

Avant de devenir président, Ortega s'était déjà retrouvé à la tête du pays une première fois en 1979 après avoir mené les guérilleros sandinistes à la victoire contre le dictateur Anastasio Somoza. Il a ensuite résisté à une guerre menée contre lui (soutenue par les États-Unis) durant une grande partie de la décennie suivante, jusqu'à ce qu'il perde les élections en 1990. L'ancien guérillero a organisé plus tard un spectaculaire retour et a gagné deux élections présidentielles consécutives, en 2006 et en 2011.

Mais ces dernières années, les Nicaraguayens ont probablement plus vu Murillo que son époux, qui n'est plus ce personnage culte et romantique de la gauche internationale depuis bien longtemps.

En tant que porte-parole du gouvernement, Murillo fait chaque jour un tour d'horizon des informations, généralement agrémenté d'un mélange de références à l'harmonie spirituelle et à la Révolution sandiniste.

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« Cette révolution à laquelle les femmes ont participé aux côtés des hommes », a rappelé Murillo aux journalistes après avoir été nommée candidate à la vice-présidence. « Cette révolution qui a ouvert la porte à la pleine participation des femmes dans tous les domaines, que ce soit politique, social ou économique. »

Selon une biographie de Ortega écrite par Kenneth E. Morris et intitulée Unfinished Revolution, Murillo est devenue au fil des années celle qui tient les rênes du pouvoir derrière Ortaga, diminué et détaché. Et son influence s'étend bien au-delà de la politique.

Ceci est visible au travers des énormes « arbres de vie » en métal illuminés que Murillo a conçu et qui couvrent aujourd'hui la capitale Managua. La première dame a aussi ordonné l'installation de lumières néon selon ses propres modalités, dans d'autres villes à travers le pays. Elle aurait même cherché à transformer le drapeau rouge et noir sandiniste emblématique avec des couleurs pastel, plus en accord avec ses sensibilités.

Plusieurs « arbres de vie » à Managua. (Photo de Jens Kalaene/picture-alliance/dpa/AP Images)

Le fait que Murillo devienne vice-présidente du Nicaragua a inévitablement alimenté les critiques sur son pouvoir déjà considérable. Ses opposants assurent aussi que la Constitution rend sa candidature illégale au motif du népotisme.

« Ceci est monarchique et totalitaire », a lancé le leader d'opposition Carlos Legrand au journal local La Prensa. « Ça ne montre aucun respect pour la loi. » Legrand a été récemment exclu du congrès à cause d'une décision controversée de la Cour suprême, que beaucoup accusent d'être contrôlée par Ortega.

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Le nouveau rôle de Murillo a aussi été critiqué par sa fille biologique qui a accusé Ortega, en 1998, de l'avoir abusée sexuellement pendant des années.

« Cette double candidature est entachée d'une complicité face aux crimes sexuels », a écrit sur sa page Facebook Zoilamérica Ortega, qui vit au Costa Rica. « Son évolution perverse s'est transformée en une alliance politique. »

Malgré toutes les controverses, une foule enthousiaste de jeunes sandinistes a salué Ortega et Murillo après qu'ils aient déposé la liste présidentielle ce mardi. Ils ont applaudi et chanté des chansons, entourés de posters et de banderoles représentant le couple.


Suivez Alan Hernández sur Twitter : @alanpasten