John John Florence, le génie du surf qui ne se prend absolument pas la tête
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John John Florence, le génie du surf qui ne se prend absolument pas la tête

Juste avant d'être sacré champion du monde au Portugal, le grand blond hawaïen nous avait accordé un entretien dans lequel il évoque sa passion, avec une décontraction déconcertante.

Depuis le mardi 25 octobre, il est le nouveau boss du surf. Ce jour-là, sur le spot du Peniche, John John Florence remporte le Rip Curl Portugal et s'adjuge le championnat du monde de surf, le WSL Championship Tour, une étape avant la fin de la saison. Il devient ainsi le quatrième surfeur hawaïen à remporter le titre de champion du monde, après Derek Ho (1993), Sunny Garcia (2000) et Andy Irons (2002, 2003, 2004).

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Mais le sacre de John John Florence est-il vraiment surprenant tant le grand blond s'est distingué par sa précocité ? Né en 1992, il a grandi à Honolulu avec une planche de surf, aux côtés de sa maman, elle-même surfeuse d'un bon niveau. A 4 ans, il commence à surfer et ne s'est plus jamais arrêté. A 13 ans, il est le plus jeune surfeur à participer à la prestigieuse Triple Crown. En mars 2011, il remporte le Volcom Pipe Pro et quelques mois plus tard la Triple Crown, devenant le plus jeune vainqueur de l'épreuve. Plus récemment, le 25 février 2016, John John Florence dompte les vagues de Waimea Bay pour s'imposer dans une autre grande compétition de surf : le Mémorial Eddie Aikau.

Juste avant d'être consacré roi du surf aux yeux de tous, John John Florence nous a accordé une interview dans laquelle il évoque sa passion. Avec un détachement qu'on lui envie.

Ça t'effraie d'être le boss du surf à seulement 24 ans ?
C'est complètement fou d'être le numéro 1. J'essaie de faire en sorte que tout se passe bien pour moi, sans nécessairement penser à la gagne. Je ne me stresse pas avec les compétitions, je suis très jeune et j'aspire seulement à m'amuser. C'est mon unique objectif.

Tu ne te fixes pas d'objectifs ?
Je ne veux pas me mettre cette pression et ma mentalité reste toujours la même, qu'on soit en début de saison, ou pas. En vrai je ne veux pas y penser et j'essaie de faire les compétitions du mieux que je peux.

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Ça paraît complètement fou qu'un mec qui ne paie pas de mine comme toi gagne le Quiksilver in Memory of Eddie Aikau ou le Quiksilver Big Wave Invitational, des compétitions mythiques et hyper difficiles…
La vérité est que je n'en sais rien. Je peux juste te dire que le surf est la chose que j'aime le plus au monde et que je bosse dur pour m'améliorer.

Quelle importance attaches-tu à l'entraînement ?
Le surf n'est pas seulement une question d'allure dans l'eau. Je prends l'entraînement très au sérieux, c'est un élément indispensable pour gagner. J'aime le skate et j'en fait tous les jours, ça me permet de travailler ma souplesse et les autres partie de mon corps que j'utilise moins en surf.

Certains pensent que le surf est un des sports les plus frustrants car il y a des moments où tu ne t'améliores pas, notamment lorsque tu n'arrives pas à te mettre debout sur la planche. Bon, toi tu es à un autre niveau, mais es-tu déjà passé par ces moments de frustration ?
Oui, bien sûr. La mer est incontrôlable et c'est donc important d'adapter ta façon de penser quand les choses ne se passent pas bien dans l'eau. Parfois en compétition, il y a beaucoup de frustration car tu es dans l'eau pendant 30 minutes et tu vois que l'océan change. Dans l'eau, les opportunités pour que tu fasses ce que tu veux ne se présentent pas tout le temps.

Le surf fera son entrée aux Jeux olympiques à Tokyo en 2020. Tout le monde n'est pas d'accord avec cette décision. Tu en penses quoi ?
Ça change beaucoup de choses et c'est une grande opportunité pour nous. Ça va changer notre rapport à l'eau, notre manière de concourir… On va voir comment ça va se passer, mais je pense que c'est une très bonne décision pour notre sport.

Tu as grandi dans les vagues d'Hawaii et tu fais des tubes avec une telle facilité. Comment tu fais ?
Je fais ça depuis que je suis tout petit, j'ai donc l'habitude. Mais je tiens à dire qu'il est important de ne pas tenter des choses dangereuses, il faut savoir où sont ses propres limites.

Tu n'as pas peur de mourir dans des grandes vagues ?
Une vague de cinq mètres est impressionnante, mais c'est ce qui m'attire le plus. C'est toujours kiffant de surfer ces vagues-là, mais il est important de respecter la mer, de faire preuve d'humilité, on ne sait jamais ce qui peut se passer.

Tu as eu des blessures au dos, aux chevilles et aux bras et tu n'as jamais cessé de gagner des grandes compétitions alors qu'on supposait en te voyant que la douleur était toujours présente. Ce n'est pas surréaliste ?
Les blessures arrivent souvent dans le surf, mais il faut savoir rester positif et se dire que tout ira bien. Parfois tu déprimes et tu ne comprends pas pourquoi ni comment arrivent ces blessures. C'est désespérant, mais dans le fond il y a toujours une part de risque. Ma devise est que si tu y vas il faut y aller à fond.