Le Grand Cuisine Cinéma Club est un festival de films à voir et à manger

Il y a des milliers de façons différentes de savourer un bon film. Côté ambiance, certains apprécient le cadre intimiste des salles obscures, d'autres préfèrent le confort d'un canapé, à proximité du paquet de chips. Côté programmation, on peut toujours choisir de mater un film qui donne la dalle ou un autre qui file un peu la gerbe. Pourtant, quitte à risquer de se faire la dent sur un bon DVD, il n'existe encore aucun moyen de « déguster un film », littéralement.

Sauf à imaginer que l'on puisse manger ce que l'on voit à l'écran. Non pas manger l'écran (une toile de cinéma coûte cher et manque un peu d'assaisonnement), mais plutôt manger tous les ingrédients, les plats, les aliments qui feraient leur apparition à l'image, à mesure que l'action se déroulerait.

C'est justement le concept du Grand Cuisine Cinéma Club, un festival de films documentaires dédié à la bouffe, l'alimentation et la culture food, qui se tiendra le 13 septembre (ce dimanche !) au Sucre, à Lyon. Car au cours des trois séances thématiques et dix films internationaux qui vont ponctuer le festival, les spectateurs (devenus mangeurs) auront l'occasion de goûter en direct aux plats et aliments qui défilent à l'écran.

On a demandé à Mat Gallet, fine gueule avisée et aussi organisateur de l'évènement, de nous en dire un peu plus sur cette expérience d'immersion culinaire inédite.

MUNCHIES : Salut Mat, tu peux nous expliquer comment t'est venue l'idée d'un festival de films à voir et à manger ?

Mat Gallet : L'idée du Grand Cuisine Cinéma Club est née comme naissent toutes les bonnes idées : en cherchant à draguer une fille. C'était il y a quelques mois, j'étais en club et j'étais en train de prendre l'air quand une super-jolie fille s'est approchée de moi et m'a demandé ce que je faisais dans la vie. Vu que ma principale activité professionnelle, à cette époque, consistait justement à prendre l'air, j'ai eu un peu de mal à lui répondre. J'adore la bouffe et les films documentaires et c'est en discutant avec elle que j'ai eu l'idée de créer un évènement qui rassemble donc la cuisine en même temps que le cinéma. Nous étions à Lyon, la ville des Frères Lumière et de Paul Bocuse. Avec du recul c'était comme une évidence, en somme.

Donc on peut dire qu'on doit le festival à une rencontre amoureuse ?

Oui mais pas que. Quelque temps plus tard, de passage à Paris, je tombe par hasard sur un film documentaire génial sur la Sriracha, cette sauce pimentée la plus consommée et vénérée au monde. Trois minutes après la fin du film, je pars retrouver un ami dans l'une de mes caves à manger préférée : la Cave à Michel. Et là, à peine 5 minutes après avoir décroché de mon écran, Romain Tischenko sort de sa cuisine minuscule et pose devant moi une assiette de haddock poché avec une sauce lactée… à la Sriracha. C'est anecdotique mais d'un coup le concept du Grand Cuisine Cinéma Club est devenu limpide : il fallait organiser un événement entièrement dédié aux films et documentaires qui célèbrent la cuisine et la culture food. Mais surtout où l'on pourrait manger ce que l'on voit à l'écran. Trois mois, à peine, après cette soirée mouvementée (on avait bien picolé) qui a donné naissance à l'idée, l'événement voit enfin le jour.

Les séances tourneront autour de trois thématiques : « Les food entrepreneurs », « Les food fighters » et « La Ramen obsession ». Pourquoi avoir choisi d'aborder ces thèmes en particuliers ?

Selon moi, en France, la cuisine presque toujours vue par l'angle de la gastronomie ou des recettes. Pardon, mais moi, ça m'ennuie prodigieusement. Je trouve que quelque part, c'est refuser de voir la cuisine comme une vraie culture. Une culture avec ses éléments de langages, ses icônes, ses rythmes, ses drogues, ses passages initiatiques, ses lieux de pèlerinages, sa philosophie, son économie (la première du monde), sa conception du design, sa littérature. Et bien sûr, son cinéma. Pour cette première édition, j'ai tricoté une thématique autour des « foodmaniacs », ceux qui sont obsédés par la cuisine. Je trouve que les obsessionnels sont, en matière de foodculture, souvent attachants et éclairants. À une époque où beaucoup se revendiquent comme « ab-so-lu-ment dingues de cuisine », j'avais envie de montrer ce que c'était d'être un vrai « foodmaniac », ce que c'était de ne vivre que pour la cuisine — quitte parfois, à risquer sa vie pour elle.

Peux-tu nous toucher un mot sur les chefs qui viendront cuisiner pendant les films ?

La volonté du Grand Cuisine Cinéma Club, c'est davantage de causer film et cuisine que mettre en avant des cuisiniers qui font leur cinéma. Pour autant, la possibilité de pouvoir manger ce que l'on voit à l'écran est au centre de l'expérience. Il est donc impératif d'avoir des chefs qui envoient.

Pour cette première édition, je suis ultra-content de pouvoir compter sur la présence de Christian Tetedoie et qu'il a accepté de jouer le jeu. Il est M.O.F, étoilé et à de très belles affaires à gérer. Pourtant, lorsque je lui ai parlé du projet, il a dit banco immédiatement. Ne vous fiez pas à son panache et son col tricolore : il est beaucoup plus punk et « foodmaniac » qu'on ne pourrait le croire. À ses côtés, on a fait appel à une poignée de chefs et de cuisiniers qui sont en train de pousser les murs et de se faire doucement connaître à Lyon, comme Simon Huet. Sans oublier, le tout frais (et encore secret) chef de l'Arsenic et les « ramens makers » de chez Yomogi.

C'est la première fois qu'un évènement rassemble le cinéma et la cuisine de manière si immersive. Comment tu imagines le projet évoluer ?

Cette première édition du Grand Cuisine Cinéma Club est clairement un prototype. J'ignore s'il existe réellement un public intéressé pour aller voir des films célébrant la cuisine et manger des trucs bons. J'ai l'impression que l'idée est d'une telle évidence, cela m'étonne que personne n'y ait déjà pensé. Mon idée est donc de tirer le maximum d'enseignement de cette première édition et d'enchainer direct sur une deuxième édition, toujours à Lyon. J'aimerais ensuite pouvoir faire rayonner le projet ailleurs en France et à l'étranger. C'est encore trop tôt pour dire comment tout ça va se développer, mais notre objectif, c'est clairement que le Grand Cuisine Cinéma Club débarque bientôt en bas de chez vous.

Et c'est tout ce que l'on vous souhaite ! Merci, Mat.

MUNCHIES est partenaire de l'évènement et est très fier de compter quatre de ses films au programme : Mukbang, Meet The Truffle Dealer, Farang et Politics of Food : Le Foie Gras.

Cliquez ici pour voir le programme détaillé du Grand Cuisine Cinéma Club ou abonnez-vous à la page Facebook.