Le Guide MUNCHIES des vins pour survivre aux repas de fête
Illustration : Paul Boinot.

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Le Guide MUNCHIES des vins pour survivre aux repas de fête

On a sélectionné les meilleures bouteilles de pinard à servir en fonction des personnalités bizarres qui seront présentes à votre table. À chaque membre de la famille, son vin.

La période de Noël et ses gueuletons de famille approchent à grand pas et avec eux, les embrassades, les empoignades, les éclats de rire et éclats de voix.

Pour adoucir les moeurs, on s'est dit qu'il serait marrant de ne plus accorder les vins avec les mets mais avec les personnalités des différents protagonistes présents autour de la table, le soir du Réveillon.

Voici donc notre tour de table des quilles à servir en fonction de votre arbre généalogique.

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Le grand-père républicain : un Château Latour

Au bout de la table, votre grand-père préside : traditionnel, sûr et puissant comme un vin mythique du Bordelais. Dans son verre, un vin rouge tannique, profond et qui ne bouge pas à travers les époques… comme ses idées et commentaires. Pour éviter toute amorce de débat politique sanglant, délestez-vous d'une somme indécente en achetant un Château Latour, c'est le prix du sourire béat sur les lèvres de Papi.

L'oncle un peu chelou : un Beaujolais nouveau

L'oncle un peu Tanguy, passionné de Manga, de ce qu'il appelle « les internets » et de tout ce qu'on y trouve de « déconneur et viral », ne vous donnera pas de fil à retordre. Car vos échanges autour du pinard ne dépassent jamais ces deux phrases :

« – Alors, t'en penses quoi ?

– Booh, c'est du vin. »

C'est l'occasion de lui refiler votre dernière bouteille de Beaujolais nouveau dont vous ne saviez que faire.

Le grand-frère expat' : un vin du Nouveau Monde

Pour lui, la France est dépassée, c'est ailleurs que tout se fait. Cap au sud, du côté des vins du nouveau monde ! Un Shiraz (Syrah) australien fera bien l'affaire. Votre frère chantera les louanges de ce « self-made wine » au cépage poivré et à la robe d'un violet profond importé du vieux continent.

Au choix, une boutance de Woodcutter's shiraz, de Barossa Valley, ou de Torbreck.

La belle soeur qui a tout vu/tout vécu : un vin jaune du Jura

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À l'écouter, plus rien ne semble impressionner cette madame-je-sais-tout de la vie. Le vin jaune du Jura saura la prendre de court. Le savagnin, élevé paisiblement en fût pendant six ans et trois mois, mettra sens dessus dessous les acquis oenologiques de votre belle-soeur : La couleur dorée et le nez liquoreux l'induiront en erreur, elle pensera à un vin sucré de vendanges tardives et une fois en bouche, point de sucre mais des arômes de noix. Et toc !

Au choix, un Côte du Jura, un vin jaune, genre un domaine Labet.

Le cousin pingre : du prosecco

Avec ce soleil couche-tôt, il est loin le temps des Apérol spritz en terrasse. Il est temps de recycler votre matériel à Spritz et la venue de votre cousin radin arrive à point nommé.

Avec fracas, faîtes sauter le bouchon du prosecco puis servez-lui en prenant soin de garder la main sur l'étiquette !

La tante bobo : un vin naturel

Adepte des cavistes et bars à vins alternatifs, votre tante ne jure que par le vin naturel, sans intrant et sans sulfite. Puisqu'il n'est plus question de repasser de l'autre côté de la force – comprendre, du côté des vins traditionnels et technologiques –, allez dans son sens et servez-lui un cabernet franc d'Olivier Cousin, vivant et déroutant.

Pur breton, cabernet franc, Domaine Cousin.

Bonus : Vous ferez d'une pierre deux coups avec ce flacon qui séduira aussi votre cousin alter-mondialiste.

Le neveu gamer : un Muscat de Beaumes-de-Venise

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Aux portes de la majorité, votre neveu, plus habile avec ses manettes qu'avec les filles, n'a toujours pas quitté le monde sucré des sodas. Montrez-lui le chemin avec un Muscat de Beaumes-de-Venise, un vin doux naturel qui saura lui donner sa dose de sucre quotidienne.

Un Muscat de Beaumes de Venise, Domaine des Bernardins, par exemple.

La grand-mère acariâtre : Un Côte-Rôtie

Pour soulager la nostalgie de votre grand-mère pour qui, bien sûr, « c'était mieux avant », tournez-vous vers la Vallée du Rhône et son prestigieux Côte-Rôtie. Vous pourrez compter sur les arômes viandards de ce vin pour rappeler à votre mamie son passé carnassier, et sur sa robe soyeuse pour soigner les aigreurs de corps et d'esprit.

Côte-Rôtie, la Sarrasine, Domaine de Bonserine.

Le voisin sans famille : un vin de chez lui

Vous avez aussi invité votre voisin, ce jeune actif qui se tue à la tache et qui tient les murs de l'entreprise pendant les fêtes. En Alsace, sa famille festoie sans lui et les yeux brillant d'envie, il ne demande qu'à faire partie de la vôtre le temps d'une soirée. Proposez-lui un riesling, cépage star d'Alsace, au goût rassurant de chez lui.

S'adapte à tous les Rémi sans famille de France. Pour un Bourguigon, optez pour un Chablis, un Bordelais, un Pessac-Léognan et un Corse, un vin de Patrimonio.

Un Riesling de chez Frey Sohler.

Et pour vous-même : un chenin

Pour tenir tout le long de ces agapes et de ces conversations de famille, le chenin sera votre allié. Sa vivacité et sa minéralité vous aideront à garder un esprit clair et enjoué, son acidité vous donnera du piquant doucement balayé par sa bouche tendre qui vous fera déborder d'amour. Quant à son élégance, elle vous siéra à merveille en ce soir de Noël.

Clef de Sol blanc, Montlouis-sur-Loire, la Grange Tiphaine.

Illustration : Paul Boinot.