Culture

« Fast and Furious » est la seule bonne franchise hollywoodienne

À la gloire d'un blockbuster qui est tout ce qu'il est censé être, ni plus ni moins.
Emma Garland
London, GB
Sandra  Proutry-Skrzypek
Paris, FR
Fast & Furious 2001 Vin Diesel
Photo : AA Film Archive/ Alamy Stock Photo 

Fast and Furious est la meilleure franchise hollywoodienne de notre époque. Si vous avez vécu dans une grotte jusqu’à maintenant, voilà le topo : une bande de street racers amateurs affronte des criminels de même envergure à travers les rues, le ciel et des paysages arctiques désolés au cours de neuf films et d'un spin-off dans un contexte de plus en plus éloigné de la réalité. Une virée maximaliste sur des hors-la-loi en marcel qui font des choses très libidineuses dans des caisses très libidineuses. C'est tout ce qu’on attend d’un blockbuster. 

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Ce qui a commencé en 2001 comme une histoire de gangs rivaux qui détournent des grosses cylindrées pour se faire la course s’est rapidement transformé en un monde risqué où les enjeux sont élevés, où des meurtres sont commis et où Vin Diesel et Paul Walker finissent, par exemple, par traverser la vitre d'un gratte-ciel à Abu Dhabi au volant d’une supercar à plusieurs millions de dollars pour venir l’écraser sur le gratte-ciel d’en face.

Mais si vous vous attardez sur des petites choses, comme la raison pour laquelle les protagonistes sont déployés en Russie pour neutraliser un sous-marin nucléaire grâce à leur seule capacité à conduire une Mazda, vous regardez mal Fast and Furious. C'est une histoire de famille. Conduire ou mourir, littéralement. Au fond, Fast and Furious est une histoire universelle sur des personnes que tout oppose réunies autour de trois choses : l'obsession de la vitesse, la loyauté et le refus d’être une marionnette de l'État tout en coopérant avec les autorités tant qu'elles sont américaines.

Alors que nous revenons à un semblant de normalité, je me rends compte que je ne suis pas d'humeur à avoir des loisirs ou une quelconque stimulation mentale. Je veux juste mater des mecs musclés qui boivent de la Corona et des meufs en robe de cocktail qui se battent à coups de poing. Je veux juste sentir les moteurs gronder dans mon estomac. Je veux juste Fast and Furious 9.

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Et si vous n’êtes toujours pas convaincu, voilà quelques arguments :

IL Y A VIN DIESEL DEDANS

Quand je pense au concept de père, la voix de Vin Diesel me vient à l'esprit. Une voix si profonde qu'on pourrait s’y baigner. Une voix aux racines bien ancrées dans la terre. C'est le genre de daron qui peut dire des trucs comme « Le truc marrant avec les combats de rue ? La rue gagne toujours » et tout le monde va faire « Wow, c'est tellement vrai ».

Cet homme fait tout avec la confiance tranquille de quelqu'un qui sait qu'il va aller au paradis, qu'il tire sur un hélicoptère, qu'il poste sur Instagram des références qui sont chères à son cœur ou qu'il sorte un single de house tropical en pleine pandémie.

Il est impossible d'être triste quand Vin Diesel est dans les parages, car il est à la fois l’archétype de l'homme viril et de la maman « Mange, prie, aime ». Je dirais que 35 % du succès de la franchise est dû à sa voix.

IL Y A MICHELLE RODRIGUEZ AUSSI

Montrez-moi une autre femme qui peut porter un débardeur sur un autre débardeur et éclater des gens dans les escaliers avec autant de grâce. J’attends.

ET PUIS IL Y A THE ROCK

Dwayne « The Rock » Johnson fait son entrée dans Fast and Furious 5 (2011) dans le rôle de l’agent de sécurité/chasseur de primes Lucas « Luke » Rebecca Hobbs. Le personnage a été écrit à l'origine pour Tommy Lee Jones, mais a été adapté pour The Rock après que Vin Diesel a constaté sur sa page Facebook que beaucoup de gens voulaient les voir réunis dans un film.

C'est l'un des premiers rôles que The Rock a obtenu après être passé du catch au grand écran, et le type en a profité pour devenir encore plus monstrueux qu'il ne l'était déjà, histoire de représenter une menace crédible pour d'autres protagonistes tout aussi monstrueux. Dans The Fate of the Furious (2017), il devient assez massif pour arrêter une torpille en mouvement à mains nues et la lancer sur un camion de glaces.

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ET SURTOUT DES VOITURES !

F9 2021

Photo : « F9 » (2021) VIA UNIVERSAL PICTURES

Bien que la franchise soit entièrement basée sur les voitures, il n’y a pas besoin de s’y connaître en automobile pour apprécier les films. La seule chose à savoir, c'est que les voitures font vroum et explosent toujours à la fin.

LES DIALOGUES SONT MINIMALISTES

Si vous fermez les yeux en regardant Fast and Furious, vous n'entendrez que MRRRR, VRRRRRR, avec de temps en temps des interjections comme « OH SHIT » ou «  OH YEAH ». C'est parce que la franchise repose sur une communication très masculine, et donc largement non-verbale.

Les personnages se disputent en se crachant sur les pieds. Ils disent oui en regardant autour d'eux et en hochant la tête dans des directions aléatoires. Ils baisent quelque part à mi-chemin entre le porno VHS et le ballet. Ils balancent des paroles dures et des leçons de vie avisées, du genre : « La voiture, c’est pas d’être à côté qui compte, mais la façon de la conduire. »

ÇA NE PASSERA JAMAIS DE MODE

2 Fast 2 Furious

Photo : « 2 Fast 2 Furious » (2003)

Les quatre premiers films transpirent les années 2000 à tous les niveaux, mais regardez-les aujourd’hui et vous remarquerez que les styles musicaux et vestimentaires sont revenus ou ne sont jamais partis. Pensez aux salopettes, aux pantalons rose flashy à lacets (mention spéciale à Devon Aoki dans le rôle de Suki, véritable icône de style de la franchise), aux colliers en croix, à Pitbull et au nu-metal.

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Bien sûr, il arrive qu'un jean délavé apparaisse ci et là, mais dans l'ensemble, la franchise est assez intemporelle. Cela tient pour beaucoup au fait qu'il s'agit de l'un des rares blockbusters hollywoodiens à être naturellement diversifié : les films s'inspirent des courses de rue réelles de Los Angeles, et donc de la culture, des sons et des styles qui les accompagnent. Alors oui, avec le temps, on tombe davantage dans le combo pantalon-chemise et les acteurs ressemblent de plus en plus à des personnages de The Last Of Us, mais la vibe reste la même.

LES TITRES DES FILMS SONT PUISSANTS

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Photo : Wikipedia

Y a-t-il jamais eu dans le monde du cinéma un auteur qui ait reçu aussi peu de crédit que celui qui est chargé de nommer les films Fast and Furious ? Aucune autre franchise ne possède une telle collection de titres qui sont à la fois hyper incohérents et esthétiquement satisfaisants. On retrouve ici au moins cinq styles différents et aucun d'entre eux ne serait aussi bon si ce n'était pas le fait que, ensemble, ils n'ont aucun sens.

Imaginez un peu si on faisait la même chose avec d’autres séries de films, par exemple : Harry Potter, 2 Harry 2 Potter, Harry Potter : Tokyo Drift, Harry & Potter, HP9. Non. C'est comme porter un chapeau de cow-boy ou chanter du Oasis au karaoké : il faut savoir oser pour se démarquer.

LES CAMÉOS NE MANQUENT PAS

S'il y a une chose qui illustre par-dessus tout l'attrait universel de Fast and Furious, ce sont bien les caméos. Les films se trouvent au centre d'un diagramme de Venn qui comprend des rappeurs, des champions d’arts martiaux et des acteurs oscarisés. Au cours des vingt dernières années, tout le monde y a joué un rôle, de Ja Rule à Helen Mirren, et soyons honnêtes : dans quelle autre franchise verrez-vous une actrice emblématique de 75 ans réaliser un superbe virage à 180° dans les rues de Londres ?

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