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John Vaurs : On ne va pas se mentir : on ne peut pas dire que c'est une réussite. En ce qui concerne notre score, ce n'est vraiment pas une surprise. Bien entendu c'est le but de tout parti politique de gagner des voix et on aurait espéré plus. Mais ce n'est pas une défaite non plus car nous n'avons jamais eu trop d'ambition au niveau régional. Dans tous les cas, il faut relativiser – le grand vainqueur ce n'est ni le FN, ni le PS ; c'est l'abstention, qui atteint les 60 %.
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C'est le PS qui porte la responsabilité de l'abstention. La politique que mène François Hollande a dégoûté les gens. Pour beaucoup c'est une désillusion, les gens se sentent trahis. C'est normal qu'ils n'aillent plus voter ou qu'ils se dirigent vers l'extrême droite.Ça fait longtemps que le vote des ouvriers s'est déplacé. Depuis la fin de l'URSS, le vote ouvrier s'est porté petit à petit vers le PS – qui bien sûr n'a jamais tenu ses promesses. Leur vote s'est ensuite décalé à droite, vers l'UMP, qui a déçu, pour terminer dans les filets du Front National. Mais le FN n'a aucune proposition à faire aux ouvriers puisqu'il est du côté du patronat. Il arrive juste à embobiner tout le monde avec son discours et son omniprésence médiatique.Et ce discours justement, vous pensez qu'il touche la jeunesse locale ?
Oui, il touche les jeunes. Mais encore une fois les socialistes ont une grosse responsabilité là-dessus. Avec sa politique de droite, Hollande a déçu une grosse partie de la jeunesse qui avait voté pour lui en 2012. Sans illusions, à la dérive, les jeunes se tournent vers le Front National qui matraque son message en permanence sur les plateaux télés.
Ça va. On a quand même une grosse présence universitaire dans le département. À Besançon surtout, où il y a 20 % d'étudiants. On a des jeunes en politique aussi, dans quelques conseils municipaux. Aux Jeunesses communistes (JC), on est une vingtaine à Besançon – plus quelques petits comités ailleurs dans le département. Mais on arrive à mobiliser encore, parfois on fait même des manifs. On était 200 dans la ville contre les suppressions de postes dans l'Éducation nationale initiées par le PS, ou plus récemment en solidarité avec les victimes des attentats à Paris. Ensuite, au niveau de l'emploi on n'est pas les pires ; le Doubs reste le département le plus industrialisé de France, il existe toujours des débouchés.
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Non ce n'est pas ça, seulement ce ne sont pas que des jeunes, et on a des organisations spéciales pour ça. Depuis que notre JC s'est restructurée en 2012, on a fait pas mal de choses pour la jeunesse. On est très présent dans les quartiers populaires, on organise des événements participatifs, des tournois de foot avec les jeunes, des actions culturelles ou des manifs en soutien à la Palestine.Et ça marche ? Des fois on se demande si la gauche a perdu sa capacité de parler à la jeunesse et aux classes populaires.
Oui, regardez ce qui se passe en Grèce : les ouvriers se sont unis. Ici aussi on milite dans les usines pour rassembler les ouvriers, défendre nos valeurs et faire en sorte qu'ils ne tombe pas dans le panneau du FN. Après en France, ça ne marche pas trop – mais on attend que le vent tourne.J'ai quelques bases en matérialisme historique, et il ne me semble pas avoir entendu parler de métaphore éolienne chez Marx.
Le marxisme scientifique du XIXe siècle doit être repensé avec le contexte actuel. C'est pour ça qu'on a fait évoluer notre discours. On a intégré l'écologie et la problématique des travailleurs étrangers dans notre pensée, par exemple.Vous parlez encore de lutte des classes ?
Bien sûr, la lutte des classes aujourd'hui. Mais c'est comme la République, c'est rentré dans le langage courant !Merci beaucoup, John.