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politique

«Tu veux l’avoir ton osti de rapport? Ben torche-toi le cul avec, calisse!»

'Spotted' île Bizard : tout va mal à la mairie

Le conflit à l'Île-Bizard—Sainte-Geneviève tourne au vinaigre, titrait la Montreal Gazette en janvier dernier, au sujet des tensions grimpantes à la mairie de cet arrondissement de Montréal. De la discorde qui dure depuis des mois, voire des années.

Au dernier conseil municipal, dans une dispute digne d'une cour d'école primaire, les politiciens ont décidé d'ajouter au vinaigre une grosse pelletée de bicarbonate de soude et de laisser libre cours à une éruption de colère.

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C'est du moins ce qu'on en conclut après avoir vu un élu jeter un rapport en direction de son collègue en lui criant de s'essuyer les fesses avec un paquets de feuilles 8,5x11. « Calisse. »

Besoin de mise en contexte?

Même si on n'en était pas rendus aux récits de chapelet et aux rapports volants, ça allait déjà mal à la mairie de l'arrondissement le moins populeux de la métropole.

Quelques minutes de visionnement des conseils municipaux vous permettront de constater que les échanges entre les élus du Vrai changement pour Montréal et le conseiller d'opposition de l'équipe Coderre sont tendus, souvent secs, voire baveux, tant dans les mots que les gestes.

En ce début mai, les discussions entre élus étaient déjà houleuses. Éric Dugas (de l'Équipe Coderre) insistait pour qu'on lui remette deux rapports et pour qu'on paie la contravention d'un employé de la Ville, ce qu'il disait réclamer depuis trois mois.

Devant les explications du maire Normand Marinacci, on voit Dugas balayer de la main, un peu comme s'il voulait chasser une mouche insistante, en produisant un son à mi-chemin entre le soupir sonore et le bruit de pet.

Si j'avais osé parler comme ça à ma mère, je vous garantis que j'aurais mangé une couple de baffes.

Sur l'enregistrement, on voit le conseiller Jean-Dominic Lévesque-René sortir puis classer des papiers, pendant que la discussion avec le maire Normand Marinacci se poursuit ainsi :

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Éric Dugas : Demandez à Nancy Bergeron de faire le chèque, c'est pas compliqué! Ça fait trois fois que je vous le demande.
Maire Normand Marinacci : Arrêtez de viser des gens comme ça. […] Voyons. Vous jouez des jeux.

[Passage relativement inaudible où tout le monde parle en même temps.]

Éric Dugas : On s'en reparle au mois de juin.
Maire Marinacci : Vous êtes encore en train de faire encore de la petite politique comme d'habitude.
Éric Dugas : On s'en reparle au mois de juin.
Maire Marinacci : Au lieu de faire ça, vous devriez grandir un peu.
Dugas : Est-ce que je compte sur vous pour avoir les deux rapports puis de me faire dire que l'employé a été payé?
Maire Marinacci : Ben c'est sûr. C'est sûr.

C'est là que se produit l'impossible. Jean-Dominic Lévesque-René se lève et lance un paquet de feuilles devant son collègue, avec presque autant de dégoût dans le non verbal que des étudiants de l'Université de Montréal qui visitent l'UQAM.

Jean-Dominic Lévesque-René : Tu veux l'avoir ton osti de rapport? Ben torche-toi le cul avec, calisse.

On entend quelques rires nerveux et une femme qui crie « KESSÉ QU'Y A LA? »

Lévesque-René : Non ! Je suis écoeuré de l'hypocrisie, 'stie. Tu veux l'avoir ton rapport? Ramasse-le, torche-toé le cul avec, pis mange de la marde. Moi je travaille là-dessus ok? […] Non, j'en ai plein le cul moi de cette ostie d'hypocrisie de marde-là. Éric Dugas : Merci pour le rapport final, monsieur Lévesque-René.

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Lévesque-René : Ouan ben c'est ça, mange de la marde. Criss d'hypocrite à marde. Corrompu en plus.[…] Criss je suis tanné de c't'ostie de niaisage là. On est en démocratie, on est supposés être matures et professionnels. Mais toi, qu'est-ce que tu veux, t'es pas capable. Criss d'imbécile. En plus criss t'es même pas (incompréhensible). […] Moi je suis rentré en politique pour que ce soit professionnel.

Pressé par Éric Dugas, le maire Normand Marinacci s'est improvisé dirigeant de service de garde a tenté de rétablir la situation en demandant à Lévesque-René de s'excuser.

Prenant maladroitement son maillet, et le reposant en ne sachant qu'en faire, le maire y est allé d'un discours aussi habile et convaincant que la fois où j'ai dû dire à un jeune de mon camp de vacances qu'il fallait qu'il arrête de frencher une campeuse dans des coins reclus.

Vous pouvez tout regarder ici :

En entrevue avec La Presse , Lévesque-René a déploré l'attitude « très agressive et condescendante » de Dugas. Il a expliqué lui avoir lancé le rapport parce qu'il le lui avait déjà remis à plusieurs reprises, alors que Dugas prétendait toujours ne pas l'avoir reçu.

« Toujours se faire attaquer, dénigrer, ce n'est pas démocratique », dénonce-t-il. L'article précise qu'il ne se représentera pas aux prochaines élections.

Des années que ça va mal

Disons que ça fait un moment que ça ne va plus à l'île Bizard.

Le nerf du problème, du moins celui qui a été le plus médiatisé est cette histoire de harcèlement en milieu de travail. Il y a deux ans de cela, le syndicat des cols blancs a dénoncé à la Ville un environnement de travail néfaste à l'Île-Bizard—Sainte-Geneviève, en raison des agissements de la directrice d'arrondissement, Nancy Bergeron (la même Nancy évoquée par Dugas dans la confrontation décrite plus haut).

Une enquête a été ouverte et une écrasante majorité d'employés aurait confirmé avoir été victimes de harcèlement. Nancy a donc été congédiée par la Ville.

L'arrondissement a par la suite mené sa propre enquête, n'a rien trouvé, les élus du Vrai changement pour Montréal se sont ainsi opposés au congédiement de Nancy, et après un dédale de procédures administratives et judiciaires, la directrice a réintégré ses fonctions. Le sujet est toujours sensible au sein de l'arrondissement.

VICE suggère ceci comme hymne du milieu de travail des élus de l'île :