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Food

La guerre des cafés-licornes est déclarée

À New-York, un petit coffee-shop de quartier accuse le géant Starbucks de lui avoir piqué son concept de boisson multicolore juste pour faire du blé.
Photo : Starbucks.

La tendance de la bouffe aux couleurs des licornes et des arcs-en-ciel vient à peine de déferler sur le monde qu'on frise déjà l'overdose. Pire : depuis que la chaîne de restauration rapide Starbucks s'est dit que ce serait peut-être un bon coup marketing de s'approprier le phénomène Internet, le délire est sérieusement parti en cacahuètes.

Résumé des épisodes précédents : en avril dernier, pour surfer sur la tendance « Unicorn » qui enflamme les réseaux sociaux, le géant du café américain décide de lancer le Unicorn Frappuccino Blended Creme, une boisson éphémère qui arbore une belle mousse multicolore et qui, on ne va pas se mentir, a été conçue dans le seul but de faire le buzz sur Instagram. Tout le monde semblait super-content de cette nouvelle création jusqu'à ce qu'un coffee-shop new-yorkais du très branché quartier de Williamsburg à Brooklyn se décide à monter au créneau et accuser Starbucks de faire du plagiat. Dans la foulée, le petit café de quartier a déposé plainte contre la multinationale. Motif : le concept du Unicorn Latte leur appartiendrait. Ils réclament donc dix millions de dollars (soit un peu plus de neuf millions d'euros) pour réparer le dommage lié à l'usage de leur concept déposé.

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On a toutes les raisons de penser que s'ils touchent 10 millions, ils auront largement de quoi se payer une vraie licorne (à condition de savoir où chercher).

Bref. Les propriétaires de The End, le fameux café de Williamsburg, ainsi que leurs fournisseurs, affirment que leurs clients pensent à présent que c'est The End qui a copié Starbucks. Un comble. Selon leurs déclarations déclarées à l'audience, le coffee-shop aurait commencé à vendre ce type de boisson « licornesque » dès le mois de décembre 2016 – mais ce n'est que le 10 janvier dernier qu'ils auraient déposé un dossier de propriété intellectuelle – et à ce jour, leur demande n'a pas encore été validée. Évidemment, tout cela n'a pas empêché l'inévitable de se produire : Starbucks a lancé son Latte Licorne le 17 avril dernier, surfant sur la vague ô combien éphémère de la bouffe multicolore (la boisson était une édition limitée dans le temps et n'est à présent plus disponible en magasin).

Les avocats de The End estiment qu'une telle réclamation est plus que justifiée. C'est en tout cas en ces termes qu'ils l'ont expliqué à MUNCHIES : « Nos clients sont les seuls créateurs du Unicorn Latte. Il s'agit d'un produit très demandé que nos clients ont su rendre populaire sur les réseaux sociaux. Ils en ont développé l'image et forgé le concept lucratif. Ils ont même été jusqu'à faire les démarches nécessaires pour protéger cette idée originale. Mais quand l'entreprise Starbucks a décidé de lancer un produit similaire dans ses milliers de boutiques, avec le même nom et le même aspect, elle a endommagé la réputation de nos clients. Ce que cette poursuite entend accomplir, c'est de protéger une petite entreprise qui s'est fait voler sa propriété intellectuelle par une multinationale. »

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Coïncidence troublante : si les deux boissons concurrentes sont bien vendues dans des « cafés », aucune de ces « boissons licornes » ne contient de caféine. La version de The End est composée de « jus de gingembre pressé à froid, de jus de citron, de dattes, de noix de cajou et d'autres ingrédients séchés tels que la racine de maca, de l'algue bleue-verte et des graines de vanille ». Celle de Starbucks est faite de « lait, d'édulcorants artificiels, de colorants et de concentrés de fruits ».

Pour Bret Caretsky, l'un des propriétaires de The End, l'établissement qu'il dirige est un « café bien-être ». Il tient à souligner le fait que sa boisson licorne n'a rien à voir avec l'étrange breuvage de chez Starbucks. Voici ce qu'il nous a expliqué quand nous l'avons contacté : « Notre Unicorn Latte est le produit le plus populaire depuis notre ouverture. C'est avec effroi et désarroi que nous avons appris l'initiative de Starbucks de vendre un Unicorn Frappucinno en utilisant notre nom et notre apparence mais aucun de nos bons ingrédients. »

Est-ce que les propriétaires du The End ont prévu de réclamer la paternité de tous les produits alimentaires à la sauce arc-en-ciel du marché ? Les démarches initiées pour protéger l'idée du latte licorne vont-elles suffire à convaincre un tribunal ? Comment prouver que ces New-Yorkais ont réellement été les premiers à avoir eu l'idée du licorne latte ? Et comment comptent-ils démontrer que l'initiative du Starbucks a effectivement créé la confusion ? The End affirme que « la taille et la présentation du produit de Starbucks ont été pensées de telle sorte que le Unicorn Frappucino fasse de l'ombre au Unicorn Latte sur le marché ». Est-ce qu'il s'agit d'une plainte justifiée alors que la clientèle de The End est cantonnée à un quartier alors que celle du Starbucks est mondiale ?

La guerre des cafés licornes ne fait que commencer et on vous tiendra bien évidemment informés de la tournure que prendront les événements.


Note de la rédaction : Depuis la publication de cet article, Starbucks nous a envoyé ce message : « Nous sommes au courant des allégations portées sans raison à notre encontre. Le Unicorn Frappuccino du Starbucks est simplement inspiré de la tendance des aliments-licorne qui se développe sur les réseaux sociaux. La boisson a été disponible pendant une courte durée en Avril et elle n'est plus disponible dans nos enseignes. »