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La cuite sans la gueule de bois : un rêve de poivrot devenu réalité

Grâce au progrès de la biogénétique, des scientifiques sont parvenus à mettre au point une levure miracle qui permettrait d'estomper les effets néfastes d'une cuite au vin.
Hilary Pollack
Los Angeles, US
Photo via Flickr user Chris Cheung

Le pinard, c'est la vie. La cuite au pinard, c'est ce qu'il y a de pire. Migraine, nausées, haleine de merde : c'est le prix à payer pour avoir passé une plutôt belle soirée en compagnie d'une ou deux bouteilles de bon Merlot.

Et si la gueule de bois post-pinard n'était plus qu'une formalité ? Une équipe de scientifiques de l'Université de l'Illinois aurait mis au point une nouvelle levure qui permettrait de se mettre une mite au vin sans avoir à en subir les effets secondaires désagréables.

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Selon les rapports de l'étude parue récemment dans Applied and Environmental Microbiology, cette levure artificielle miracle pourrait être le remède anti-gueule de bois que les poivrots du monde entier attendent depuis la nuit des temps. Les chercheurs expliquent qu'ils se sont servis d'un « bistouri génomique » pour modifier le métabolisme des microbes présent dans le pinard, notamment la souche du saccharomyce cerevisiae, le micro-organisme que l'on utilise précisément dans la production du vin, de la bière, et tout un tas d'autres boissons qui nécessitent une fermentation. Avec ce « bistouri », les scientifiques ont été en mesure de corriger les effets secondaires négatifs que provoque une consommation excessive de vin. C'est peut-être un petit pas pour la science, mais c'est un pas de géant pour les ivrognes.

Yong-Su Jin, professeur agrégé de l'Université de l'Illinois, explique qu'il est habituellement difficile de bidouiller les souches polyploïdes de la levure (celles que l'on retrouve dans les pains et les boissons alcoolisées) car elles sont constituées de génomes complexes qui fabriquent plusieurs copies de chaque gène. Mais ce nouveau « bistouri génomique » permet d'inciser et de séparer chaque copie avec une précision beaucoup plus accrue. Concrètement, cela permet d'éviter qu'une copie originelle ne vienne aléatoirement « réparer » la version modifiée du gène et donc, venir gâcher toute l'expérience. Mais n'allez pas imaginer ce « bistouri » comme une sorte de microscopique lame en acier inoxydable, il s'agit en fait d'une enzyme.

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Mais assez parlé de trucs scientifiques chiants — essayons de parler de trucs scientifiques un peu moins chiants.

Grâce à cette nouvelle enzyme, on pourra bientôt produire un vin à haute teneur en resveratrol – une molécule organique que l'on retrouve dans le raisin et qui est très bénéfique pour le corps humain. Mieux, le resveratrol est connu pour être un antioxydant assez magique qui aurait le pouvoir de tout guérir : du cancer et des problèmes cardiaques en passant par cette soudaine poussée d'acné jusqu'à… cette soudaine gueule de bois avec laquelle vous vous êtes réveillés ce matin.

Le calcul est simple : si l'on peut mettre dix fois plus de ces petites particules miracles dans chaque verre de Bordeaux, cela veut dire qu'en théorie, on peut boire dix fois plus sans craindre de trop ramasser le lendemain.

Le « bistouri génomique » aurait d'autres atouts : il pourrait activer un second processus de fermentation malolactique qui rendrait le vin plus doux et réduirait les sous-produits toxiques présents dans le vin, ceux-là mêmes qui sont à l'origine de nos migraines post-beuverie.

Le professeur Jin ajoute que l'enzyme peut bonifier le vin en lui ajoutant des composants présents dans des aliments reconnus médicalement, comme le ginseng. Ce « boost moléculaire » pourrait aussi s'appliquer aux autres aliments ou boissons qui nécessitent de passer par une phase de fermentation comme les bières, les fromages, les légumes saumurés et même le kéfir ou le kimchi (si vous êtes du genre assez barges pour aimer ça).

Un autre usage intéressant de cette enzyme, serait de s'en servir pour isoler les gènes responsables de certains arômes dans le vin. Cette opération permettrait de savoir précisément pourquoi un vin est, par exemple, plus tannique, plus doux, plus sec ou juste plus inoubliable qu'un autre. En gros : tout ce qui constitue votre verre de vin peut être décomposé génétiquement.

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Fermez les yeux et imaginez un peu un vin qui ne se contente pas d'être absolument divin en bouche, mais qui ait le pouvoir de faire respirer vos pores et de booster les capacités de votre mémoire et tout ça, sans vous mettre K.O. le lendemain. On vous tient au courant dès que les bouteilles sont en vente libre.

En attendant, on se devait de faire une ultime mise en garde : si cette nouvelle enzyme miracle permet de boire dix fois plus sans ressentir les effets néfastes de la gueule de bois, elle n'empêche pas d'avoir l'air con. Gardez bien ça en tête si vous avez prévu de vous mettre minable et buvez toujours avec modération.