Glauque band
Culture

Les ovnis belges de Glauque ont photographié leur tournée au Canada

« Les Inrocks avaient tort : le Canada ne nous attendait pas du tout. Personne ne nous attendait à part une vieille femme aux cheveux bleus. »
Nine Louvel
Brussels, BE

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Inconnus au bataillon il y a un an, le groupe de potes namurois Glauque a fait une entrée fracassante sur la scène musicale belge après avoir réussi à se hisser jusqu'à la finale du Concours Circuit. Avec seulement deux titres disponibles en ligne pour l’instant, on vous conseille d’aller vous faire votre propre avis le 8 novembre à La Madeleine, où ils seront sur scène dans le cadre de la première édition du FiftyFifty Lab.

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Fraîchement revenus du Canada où ils se produisaient au Festival de la Musique Emergente (FME), ils ont ramené l’appareil jetable qu’on leur avait filé pour immortaliser leurs souvenirs de voyage. J’ai rejoint Baptiste (26 ans), percussionniste et claviériste, Lucas (28 ans), claviériste, Aadriejan (23 ans), claviériste et guitariste, Louis (21 ans), rappeur et Aaron (21 ans), deuxième voix, pour un café (ou plutôt quatre).

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VICE : Salut les gars. Vous revenez tout juste d'un voyage au Canada où vous avez joué au festival FME. C'était votre première fois à tous dans le Grand Nord ?
Aadriejan : C'était la première fois au Canada pour tout le groupe sauf pour moi. J'étais déjà parti l'an dernier jouer au festival d'été de Québec où je remplaçais l’un des membres du groupe Pale Grey. Mais partir jouer au FME, c’était une première pour tout le monde.

Louis : On est partis le 28 août, le vol aller s'est passé sans trop de turbulences, mais le plateau repas était juste infâme, donc j'ai lu un livre et j'ai pleuré.

Aadriejan : Il fallait prendre la volaille Louis, le reste c'était dégueulasse. Mais le suprême de poulet avec sa petite sauce épicée…

« On était des rockstars ce jour-là… Ou plutôt des victimes pour être honnête. »

Et une fois sur place?
Louis : À peine arrivés, on a été appelés par Robert, notre chauffeur, qui nous cherchait partout dans l’aéroport. Il nous a lâché « Mais vous êtes où physiquement ? », avec un accent québécois grandiose. Une fois à bord, il nous a prévenus qu'il allait prendre un chemin alternatif pour éviter les bouchons, mais je ne l’ai pas vu suivre une seule fois son GPS de tout le trajet. Résultat, on est arrivés sur le festival pile à l'heure où était censés commencer le live.

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Vous avez débuté l’aventure comme des rockstars malgré vous, comment s’est passée la suite ?
Louis : Clairement, on était des rockstars ce jour-là. Enfin on était plutôt des victimes pour être parfaitement honnête. Après le concert on a été manger un japonais, c'était super cher et dégueulasse. Le lendemain on s'est tapés dix heures de route jusqu'au FME.

Baptiste : C'était la débandade.

Lucas : Le trajet ressemblait à un film d'horreur. Dix heures dans les bois où seuls les phares de la voiture éclairaient une vieille route rocailleuse. On avait l'impression que quelqu'un pouvait surgir de la forêt à n'importe quel moment.

Louis : C'est là qu'on a compris que les Inrocks avaient tort : le Canada ne nous attendait pas du tout. Personne ne nous attendait à part une vieille femme aux cheveux bleus quand on est arrivés dans le camp. Elle nous a guidés le long de plein de petits chalets chelous jusqu’à notre habitation. C'était désert, je me rappelle qu’il y avait seulement une télé allumée avec un petit bruit de grésillement en fond.

Lucas : L’endroit où on dormait ressemblait à un dortoir pour enfants avec des anciens lits d'hôpital dont on pouvait remonter les barrières. La chambre n’avait pas de porte et donnait sur un couloir éclairé seulement par un vieux néon indiquant « sortie ». Glauque à mort pour le coup.

Louis : Tout ça pendant que notre manager dormait à l’hôtel. Depuis on ne bosse plus avec lui.

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Aaron : D'ailleurs Max si tu lis ça : t'es viré !

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Bon à part ça, le cadre du FME avait l’air sympa. Comment avez vécu le festival?
Louis : La date au FME était super cool. On jouait dans un endroit qui s'appelait « La Guinguette » et qui avait été montée spécialement pour l'occasion, juste à côté d'un lac. Il y avait plein d'influencers américains à une table spécialement réservée pour elleux, ça débordait de bouffe. Iels ont fait plein de storys avec nous donc on a gagné des millions de followers, et par des comptes certifiés ! Et sans même follow back : c'est ça la vie de rockstars. À ce moment-là, on a cessé d’être des victimes.

Baptiste : En vrai on s'est pas mal plaint du camp mais c'était quand même agréable en journée quand il ne pleuvait pas. En revanche, le temps était dégueulasse à notre arrivée donc on a été acheter des fringues dans un magasin de pêche, d'où le beau ciré jaune que j'ai acheté à Louis et que tu peux voir sur la photo. On a été assez proches de la nature pendant ce voyage, on a pu déconnecter le temps de quelques jours.

Aadriejan : Très proches de la nature oui… Même peut-être trop proches. Le jour où il a fait beau on s'est dit qu'on allait profiter du lac et des pédalos à disposition, normal quoi. Sauf que j'avais oublié que les affaires dans mes poches tombaient facilement du pantalon que je portais. Et que j'avais les clés de la voiture de location. Je me suis assis et j'ai entendu un petit plouf ! C'était les fucking clés !

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Baptiste : Et il l'a dit seulement une heure après ! On finit le tour de pédalo et on le voit qui retire son pantalon, on commence tous à se foutre en slip et il nous dit que c'est juste pour se “mettre plus à l’aise", alors que la vraie raison, c'est qu'il allait retourner chercher les clés dans l’eau.

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Sacré aventure, et j’ai ouïe dire qu’il y avait eu du tatouage dans l’air ?
Baptiste : Oui, mais on ne dira pas où !

Revenons un peu à vos débuts : Pouvez-vous me parler de la création du groupe ?
Aadriejan : Louis cherchait quelqu'un pour faire les prods sur ses textes. Lucas m'a présenté à Louis et on a commencé à faire des morceaux à deux, Louis et moi. Puis Lucas, Bapt et Aaron nous ont rejoint pour les lives.

Louis : Puis on a entendu parler de Concours Circuit par le biais d'un pote à qui l'avait fait il y a quatre ans. On s'est inscrit et on a atterri en finale, c'était une expérience vraiment cool. À partir de là tout s'est enchaîné et on a été programmés à Dour, aux Ardentes et au Cabaret Vert pour n’en citer que quelques uns. C'est assez fou parce qu'on avait seulement deux concerts au compteur avant le Concours Circuit. J'suis pas encore assez réveillé, Baptiste tu peux enchainer ?

Baptiste : Entre chaque live on composait des chansons pour le suivant tout en apprenant à fonctionner comme un groupe. On a été jetés dans le grand bain direct pour faire nos armes. Adrijean avait déjà joué dans un groupe et Lucas avait eu des groupes de rock quand il était ado, mais c'est la première expérience des deux rappeurs.

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Vous avez sorti deux morceaux, le premier « Robot » en décembre 2018 et maintenant « Plane ». Ce sont des textes très forts que tu écris seul Louis, tu la puises où ton inspiration ?
Baptiste : D'une bonne rupture !

Louis : Baptiste t'es vraiment trop chiant ! En réalité, j'écris tout seul dans mon lit le soir. Ça fait seulement trois ou quatre ans que j’écris des chansons, mais j’ai commencé à me tourner vers l'écriture pour m’exprimer quand j'étais ado. Je pense qu'on a tou·tes en nous cette rage et ces émotions crues mais beaucoup l’expriment de manière différente ou ne l’expriment juste pas. Je n’ai pas l’impression que ce soit extrêmement difficile. Le seul point commun entre toutes nos chansons, c’est cette envie d’exprimer un ressenti par rapport à un vécu personnel ou de mettre des mots sur les expériences intimes des gens qui m’entourent, je trouve que c’est le plus important.

Avec seulement deux morceaux sortis pour l’instant, vous préférez vous concentrer sur les lives ?
Baptiste : Le premier mot qui me vient à l’esprit c'est “contraste” ! Les deux morceaux déjà sortis ont une énergie et une esthétique similaire, alors qu'en live ça peut être beaucoup plus calme, parfois la voix s’impose et guide le reste sans qu’on ait trop d’informations musicales. Si tu as la chance de venir nous voir jouer le soir, il y a un travail de lumière qu’on veut très tranchée, on joue sur le contraste pour créer une atmosphère.

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On a déjà pu constater que vous aviez un univers visuel très fort lors de la sortie du clip « Plane » en juin 2019, c’est quelque chose que vous avez envie de continuer à explorer ?
Aadriejan : C’est le premier vrai clip qu'on réalise, car celui pour « Robot » avait été fait à l’arrache à deux jours de la clôture des candidatures pour le concours Circuit. Pour « Plane » en revanche, on a bossé avec Romain Vennekens, qui écrit aussi en parallèle pour VICE. On cherchait quelqu'un qui axerait le projet sur quelque chose de beaucoup plus cinématographique : ça ne nous intéressait pas de partir sur une esthétique de clips de rap où mon frère serait en train de rapper devant une bagnole dans un décor léché. On a écrit en partie le scénario avec Romain avant de tourner tout près de Namur. On veut que les clips à venir aient une cohérence et soient dans la continuité de celui-ci ; c’est la raison pour laquelle ce n'est pas une histoire fermée.

Louis : On a commencé à raconter une histoire, posé certains éléments narratifs et introduit des personnages, comme celui de la fille. On voulait que ce soit un contenu qui se suffise à lui-même tout en pouvant être développé par la suite et réinterprété en fonction des morceaux à venir. L'histoire du clip c'est l'histoire d'un soir de défonce avec des éléments insérés en filigrane.

« Si on part sur des souvenirs de festivals ça va surtout être des souvenirs de bouffe, et le catering de Dour a gagné haut la main ! »

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Une date qui vous a marquée en particulier cet été?
Lucas : Carrément ! Au Fnac Live, un festival gratuit à la mairie de Paris. On était les premiers artistes à performer et j’étais très nerveux. J'ai toujours une petite appréhension quand on va faire une date française parce que le public ne nous connaît pas du tout, alors quand on a vu le public être réceptif et super dynamique, c’était incroyable ! Iels avaient une énergie dingue, et ça a décuplée la nôtre.

Baptiste : Hey les gars je parle de la date à Namur ? Je dis que c’était illégal ?

Lucas : Vas-y, de tout manière on est foutus maintenant.

Baptiste : En gros on a fait un concert dans la cour du Ramd'Âm, une boutique de disques à Namur qui organise chaque année un petit festival, c’est super intime et ça nous tenait vraiment à coeur parce qu'on passe notre vie à traîner là-bas. Le problème c'est que notre contrat avec Esperanzah! stipulait qu'on avait pas le droit de se produire ailleurs en marge du festival, donc on a changé de nom pour l'occasion. On s'est présentés comme « Lugubre », un groupe de death metal hollandais qui existe vraiment.

Louis : Perso si on part sur des souvenirs de festivals ça va surtout être des souvenirs de bouffe, et le catering de Dour a gagné haut la main !

Aadriejan : C'était fantastique ! Il y avait un grand buffet, entrées froides avec petites crevettes à la mayonnaise, très bonne charcuterie. Un buffet chaud aussi, c'était vraiment le bonheur ce catering !

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Vous me donnez faim. Et a part ça vous avez des projets pour les mois à venir ?
Lucas : Comme tu peux le constater, planifier ça a jamais vraiment été notre truc. Mais on a bien hâte de jouer au FiftyFifty Lab.

Baptiste : On laisse le manager gérer notre vie. On se concentre sur le futur proche et l’album est prévu pour 2020.

Aaron : Les gars je pense qu'on est vraiment le pire groupe en interview.

Chopez vos tickets pour le FiftyFifty Lab ici.

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