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Food

La nourriture a meilleur goût avec des couverts plus lourds

Une étude montre que les couverts qui pèsent aident à attirer l’attention des clients sur leurs assiettes et augmentent la sensibilité de leurs récepteurs du goût. Heureusement que les grands esprits de notre siècle sont là pour s’assurer que tout...
Photo via Flickr user dcarlbom

L'Université d'Oxford, qui a vu le jour en 1096, est l'université la plus ancienne du monde anglo-saxon, et l'un des établissements d'études parmi les plus prestigieux du monde tout court. Pour preuve, un total de 12 saints chrétiens et plus de 57 prix Nobel sont sortis de ses rangs. L'université compte également quelques élèves notoires comme Aldous Huxley, Oscar Wilde, Indira Gandhi et Bill Clinton qui ont tous marqué à leur manière l'Histoire du monde contemporain.

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On aurait donc parfois trop tendance à s'imaginer Oxford comme une gigantesque fabrique à intellos binoclards qui s'adonnent toute la journée à l'analyse des complexités subtiles des textes antiques ou encore à l'étude approfondie des grandes questions de la science. Et en vrai, on n'est pas loin de la réalité.

Mais à Oxford, on s'intéresse aussi aux questions relatives à la bouffe et à l'alimentation.

Charles Michel est le directeur Franco-colombien du Laboratoire de Recherche Cross-modal (le Crossmodal Research Laboratory) de l'université d'Oxford. Affilié au département de Psychologie Expérimentale, le laboratoire étudie la façon dont l'humain perçoit le monde à travers ses différents sens, à savoir l'ouïe, la vision, le toucher, le goût et l'odeur.

Figurez-vous que Charles, notre chercheur gourmet, vient d'éclairer un mystère — qui devait sûrement tourmenter les poids lourds de la science depuis quelques siècles — en arrivant à la conclusion suivante : plus les couverts que l'on utilise pour manger sont lourds, plus la nourriture a meilleur goût.

Pour le prouver, Michel a réuni 130 personnes dans le restaurant d'un hôtel à Edimbourg, en Écosse. Chaque convive a mangé exactement le même repas : de la truite avec de la purée de pommes de terre, accompagné d'épinards, de câpres, et d'une sauce aux crevettes et beurre. La moitié des participants était munie de couverts lourds (de l'argenterie chic), et l'autre moitié mangeait avec des ustensiles un peu plus cheap, qui pesaient trois fois moins.

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Au final, les cobayes qui avaient utilisé les couverts lourds étaient prêts à payer une addition 15 pour cent plus cher pour leurs repas. Pour eux, la nourriture était globalement mieux présentée et avait meilleur goût. Pour la première fois dans l'histoire de la science, on peut donc affirmer — roulements de tambour — que l'expérience prouve que les gens qui utilisent des couverts lourds ont l'intime sensation que leur bouffe est meilleure par rapport à ceux qui dînent avec des couverts légers.

Charles Michel conclut également que les couverts lourds aident à attirer l'attention des clients sur ce qu'ils ont dans leurs assiettes. En augmentant ainsi la sensibilité de leurs récepteurs du goût, ils prennent plus de plaisir à manger. Dans un article publié sur Wired, il explique : « C'est intéressant de penser que le poids de notre fourchette peut nous rendre plus alerte, sans qu'on ne s'en aperçoive vraiment. »

Charles est gastro-physicien. C'est un nouveau domaine de la physique assez récent, qui n'existait d'ailleurs sûrement pas à l'époque où Oscar Wilde longeait encore les couloirs de l'université. Les chercheurs dans ce domaine d'études ont fait toute sorte de grandes avancées scientifiques sur la bouffe. Par exemple, ils ont montré que les goûts sucrés, salés ou amers des aliments pouvaient être influencés par la musique ambiante pendant les repas ; que manger dans des bols ronds permettrait de combler plus rapidement le sentiment de satiété ; qu'utiliser des cuillères plus grandes pour se servir nous conduirait invariablement à consommer de plus grandes quantités.

Mais les « chercheurs en bouffe » ne se concentrent pas uniquement sur la théorie, il y a aussi toute la dimension pratique qui les intéresse. Actuellement, les équipes de Charles Michel travaillent à étudier les comportements alimentaires dans les situations de la vie quotidienne. Ils collaborent notamment avec un designer et orfèvre nommé Andreas Fabian dans le but de développer une collection de bols et d'ustensiles façonnés pour aider les gens à mieux se nourrir et à contrôler davantage leur alimentation.

D'ailleurs, Andreas Fabian détient un doctorat en cuillères. Ce ne sont pas des conneries, voici un extrait de sa bio : « Son PhD (présenté à l'université de Brunel, en 2011) est basé sur la recherche interdisciplinaire et a pour objectif d'explorer les questions fondamentales du concept de « cuillèr-isme » ou « spoonness ». »

Alors on est plutôt pas mal là, entre amateurs cuillèr-istes, vous ne trouvez pas ? Heureusement que les grands esprits de notre siècle sont là pour s'assurer que tout roule niveau bouffe. À un moment donné, on ne pouvait plus uniquement se contenter des émissions de télé-réalité culinaires.