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Notre amour du pain cause un grave problème de gaspillage

Dans la lutte contre le gaspillage alimentaire, il est temps de revoir notre relation avec les produits de boulangerie.

Au Québec, nous jetons chaque année 320 000 tonnes de produits alimentaires encore comestibles aux ordures. D'après un rapport du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation (MAPAQ), entre 6 et 10 % de ces aliments gaspillés seraient des produits de boulangerie. Aux États-Unis, ce serait près d'un tiers de tout le pain produit qui serait jeté.

La relation qu'entretient le Québec avec le pain est un peu compliquée. Notre proximité culturelle avec la France (qui est elle aussi aux prises avec le même problème) fait que le pain accompagne la plupart de nos repas. De plus, d'importantes subventions gouvernementales accordées aux producteurs de céréales font que le coût de production du pain est relativement bas.

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Selon le rapport, environ 2000 tonnes de pain sont jetées aux ordures chaque année, sans compter les viennoiseries, les tortillas et autres. Mais comment fait-on pour régler ce problème?

Il faudra d'abord que les boulangeries et les supermarchés revoient leur façon de faire. Certes, c'est beaucoup plus attrayant lorsqu'un présentoir de pains est bien rempli avec une vaste sélection. Le pain a par contre une durée de vie plutôt courte, surtout lorsqu'il s'agit de pain fait de levures naturelles et sans additifs. De plus, un nombre grandissant de consommateurs tentent de réduire leur consommation de glucides, comme en témoigne la mode du sans gluten. Accepter une moins grande variété de pains dans les supermarchés pourrait être une solution envisageable.

Il y a déjà des exemples de bonne volonté. La plupart des producteurs boulangers savent très bien que c'est une industrie où le gaspillage est monnaie courante. Pour pallier le problème, plusieurs boulangeries s'associent à des banques alimentaires ou organisations du même genre, afin que les produits non achetés encore propres à la consommation ne se retrouvent pas dans les ordures. Certains magasins offrent aussi la possibilité d'acheter les pâtisseries du jour précédent à prix réduit.

La nécessité étant la mère de l'invention, plusieurs sociétés avec une importante histoire brassicole utilisaient déjà des restants de pain sec afin de brasser des bières. C'est notamment le cas de l'Estonie et de la Lituanie. L'idée a récemment été reprise avec succès aux États-Unis et en Angleterre. Rien n'empêcherait des producteurs québécois de faire la même chose. Surtout que la brasserie Boldwin et la chaîne L'Amour du pain sont déjà associées afin d'offrir un pain créé à base de drêche de bière.

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Les restaurants sont eux aussi une partie importante de l'équation lorsqu'il est question de gaspillage alimentaire. Le service du pain est une tradition honorée par une grande majorité de restaurants pour contenir temporairement l'appétit des convives pendant que leurs plats sont préparés. Par contre, d'après plusieurs restaurateurs, la distribution systématique du célèbre panier de pain n'est peut-être pas la meilleure option.

« Les clients ne mangent pas [le pain]; 80 % de ce que l'on servait se ramassait aux ordures. Nous demandons aux clients s'ils en veulent, et sept fois sur dix, ils n'en veulent pas, racontait à la Gazette David McMillan de chez Joe Beef. Nous l'offrons maintenant sur le menu pour 2 $. Avec ça, ils ont un bon pain de seigle, du bon beurre de qualité et un cornichon. »

En France, des initiatives ont déjà été prises dans les cafétérias et autres établissements libre-service afin de contrer le gaspillage du pain. Le département de Saône-et-Loire a en effet distribué des recommandations à ce type de restaurant, conseillant entre autres de mettre le pain à la fin du buffet, afin que les gens n'en prennent qu'en fonction de ce qu'il y a déjà dans leur assiette. Le rapport conseille aussi de placer un « gâche-o-mètre », un grand contenant en plastique transparent dans lequel on place tout le pain jeté de la veille, afin que les gens prennent conscience du gaspillage.

« Je crois qu'il suffit d'être un tantinet inventif; c'est notre travail en tant que chef de réduire le gaspillage à un minimum, me dit Josh Crowe, chef copropriétaire de la Taverne Monkland. Nous demandons à notre boulangerie de ne cuire le pain qu'à moitié. Nous cuisons donc seulement le pain dont nous avons besoin. S'il y a des excès, ça devient des crostinis pour nos tartares ou des croûtons pour une salade panzanella à l'italienne. »

Dans plusieurs pays et États, les supermarchés n'ont plus le droit de détruire leurs déchets alimentaires encore consommables. En Europe, bon nombre de magasins se spécialisent dans la vente de fruits et légumes jugés moches. À Montréal, il existe quelques marchés « zéro déchet ». Bien qu'il n'y ait pas de loi concrète encadrant le problème du gaspillage alimentaire au Québec, le ministère du Développement durable prévoit toutefois quelques mesures,notamment interdire l'enfouissement de déchets alimentaires d'ici 2020. Il envisage aussi de présenter un plan de stratégie pour prévenir le gaspillage alimentaire d'ici là.

Billy Eff aime beaucoup le pain. Il est sur internet ici et .