Comment les serveurs se vengent des clients relous

FYI.

This story is over 5 years old.

Food

Comment les serveurs se vengent des clients relous

Quand on est confronté tous les jours à la haine des clients qui ragent ou font preuve de méchanceté gratuite, on pense forcément aux représailles.

Tous ceux qui bossent dans la restauration le savent. Pour survivre dans ce milieu, il faut absolument avoir intégré les leçons type « Réactions appropriées face à un comportement agressif ». Quand vous atterrissez dans le monde cruel des clients ingrats, c'est le seul truc capable de préserver votre santé mentale.

On peut prendre son pied en travaillant comme serveur, mais il suffit d'un mec mal luné pour faire dérailler le joyeux train de votre service. Si ça vous arrive, il existe une méthode assez connue pour s'en sortir ; forcez un sourire, foncez vers la cuisine, hurlez, cassez du sucre sur le dos du client avec vos collègues puis retournez en salle. Vous avez repris le contrôle de vous-même. Vous êtes à nouveau capable de jouer votre partition « naturelle et charmante » à la perfection. Vous méritez un Oscar.

Publicité

LIRE AUSSI : Comment sortir avec un chef m'a convaincue de ne plus jamais sortir avec un chef

Confronté à une explosion délirante de rage pure, le plus gentil des serveurs peut se transformer en horrible Machiavel et fomenter un acte de revanche terrible. J'ai demandé à quatre personnes qui bossent dans la restauration de me raconter leur pire – ou leur meilleur, ça dépend du point de vue – manière qu'ils ont trouvée de se venger d'un client particulièrement odieux.

La morale de l'histoire ? À moins que vous vouliez que votre verre à pinte ait été nettoyé avec un balai à chiottes ou qu'on crache dans votre cocktail, pensez-y à deux fois avant de faire chier la personne qui s'occupe de vos plats ou de vos boissons.

Un jour, on a décidé de lui faire un hamburger normal avec de la vraie viande au lieu de la traditionnelle galette végétarienne

Rick, 27 ans, serveur

On avait une cliente vraiment horrible qui revenait tout le temps au restau. C'était une nana pathétique. Elle se plaignait fréquemment de choses complètement aléatoires. Mais au lieu de nous prévenir et d'accepter qu'on tente d'arranger la situation, elle prenait des photos et les envoyait dans la section « remarques » du site du restaurant. Les e-mails remontaient irrémédiablement jusqu'aux oreilles de notre boss qui, du coup, nous passait une soufflante.

Elle se plaignait constamment. Elle disait être intolérante au gluten, mais n'arrêtait pas de commander un burger veggie (bien sûr, elle était aussi végétarienne) avec deux buns qui, eux, n'étaient pas du tout gluten free. Quand on le lui disait, elle disait qu'elle n'allait pas manger le pain. Mais à la fin de la soirée, ça ne ratait pas, les buns avaient toujours disparu.

Publicité

Parce qu'elle n'arrêtait pas de geindre, on a décidé un jour de lui faire un hamburger normal avec de la vraie viande au lieu de la traditionnelle galette végétarienne. On a attendu que le jus de la barbaque imprègne bien le pain et, juste avant de lui servir, on a finalement mis la galette végétarienne. Elle n'y a vu que du feu. J'ai grave kiffé ce moment tout en me sentant profondément coupable (parce que ce n'était pas bien de faire ça).

Photo via Flickr

Sabri, 26 ans, barman

Généralement, j'ai une règle avec les clients relous : je les ignore. Mon collègue derrière le bar n'y arrive pas. Quand il a quelqu'un dans le nez, il va moins bien le servir. Par exemple, il va foutre 10 cl de vodka au lieu des 25 annoncés dans la recette du cocktail.

Par contre, il y a un truc que je faisais assez régulièrement, c'était de me venger sur quelqu'un que je détestais encore plus que les clients relous : le chef. Ses repas du personnel étaient vraiment dégueulasses – super épicé ou super gras, juste pour nous faire chier. En plus, il était vachement arrogant – le stéréotype du mec qui ne peut pas être heureux avant d'avoir humilié au moins une fois l'ensemble de ses subalternes. Je ne supportais tellement pas ce genre de comportement que les choses ont plusieurs fois tourné au vinaigre. Il y a eu des cris et on en est presque venu aux mains. Depuis, j'ai toujours refusé de lui servir des verres, mais les managers n'étaient pas spécialement d'accord avec ce boycott.

Publicité

J'avais remarqué la présence d'un balai à chiottes dans les cabinets. Il était dégueulasse vu que personne n'avait pensé à le remplacer

On me demandait de filer un verre au staff en cuisine dès la fin de leur service. Ça me faisait grave chier mais la goutte d'eau qui a fait déborder le vase c'est quand le chef a foutu exprès du porc dans ma bouffe. Il savait très bien que je n'en mangeais pas. À partir de ce moment, la guerre était déclarée.

J'avais remarqué la présence d'un balai à chiottes dans les cabinets. Il était dégueulasse vu que personne n'avait pensé à le remplacer. J'ai donc décidé de nettoyer le verre du chef avec ce balai. Chaque nuit. C'était le verre qu'il utilisait pour siffler sa première bière de la soirée. J'ai été surpris qu'il ne remarque rien. La bière avait un goût chelou mais il buvait ça tellement vite.

La seule autre personne qui était au courant de mon plan, c'était mon assistant. Si je n'avais pas le temps de filer aux WC pour le faire, il le faisait à ma place et me filait un coup de main. Rétrospectivement, je sais que je n'aurais pas dû faire ça mais ce mec m'a filé de la merde à bouffer, en retour, je lui ai filé de la merde à boire.

Dimi, 30 ans, chef

Je me rappelle qu'un collègue s'était mangé une grosse amende de la part de deux flics et que, quelques jours plus tard, ces mêmes policiers avaient débarqué au restau pour s'acheter un sandwich à emporter. Il les a reconnus direct et, pour se venger, a frotté sa bite sur tout le pain avant d'y ajouter la garniture.

Autre acte de vengeance dont j'ai été le témoin privilégié, des cuistots qui se faisaient des passes au sol avec la viande des burgers avant de la mettre entre les buns. Comme je crois au karma, je ne participais pas à ce genre d'activités.

Publicité

Photo via Rafael Poschmann

Laila, 31 ans, ancienne serveuse

Quand j'avais 18 ans, je travaillais dans un salon de thé aux Pays-Bas. Un jour, la nouvelle petite amie de mon ex est venue s'asseoir à une des tables. J'ai immédiatement su qui elle était et je me suis sentie merdique parce que je devais aller la servir. On aurait dit qu'elle avait encore plus de pouvoir sur moi. C'était atroce. Je pouvais voir son petit sourire de satisfaction particulièrement barbant alors qu'elle commandait un cocktail vert clair appelé Jungle Juice.

J'ai dit à une de mes collègues au bar que j'avais vraiment envie de cracher dans le verre. Sans hésiter, elle a raclé le fond de sa gorge et lâché une glaire dans le blender avec les autres ingrédients. Le bar était au fond de la salle donc les clients ne pouvaient pas voir ce qu'on était en train de manigancer. Elle a brièvement passé le tout au blender avant de le verser dans un verre. Il y avait un peu de mousse blanche qui flottait à la surface.

Je me rappelle avoir agité frénétiquement une paille pour essayer de camoufler le méfait. Une fois le cocktail sur la table, je l'ai vue l'avaler et c'était vraiment trop bon. On en rigole encore. Et puis elle et mon ex ont rompu il y a quelques mois. Comme quoi.