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Food

Paquets vides, plaisir coupable et dépression – les confessions d'une accro aux chips

Pourquoi les gens me demandent toujours quel est mon goût préféré quand je leur confie que je suis accro aux chips ? Est-ce que l’on demande à un alcoolique s’il aime plus le vin ou la bière ?

Cet article a été préalablement publié sur MUNCHIES en novembre 2015

Est-ce que l'on demande à un alcoolique s'il aime plus le vin ou la bière ? En général on évite – c'est un peu déplacé. Alors pourquoi les gens me demandent toujours quel est mon goût préféré quand je leur confie que je suis accro aux chips ? Parce que personne ne me prend jamais au sérieux.

J'essaye souvent de me rappeler comment ça a commencé. Je crois bien que je suis tombée dedans dès la première poignée. Ce n'est pas faute d'avoir été avertie, dans les années quatre-vingt, la marque Lays avait sorti une pub pour mettre en garde les gens comme moi, qui craquent facilement devant un paquet de chips. Le slogan disait : « No one can eat just one » (en français : « Vous ne pourrez plus vous arrêter »). Je l'ai appris à mes dépens.

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J'ai besoin d'au moins un paquet par jour. Il m'arrive d'avoir envie de chips dès le réveil. Dans ces cas-là, je me lève et je trace au supermarché le plus proche sans prendre de douche, juste pour avoir ma dose. Pour essayer de limiter ma consommation, j'ai adopté une règle : pas de chips avant une heure de l'après-midi. À l'exception des fois où j'ai la gueule de bois, car c'est malheureusement le seul truc que j'arrive à avaler dans ce cas-là.

Vera met Wokkels

Toutes les photos de l'auteur avec son aliment fétiche ont été prises par Bibian Bingen.

Selon moi, il n'existe pas meilleur truc à grignoter que les chips. Est-ce que vous connaissez quelqu'un qui affirme ne pas aimer ça ? C'est bien ce que je pensais.

Zakken chips op tafel-vera

Aucune marque de chips n'a versé d'argent pour la rédaction de cet article.

Petite, ma mère me forçait à manger mes chips dans un bol, histoire de pouvoir mesurer et contrôler ma consommation effrénée. C'était franchement relou. Dès qu'elle disparaissait, je remplissais mon bol en cachette et je m'enfilais en plus une grosse poignée au passage, histoire de bien faire honneur à mon paquet.

J'ai compris que j'avais un problème quand j'ai réalisé que je cachais les emballages vides. J'ai eu l'impression d'être comme ces alcooliques qui vident des bouteilles de jus pour les remplir d'alcool. Il y a douze ans, je cachais mon addiction à ma famille ; aujourd'hui, je fais pareil en colocation. J'avais l'habitude de les cacher dans une caisse sous mon lit à côté de mes journaux intimes. Il y a quelque temps, je me suis rendu compte que toutes mes sœurs étaient en fait au courant. Je ne sais pas ce qui est le pire : le fait qu'elles soient tombées sur mes journaux intimes ou qu'elles aient pioché allègrement dans ma planque pendant toutes ces années.

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Cheese union eten-vera

Cette photo me dégoûte un peu.

Un jour, j'ai laissé mes chips sans surveillance dans la cuisine de ma colocation. Grave erreur. Mes colocs se sont jetés dessus et ne m'en ont laissé aucune miette. Il n'y a rien de pire – ou presque – que de rentrer chez soi le soir et de retrouver son paquet de chips éventré. Ça ne me dérange pas de cuisiner, mais je préférerais toujours l'option qui consiste à manger des chips. C'est pour ça que j'ai souvent un peu la nausée quand je passe à table – c'est parce que je me suis enfilé tout un paquet juste avant.

Quand je vais faire mes courses, je vois les gens réfléchir et calculer ce qu'ils doivent acheter en fonction de ce qu'ils vont faire à manger les prochains jours. Moi, mon esprit tout entier est concentré sur une seule chose : « quelle variété de chips vais-je bien pouvoir me prendre aujourd'hui ? » Quand je n'ai pas d'envie précise en tête, je peux bien passer une demi-heure devant le rayon. Aussi bizarre que cela puisse paraître, cela fait un paquet d'années que je suis addict aux chips et je n'ai encore aucun goût favori. Tous les goûts me vont du moment que je peux manger des chips. Le seul truc que je ne prends jamais, c'est les chips goût « nature, légèrement salé ». Ça a beau être un grand classique, je ne comprends pas les gens qui achètent ça. C'est probablement les mêmes qui commandent des « pizzas hawaïennes » en pensant que c'est meilleur pour la santé. Ça me débecte.

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Vera eet chips in bed

Un jour sans chips et je suis complètement désorientée. Quand il arrive que j'aie trop de boulot le soir pour avoir le temps de me faire un petit paquet de chips avant de dormir, c'est la déprime totale.

C'est vraiment quand je me retrouve seule, en tête à tête avec mon sachet en plastique tout graisseux, allongée comme une grosse loque sur le lit, la main plongée dans le paquet, que je me sens le mieux. C'est magique. Je ne comprends pas les gens qui les mangent en marchant dans la rue. Les chips, ça se mange chez soi.

J'ai déjà quitté quelqu'un à cause d'un paquet de chips. Je m'éclipse souvent d'une soirée entre amis quand je pense à mes chips qui m'attendent dans ma chambre. Si la soirée est partie pour se finir dans un fast-food, je préfère largement rentrer chez moi et passer un bon moment dans mon lit avec mon paquet de chips, plutôt que d'aller me finir avec un hamburger dans un endroit mal éclairé par des néons clignotants.

chips bij de bushalte

Je ne comprendrai jamais les gens qui mangent des chips en public.

Je vous en prie, arrêtez de me juger quand vous me voyez en train de bouffer des chips. Arrêtez de dire que je me goinfre encore de cochonneries. C'est manquer de respect deux fois : la première à ma personne et l'autre à mes chips.

Je sais bien que les chips, ce n'est pas très diététique : il y a plein d'additifs et à peu près trois fois la dose quotidienne recommandée de sel. Mais je ne veux pas arrêter d'en manger. Je prends trois repas équilibrés par jour et paradoxalement, c'est quand je ne mange pas de chips que je ne me sens pas en bonne santé. Peut-être qu'un jour je me contrôlerai et j'achèterai moins de chips. Peut-être que je parviendrai à limiter ma consommation aux soirées. Après tout, la plupart des gens disent que les chips ça se partage et que le partage, c'est la base de tout. Je vais m'essayer au « chips social », on verra si ça fonctionne.