Boucher n’est pas un métier
Photo : Lionel Bonaventure / AFP

FYI.

This story is over 5 years old.

Activisme

Boucher n’est pas un métier

Pour le collectif Boucherie Abolition, la viande est une « perversion gustative criminelle » et ceux qui la vendent se rendent coupables d’un « zoolocauste ». Tribune.

Ce samedi 22 septembre, le collectif Boucherie Abolition a mené plusieurs actions pacifiques contre plusieurs boucheries dans différentes villes de France.

Vice publie ici la tribune expliquant leur philosophie et leurs revendications.

* * *

99,8 % des animaux assassinés le sont pour la bouche de l’animal humain. En sachant qu’il n’y a nulle nécessité à avaler le corps de quelqu’un pour être soi-même en vie et en excellente santé, il apparaît que la viande est une perversion gustative criminelle.

Publicité

Et le système zoophage possède un rouage coupable qu'il faut nommer : la boucherie. Boucherie = Boucherie. C’est-à-dire que le terme d’usage qui signifie l’apogée d’un massacre violent et sanglant, a pour référence lexicale ce qu’il veut ignorer comme carnage initial : l’étal des assassinats, les corps démembrés et dépecés d’individus émotionnels se retrouvent à vendre tel un commerce du crime décomplexé. Chaque boucherie est la preuve du zoocide, chaque boucherie contient non la « pièce du boucher », mais les pièces à conviction du crime de l'humanité contre l'animalité. Le défunt n'est pas plus appropriable par un boucher-propriétaire que l'individu vivant qui le précédait.

Le commerce légalisé et légitimé du zoocide doit sortir du statut de métier, un boucher étant une personne qui s'enrichit par la vente des corps d'autrui, du corps des truies… Oui, les bouchers sont bien des artisans – mais des artisans du meurtre. Le végétalisme n'est pas un choix optionnel mais un impératif éthique : la zoophagie est un meurtre alimentaire et il appartient à la Justice d'en interdire la préparation sanguinaire.

La viande n'existe pas, seule existe la tyrannie du suprémacisme humain cannibale

Il est temps de nommer sans détour les acteurs criminels du zoolocauste afin d'en abolir le statut légal. Aucune chair, nulle part, jamais, ne saurait plus être à vendre, ni à acheter. Les bouchers vendent de la haine, ils sont les proxénètes de la « viande » et la charcuterie est le charcutage d'individus uniques, qui souffrent dans leurs corps d'une fonction alimentaire pulvérisant leur dignité. Qu'aucune jambe ne soit plus jamais jambon. Éloignons à jamais nos alter ego d'une fonction de dévoration, fermons le marché aux exterminés de chair, interdisons les boutiques qui commercialisent la souffrance. De la criée aux poissons jusqu’aux stands charniers des grandes surfaces.

Publicité

Nommer l'ennemi, dire le réel, sauter dans le vrai, dévoiler la banalité du mal de notre civilisation cannibale, tel est l'impératif moral qui doit engager l'humanimal que, donc, nous sommes.

Le petit boucher du coin achète à la grande boucherie des camps de carnage, il achète aux abattoirs les êtres assassinés afin de les revendre en pièces dépecées, en pièces démembrées, en pièces morcelées, tel un petit dealer du plus grand génocide de tous les temps. Les vitrines de la honte exhibent son trafic d'organes et le charcutier gagne l'argent du cadavre qu'il conditionne pour l'avalement.

Le vrai visage de la viande est un animal qui voulait vivre. Les animaux disparaissent par leurs mises en pièces, leur atomisation rendant méconnaissable l'expression d’eux-mêmes. Montrer la victime tuée avant que la réalité de son corps ne disparaisse sous le couteau des éventreurs, c'est ce que la résistance animaliste imposera au monde spéciste tant que sa dissonance cognitive perpétue l'esclavagisme des chairs animales. La viande est ce qui prend la vie. La viande n'existe pas, seule existe la tyrannie du suprémacisme humain cannibale. La viande n'existe pas, seule existe la chair sacrifiée d'un individu unique. Ne parlons plus de « viande », ne taisons plus les couloirs de la mort et les pelotons d'exécutions d'esclaves de chair.

S'extraire de la dévastation au visage banal, comprendre que l'abolition de la zoophagie et la libération animale sont les priorités éthiques du siècle. Précisément parce qu'elles ne sont pas perçues comme essentielles, car inaperçues de la pensée.

Publicité

Avoir le courage de s'indigner logiquement sur le mal qui va de soi, sur lequel on passe mentalement pour rejoindre le confort du déni et les joies de l'insouciance.

Ayons l'ambition politique de l'insouciance pour tous/tes.

Animal, mon égal ou rien. L'heure est de plus en plus grave, à chaque assassinat effectué dans la cadence industrielle des camps de concentration disparaît le sens de la vie, car c'est la vie qui disparaît. Le propre de l'homme ? Sa culpabilité. Le corps des bêtes, comme le nôtre, est chaud et frémissant.

Il est temps que la Loi mette fin à la guerre sans fin que nous menons contre des innocents. La civilisation ne peut continuer à feindre le souci éthique en mâchant le désespoir, en mangeant les membres de ses membres, plutôt que d’en prendre soin. L’intégrité physique du corps de tous les animaux doit devenir un droit inaltérable.

Nul ne peut dire qu’il ignore l’hécatombe en cours, de sa programmation des naissances dans les laboratoires blancs, à sa lente agonie dans les cages merdeuses, jusqu’à l’effroi des cascades de sang et sa sophistication culinaire rendant invisible à jamais la barbarie dont elle provient.

Vandalisons les vandales, les décédés des frigos n’appartiennent pas à leurs bourreaux, mais doivent reposer en paix dans les sépultures qui reconnaissent symboliquement leurs EXISTENCES.

Éloignons à jamais nos alter ego d'une fonction de dévoration, fermons le marché aux exterminés de chair, interdisons les boutiques qui commercialisent la souffrance.
Destituons les vendeurs de persécutions du champ des métiers. Ouvrons les consciences. Fermons les boucheries.

Que tous les samedis, la résistance défende les victimes et contre-attaque les boucheries. À partir du samedi 22 septembre 2018 à 12 heures la légitime défense animaliste ne s'arrêtera plus.

Jusqu’à l’Abolition de l’élevage.

VICE France est aussi sur Twitter, Instagram et Facebook.