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Le village perché où l'on mange comme dans un film de Miyazaki

On est allé en pèlerinage dans la campagne taïwanaise à la recherche des références culinaires du « Voyage de Chihiro ».

Si vous avez toujours rêvé de vivre dans l’univers de Hayao Miyazaki, il y a une alternative au célèbre studio Ghibli dont les fans ont fait un lieu de pèlerinage dans la banlieue de Tokyo. Il s’agit de Taïwan, ses forêts tropicales luxuriantes et ses villes modernes. Une en particulier a inspiré le cinéaste japonais pour son film le plus populaire, Le Voyage de Chihiro.

Si vous avez envie de vous balader dans le dessin animé grandeur nature, tout ce que vous avez à faire est de suivre les pas de son héroïne – et accessoirement de réserver un billet d'avion. Une fois à Taipei, montez dans un bus (ou un taxi) à la sortie de la ville. Dirigez-vous vers les bords sinueux de la côte nord-est de l’île. Après une bonne heure de trajet, vous serez déposé au pied d'une petite montagne – c’est là que se trouve le village de Jiufen.

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Pour les geeks, cinéphiles et ottakus, Jiufen est connue pour avoir inspiré certaines scènes du Voyage de Chihiro. Une influence qui se remarque assez vite dans l’architecture des lieux. Pour les daleux, c'est avant tout une destination célèbre pour sa gastronomie.

Pour ceux qui ne connaîtraient pas Miyazaki, sachez qu'il est le scénariste, réalisateur et producteur des films d'animation les plus créatifs de ces dernières décennies comme Princesse Mononoké, Mon voisin Totoro, Le vent se lève ou Porco Rosso. Son plus gros succès, Le voyage de Chihiro, a même remporté l'Oscar du meilleur film d'animation en 2001.

Jiufen est surtout connu pour le métal caché dans ses collines. Le village a été au centre d'une ruée vers l'or qui a duré de 1893 à 1971.

Il retrace l’histoire d'une petite fille de dix ans, Chihiro, qui, après avoir déménagé dans un nouveau quartier avec ses parents, se retrouve piégée dans un monde spirituel. Alors que la sorcière Yubaba a transformé sa famille en cochons, Chihiro tente de les sauver en travaillant dans une sorte de spa pour esprits farfelus.

Sous la dynastie Qing, le village montagneux de Jiufen abritait neuf familles de villageois. On raconte que le nom du patelin (« Neuf parts ») vient des neuf plats que les villageois étaient censés rapporter de leur long périple. Mais Jiufen est surtout connu pour le métal caché dans ses collines. Le village a été au centre d'une ruée vers l'or qui a duré de 1893 à 1971. Ses auberges et la plupart de ses bâtiments sont demeurés intacts depuis leur construction en 1895, durant l'occupation japonaise.

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Vous commencez votre aventure au même endroit que Chihiro. Jiufen est orienté à la verticale. Les artères principales sont parallèles les unes aux autres. La rue Jiufen Old est la plus populaire. Elle est reliée à plein de petites allées par une centaine de marches raides – comme dans le jeu des échelles et des serpents. Les rues sont sinueuses et pavées – si étroites que les bâtiments s’entassent les uns sur les autres.

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Bordées de magnifiques lanternes rouges, elles sont désormais la Mecque de la bouffe de rue taïwanaise. Jiufen regorge de stands de nourriture servant des friandises traditionnelles ; boules de taro, œufs au thé et gâteaux à l'ananas. Le brouhaha des vendeurs et l’odeur des cuisines imprègnent la ville. De temps en temps, il y a des espaces d’ouverts qui donnent sur les montagnes ondulées couvertes d’une forêt épaisse et verte ou les eaux bleues de la mer de Chine orientale qui balaient les plages de sable au loin.

Boules de taro. Photo via Flickr user Yun Huang Yong

Dans Le Voyage de Chihiro, la nourriture est animée avec des détails complexes. Elle est en partie japonaise ; Chihiro confectionne des onigiri (boulettes de riz) avec ses parents, Lin nourrit les petites boules de suie de konpeito (bonbons japonais traditionnels aux couleurs vives) et on voit même quelques ishi-yaki-imo (patates douces rôties à la pierre) à l'écran.

Mais la plupart des bons plats sont taïwanais. L'idéal, c'est de brûler quelques calories en montant au sommet de Jiufen – suffisamment pour compenser ce que vous allez manger. En tournant au coin de la rue Jishan, les auvents convergent pour former un plafond improvisé. C'est là que vous allez passer aux choses sérieuses.

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Jiufen old street in the rain

Photo via Flickr user Alexander Synaptic

Chihiro perd ses parents à cause de leur gourmandise. En faisant une pause sur la route, la famille tombe sur un parc d'attractions abandonné. Ils y trouvent des montagnes de nourriture et plongent dedans la tête la première.

Vous pouvez les imiter en vous gavant de saucisses taïwanaises (essayez la « Lady Flower » de Wu Di), de gâteaux de riz gluants sucré ou salées avec des garnitures d'igname, de légumes salés, de haricots rouges et de haricots verts salés. Il y a aussi des melons amères, des champignons royaux, des raviolis translucides à la viande – les blobs visqueux que le papa de Chihiro engloutit – (je recommande les dumplings de viande rouge de Jiufen Jinzhi).

Ravioli translucide à la viande. Photo via Flickr user Wai Keong

Après avoir goûté à tous ces plats par moi-même, je suis allé tenter les rouleaux de crème glacée à la cacahuète de chez A-Zhu pour un échauffement avant le dessert. C'est une recette originaire du Yilan. Elle se compose de bonbons de cacahuètes moulues, de maltose, de céleri et de crème glacée au taro, le tout enveloppé dans une sorte de rouleau de printemps fait main. C’est croustillant, gluant, froid, chaud, salé et sucré à la fois.

Les glaces à la cacahuète. Photo de l'auteur

Quand les parents de Chihiro se transforment en cochons, elle court en hurlant dans les rues sinistres de Jiufen en pleine nuit. Vous n'êtes pas obligé de faire pareil. La nuit, Jiufen devient littéralement une ville fantôme. Alors qu'elle erre le long de la rue Shuqi, Chihiro croise la route de Haku qui va l'aider à se repérer dans le monde des esprits. Elle découvre le centre-ville mais aussi les bains de l’impitoyable sorcière Yubaba.

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Ces bains sont une copie conforme du plus grand bâtiment de Jiufen ; le salon de thé Amei, vieux de cent ans. On ne peut pas se tromper. Le bâtiment est incomparable, composé de rangées de lanternes rouges dont la lumière douce et luisante éclaire les grandes baies vitrées la nuit.

Vous pouvez suivre les pas du Sans-visage et de Zeniba (la sœur jumelle de Yubaba) en prenant le thé avec des gâteaux et des confiseries. La seule différence ? Chez Amei, aucun fantôme (visible) ne batifole dans des cuves thermales.

À l'intérieur du salon de thé de Jiufen. Photo via Flickr user Jonathan Crow

Dans une scène du film, un fantôme appelé Sans-visage – celui au masque blanc et au corps noir – devient tout d'un coup insatiable. Aux bains, les travailleurs lui offrent une tonne de nourriture : un tas de friandises japonaises (tonkatsu et sushis), des boulettes de poisson, des escargots et des cochons entiers.

Dans le film, Chihiro doit continuer à manger la nourriture du monde des esprits si elle ne veut pas disparaître ; manger, c’est faire partie de cet univers.

Tous les plats taïwanais sont disponibles dans les stands de Jiufen. Même les friandises et les gâteaux emballés comme des cadeaux que mange Boh, le bébé de Yubaba.

Fruits de mer et snacks. Photo via Flickr user Eugene Phoen

Dans le film, la bouffe est une source de réconfort permanente, notamment pour Chihiro, perdu dans un monde qui n'est pas le sien. C'est d'ailleurs un gâteau magique qui guérit Haku et le Sans-visage. Dès le début, Haku prévient Chihiro qu’elle doit continuer à manger la nourriture du monde des esprits au risque de disparaître : manger, c’est faire partie de cet univers.

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Le Voyage de Chihiro est vivant grâce à la représentation des bâtiments et des vitrines de Jiufen mais peut-être encore plus grâce à la nourriture. Et la meilleure nouvelle, c’est que rien de tout cela n'est difficile à trouver – il suffit juste de se déplacer.

Le mystérieux village perchée dans les montagnes est une certaine vision de la perfection – à condition que vous puissiez tolérer la foule. C'est l'endroit rêvé pour se gaver de bouffe taïwanaise sans le risque de vous transformer, comme les parents de Chihiro, en cochon.


Cet article a été préalablement publié sur MUNCHIES ES en février 2015