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Food

Henry Michel regarde Top Chef – Ep.10 : tout rater, mais ne rien perdre

Une semaine après la guerre des restaurants et ses distractions périphériques, le jeu revient à la cuisine et dévoile un top 4 aux trois quarts parfait.

En 2017, notre chroniqueur gastronomique a décidé de suivre Top Chef et de nous débriefer, chaque semaine, le dernier épisode en toute subjectivité.

Suggestion de dressage : ce débrief est à lire comme une note de service, comme un carnet de bord qui se grignote dans l'ordre chronologique , en même temps que vous matez l'épisode de Top Chef en direct ou quand vous le re-matez en streaming. Pour voir à quoi ressemblent les candidats, vous pouvez aller faire un tour sur ce trombinoscope. Pour voir les débriefs de tous les épisodes précédents, rendez-vous ici.

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J'ai appris récemment qu'en plus des amateurs de gastronomie, le monde habituellement très fermé de l'art contemporain se met à regarder cette huitième saison de Top Chef.
Et pour cause : suite à un article récemment paru dans la revue new-yorkaise Art Now, la présence de Giacinta a été érigée en performance artistique par un collectif de critiques respectés du milieu.
Extraits choisis : « On n'avait vu démarche plus audacieuse dans l'école italienne depuis des années ». « Giacinta Trivero a ringardisé Maurizio Cattelan en même temps que Maximilien ». « Une grenade dégoupillée dans la société du spectacle et le food entertainment ». « La Banksy des gnocchi ».
L'enthousiasme a même dépassé le circuit des fans hardcore pour devenir un véritable phénomène : c'est l'apparition du Giacintisme, dont le manifeste est : « tout rater, mais ne rien perdre ». « Une vague de fraîcheur et de révolte se confrontant à une société dominée par la dictature de la réussite et le narcissime digital. Le Giacintisme c'est échouer, ne pas faire très joli, mais réussir quand même. »

Quel que soit l'avenir de Giacinta dans Top Chef, on sait d'ores et déjà qu'elle ne manquera pas de travail, puisque trois galeries européennes ont déjà programmé l'artiste, qui participera également à l'Art Basel de Miami en Juin prochain et prépare une collection de vêtements en collaboration avec Kanye West.

Épreuve 1 : Cuisiner pour son Mentor

Ce qu'il fallait faire : Une viande ou un poisson en croûte comestible.
Ce que j'aurais fait : J'aurais fait pratiquer le skateboard pendant tout un été à un jeune veau myope de 14-15 ans sans casque et sans protection, pour servir un filet mignon de veau en croûtes de skate à même sa planche. Une vidéo de L214 aurait stoppé la carrière du veau juste avant sa participation aux X-games.
Le twist : ce seront les mentors de chaque candidat qui jugeront les plats à l'aveugle.
Chaque mentor note sur 10. La plus haute note sur 50 est qualifiée pour la semaine prochaine. Tous les autres candidats seront maquillés à outrance et devront défiler dans les rues de quatre grandes capitales européennes.

JÉREMIE*
Son plat : « Veau juste cuit, croûte fruits secs et jus de veau marjolaine »
- En vrai : Filet de veau basse température, croûte pistache marjolaine, purée de chou romanesco. Son mentor : Michael Breuil, chef du Sens à Grenoble, autodidacte descendu de la montagne avec un univers très original, respectueux des grands mais empreint d'une créativité très personnelle, et liée au terroir. Breuil parle de « re-créativité environnemental », et aime autant jouer avec les mots qu'avec les ingrédients – son « veau aux hormones et farine animale », servi avec sa seringue, doit valoir le détour. Gilles Pudlowski, qui l'a goûté, aperçoit dans sa cuisine des hommages à Robuchon et Bocuse. Quant à moi, certaines fusions végétales/minérales dans la présentation de ses plats me rappelle aussi visuellement Marc Veyrat.
En s'intéressant à la cuisine de Breuil, c'est Jéremie* qu'on apprend à mieux connaitre : - On comprend mieux le béret, qui appartient à Breuil et que Jérémie porte pour l'émission afin de voler un peu de son âme. Exactement comme Monkey D. Luffy et son chapeau de paille dans le manga One Piece. Sur le site de Breuil, une photo dossier nous indique qu'avant le béret, Young Jéremie portait fièrement une sorte de fedora/jacou de toute beauté, qui lui aurait empêché l'accès à toutes les discothèques iséroises pendant sa jeunesse (en même temps, les discothèques iséroises…). Un mix entre Michael Jackson et Marc Veyrat.

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- On comprend mieux le nom l'Essentiel, donné au restaurant de la guerre du même nom dans l'épisode 9. Que cela soit volontaire ou inconscient de la part de Jérémie, on dira ce qu'on voudra, mais ce dernier résonne avec le nom du restaurant de Breuil : le Sens.
- On comprend mieux « l'œuf à la coque sans coque » : un plat au menu de Breuil (qui reste malgré tout un classique gastro qu'Internet attribue également à Jean-François Piège. Le monde est petit).
- On comprend mieux sa magnifique fausse pomme à l'espuma de granny smith, dont une cousine tomate est aperçue sur le site de Breuil.
- Retrouvailles dans les vestiaires super émouvantes, avec un Jérémie en larmes, on avait pas vu quelqu'un pleurer autant depuis Giacinta à chaque début d'épreuve.
- Michel Sarran est d'ores et déjà, et quoi qu'il arrive, le meilleur coach de cette saison, pour avoir aligné depuis quatre ou cinq épisodes d'affilée les meilleurs conseils. Ici, il intime à Jérémie d'utiliser ses couteaux sortis mais délaissés. Le choix de Jérémie de l'écouter lui vaudra des compliments à la dégustation.
- Très belle cuisson du veau, la croûte est un peu mo-molle. D'où l'expression « être mo-molle de la croûte ».
L'avis du jury : « c'est pas vraiment cuit en croûte », « je pense effectivement qu'il est juste cuit, trop juste », « toutes les saveurs sont là, petit coup de chapeau pour le couteau », « le plat est très très équilibré, beaucoup de goût », « la croûte manque un petit peu de croustillant ».
NOTE : 36/50 BONUS MULTIMÉDIA : une vidéo sur Michael Breuil

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JULIEN Son plat : « Filet de bœuf en croûte de pâte feuilletée, chou rouge et chou vert iodé, huîtres pochées »
Son mentor : Eric Martin. Chef, avec son fils, de la Maison Lemonnier à Lavaux Ste Anne, en Belgique. Sa cuisine ? Beaucoup de mariages terre-mer et un amour des produits simples. Il a perdu son étoile Michelin en 2014 dans l'incompréhension générale, dont celle des critiques gastronomiques belges.
- Le plat de Julien est d'un classico très ennuyeux, je n'ai pas grand chose à dire. 
- Un wellington approximatif où la sous-croûte est constituée par du nori, conférant un petit goût iodé au bœuf – mais tout le monde s'en fout de ce genre de couisine.
- Le bœuf est trop cuit, next.
L'avis du jury : « pareil qu'Henry Michel », « on est dans un plat classique classique », « l'huître avec la sauce ça marche pas du tout », « la garniture c'est pas transcendant », « on sait pas très bien où il a voulu aller »
NOTE : 24/50 BONUS MULTIMÉDIA : Si vous démarrez dans la cuisine et êtes anglophone, une des recettes les plus faciles et sympa à faire pour les amis est le boeuf Wellington de Gordon Ramsay, qui a pour petite particularité d'enrouler le bœuf bien moutardé dans sa duxelle autour de jambon cru avant de le mettre sous croûte. Étanchéité garantie, roulage facile, cuisson parfaite, easy peasy.

JEFF*
Son plat : Rouget en croûte de marjolaine et noisettes.
- En vrai : rouget en deux croûtes de marjolaine et noisettes, purée d'artichaut, pickles de choux, tartare d'huîtres.
Son mentor : Philippe Oleron – Breton passé par Maxim's puis le restaurant du Quai d'Orsay, Philippe Oléron, membre de l'Union compagnonnique des compagnons du Tour de France, est, depuis vingt ans, formateur à l'école gastronomique Bellouet / Perruchon. Aujourd'hui retraité, Philippe Oleron s'est notamment distingué en réalisant la première mosaïque alimentaire, composée de 95000 pièces. This is not a joke.
- Etchebest a peur de l'alliance du rouget et de la croûte qui vont avoir deux temps de cuisson très différents.
- Jeff réalise une croûte de noisette de 15 centimètres d'épaisseur pour avoir du croquant. Encore dans le doute, il rajoute deux seaux de sable, un mélange gravier et un peu de ciment.
- Jeff monte des bandes astucieuses de croûtes alternées, il y a encore un petit côté cadeau de fête des pères, mais c'est original.
L'avis du jury : « techniquement, c'est une belle assiette », « ce visuel y'a du travail », « le plat est très équilibré au niveau des saveurs », « très bien », « cuisson du rouget parfaite », « croûte peut-être un peu épaisse » , « la noisette l'emporte un peu trop sur la saveur du rouget ».
NOTE : 34/50

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FRANCK
Son plat : « Rouget en croûte du soleil, jus au foie » (un conseil : si vous avez une croûte du soleil, c'est dermato direct les amis)
- En vrai : rouget en croûte paprika poivron, jus de rouget au foie, aubergines rôties.
Son mentor : un des plus difficiles à pister sur internet (le signe d'un bon shadow mentor ninja), Jean-Pierre Gillot est un ancien chef étoilé du Moulin de Martorey, l'établissement emblématique de Saône et Loire. Élève de Theveniont au Lavandou (« Le vieux port »), il est aussi passé rapidement chez Troisgros. Une cuisine parmi « les plus modernes du moment » selon le Gault et Millau en 1997 : le peu d'archives restantes sur la période (injustice de la mémoire culinaire peu numérisée) nous parle de chou-fleurs caramélisés, bar aux petit pois frais, de sabayon à la gentiane, de sauces conçues en réduction de légumes, herbes,  vins et autre ingrédients nobles sans le moindre ajout de graisse.
Jean-Pierre Gillot aura appris à Franck la précision à tout endroit, et visiblement, aussi, les accents zarbis.

- Franck est magique, comme d'habitude : jus de rouget bien corsé, flambé au cognac, avec les foies et arêtes caramélisées, déglacé sauce soja sucrée, échalotes, gingembre.

- « Quand c'est vraiment bon, tu bouges un peu le pied » (brève de backroom)
- Etchebest, à deux doigts de prendre des notes, pose sa dém'.
- Je remarque que tous les candidats tentent de réaliser un plat qui parlera à leur mentor, mais est-ce une bonne stratégie ? J'aurais fait exactement l'inverse en étudiant les dossier des mentors des autres candidats en début de saison, et en laissant à chacun un petit indice pour leur faire croire que c'est leur édile qui a cuisiné leur plat : un œuf à la coque sans coque au chou belge, réduction de poisson et sauce grenobloise. Boum. Note maxi sous les vomissements collectifs.
L'avis du jury : « c'est net, propre, parfait », « l' appellation en croûte du soleil c'est vieux », « c'est un plat qui raconte vraiment une histoire », « sauce qui amène du bon pep's », », je suis complètement bluffé », « délicieux ».
Franck rit, il est irrésistible. Je suis littéralement en train de tomber amoureux.
42/50
-> FRANCK QUALIFIÉ POUR L'EPISODE 11 GIACINTA Son plat : « Filet de sole basse température en croûte grenobloise, sauce grenobloise, câpres à queues, croûtons »
- En vrai : filet de sole en croûte de câpres et citron, sauce au câpres et au citron, accompagné de câpres et de bouts de citron. Et croûtons. Son mentor : la France entière attendait l'homme qui a appris à cuisiner à Giacinta – pour lui casser la gueule et appeler le RAID, et afin que cet individu ne puisse plus jamais exercer. En réalité, non seulement l'homme est sympathique, mais sa réputation n'est plus à faire : il s'agit d'Alain Le Cossec, Directeur des Arts Culinaires à l'Institut Paul Bocuse et élu Meilleur Ouvrier de France en 1991. Natif des Ardennes, il a travaillé pour Alain Senderens, Jean Pierre Coffre, puis à Lyon chez Philippe Chavent et Christian Bourillot. C'est un maître qui a choisi finalement très tôt la voie de l'enseignement, on se demande juste à quel moment le contrôle a été perdu, à quel moment l'institut est devenu une salle de shoot.

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Ce qui est rassurant : cette personne ne semble absolument pas connaître Giacinta. C'est la seule rencontre sans un réel degré d'émotion parmi toutes les autres. Pire, Le Cossec semble avoir perdu à la courte paille dans les bureaux de l'institut Bocuse (lors d'un tirage organisé pour envoyer quelqu'un par politesse).

LE COSSEC - Quel plaisir de te revoir, Giovanna !
GIACINTA - Moi c'est Giacinta ! Vous voyez, grâce à vous j'ai bien appris la cousine !
LE COSSEC - La cousine ? Quelle cousine ?
GIACINTA - La cousine de Paul Bocuse !
LE COSSEC - Ghislaine Bocuse ? Mais la pauvre Ghislaine est décédée, Giovanna !
GIACINTA - La cousine de Bocuse est immortelle ! Elle palpite dans mon queer.
(regards en coin d'Alain Le Cossec, fondu au noir).

-

Giacinta fait une merveille, du classic Giacinta, avec probablement le pire plat de toute sa saison, et c'est dire.

On entre dans la période bleue du Giacintisme : plus rien à branler, spinnaker déployé, Giacinta se passe même de râler et part bille en tête faire un plat de prison.

- Darroze lui demande de sortir une garniture, mais Giacinta a un blanc, lui fait de gros fucks, et continue sans garniture.

- Viennoise surgrasse.

- Croûtons ratés.

- Sa croûte crame au four. Le résultat ressemble aux dernières selles d'un chameau agonisant.

Exposition "Qu'est-ce que le Giacintisme ?", Dresde, Novembre 2017.

L'avis du jury : « cette croûte n'est pas très nette », « dommage pour la cuisson », « je suis pas séduit, la croûte beaucoup trop épaisse, trop présente » « jolie acidité sur la sauce et la garniture mais pas suffisant ». « c'est dommage pour la sole ».
Meilleur moment de la dégustation du jury : 
UN JUGE - La croûte n'est pas très nette…
GIACINTA - Attennnnnnnds !
Mais le juge n'a pas attendu et a continué sa bouchée. À quelques secondes près, la croûte allait parfaitement se reconstituer.
Note : 27/50 - avant-dernière.

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Deuxième Épreuve : À la Mare aux Oiseaux d'Eric Guérin

Une fausse bonne épreuve, dont le pitch amusant n'a pas été passionnant à suivre, et entrecoupé de séquences anecdotiques un peu fatigantes.  Ce qu'il fallait faire : Créer un plat en s'approchant le plus possible du croquis du chef étoilé Eric Guérin.
Ce que j'aurais fait : Rien. La flemme direct, je serais parti bronzer à poil près des canards en attendant l'Épreuve de la dernière chance. Le juge : Eric Guérin. Sosie officiel de George Michael pré-Faith, Eric Guérin est un chef émérite passé par Taillevent et la Tour d'Argent. Deux fois étoilé, son parcours hétéroclite et son oreille percée font de lui un rebelle créatif du sérail : tour à tour cuisinier de Pierre Joxe pendant son service militaire, cuisinier de télé en matinale aux côtés de Thierry Beccaro, Guérin est un juge récurrent de Top Chef. Sa cuisine en trois mots ? Formes, textures, et une pointe de mystique.

Eric Guérin (à dr.) et une amie, attendant les candidats.

Le twist : pour la première fois, M6 propose un système d'oiseau robotique télécommandé par les tweets du public en temps réel. Après une petite heure d'exploration et de pinçages de fesse divers, la grue trouve finalement sa cible, Giacinta, avec pour mission de lui faire perdre l'épreuve et de lui dévorer le crâne. Giacinta, trouvant pour la première fois une raison valable de se plaindre, en reste estomaquée. Il faudra l'intervention de Philippe Etchebest pour que la candidate transalpine puisse finir l'épreuve.

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JÉREMIE*
Son plat : Filet de veau au beurre d'algues, gelée d'huîtres, ananas aux algues

- Bel ananas rôti cylindrique en marinade vinaigre de riz, jus de citron vert et algues Kombu hachés. Sarran est très circonspect mais à la dégustation trouve l'idée géniale.

- Ananas, veau, huître, Sarran déteste autant les associations que Jérémie les aime. Mais Jérémie nous fait peur, a toujours vouloir explorer la prise de risque.
- Jérémie se plante sur son parallélépipède en gelée d'huître -  infusion d'algues citronnée à la gélatine. Le gélifiant n'a pas assez pris, manque de collage, ça ne tient pas droit et son rectangle est une évolution du pokemon grotadmorv. Hormis ce montage-çi, le plat de Jérémie est de tous les candidats un des plus fidèles au croquis. Plus que celui de Giacinta ou Julien. C'est hyper rageant.
- Cette erreur est un coup de pouce du destin, car Jérémie n'aurait pas renforcé son disque de mozzarella à la dernière chance. Qui sait ce que cela aurait donné ? 
Avis esthétique de Guérin :  « on est sur quelque chose d'un peu raplapla, ta gelée d'huître s'est cassée la figure »
-> JÉREMIE EN DERNIÈRE CHANCE !! 


INTERLUDE : LA MALÉDICTION DE L'HUÎTRE

ÉPISODE 6, Jérémie,  « Rencontre entre terre et mer autour du cru »
-> massacré sur l'huître. ÉPISODE 8, Alexis,  « Truite grillée et fumée, purée de patate douce, purée d'ail et huîtres »
-> massacré sur l'huître. ÉPISODE 8, Maximilien,  « Poitrine de porc, raviole de pommes, raviole de radis noir, farce radis noir et huître, langue d'oursin »
-> éliminé sur l'huître. ÉPISODE 10, Julien, « Filet de bœuf en croûte de pâte feuilletée, chou rouge et chou vert iodé, huîtres pochées »
-> massacré sur l'huître. ÉPISODE 10, Jéremie, « Filet de veau au beurre d'algues, gelée d'huîtres, ananas aux algues »
 -> massacré sur l'huître. Moralité : arrêtez les huîtres.

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JULIEN
- Son plat : Mille-feuille de blettes, carré de porcelet, purée de carottes et fanes de carottes frites, pomme de terre bouchon.

- Un pot-au-feu retravaillé (il avait fait avec succès un délire similaire avec une potée dernièrement)
- A eu la bonne idée de travailler les cardes de blette, aux jolies couleurs.
- Belles pommes de terre en bouchon finies dans les sucs de viande.
- N'a pas pris de risque dans sa cuisine, travaille le goût, et je trouve sa réalisation hyper approximative, mais visiblement je n'y comprends rien.
Guérin juge l'apparence : « Visuellement ça m'a l'air assez complet », « le rôti me parait un peu gros par rapport au croquis (brève de backroom) »
Guérin goûte : « Y'a du croquant, la feuille garde le coté moelleux, c'est frais, c'est léger », « la viande a le gout de l'aspect : très bonne, mais tu aurais du apporter de la finesse » « tout le reste est vraiment bien construit ».
-> JULIEN QUALIFIÉ POUR L'ÉPISODE 11 !! (c'est n'importe quoi)

CHIATTAGIACINTA™
- Son plat : Magret de canard, mousse de foie gras et gelée de mangue, patate douce rôtie, crème mascarpone, raclette, burger frites, tropézienne, choucroute et oreos.

- Le plat est un peu trop riche selon Hélène Darroze. C'est un peu comme si Snoop Dogg trouvait votre roulée trop forte.

- Huit tonnes d'huile dans la mascarpone, rajoute beaucoup de zestes d'agrume pour annuler le gras, méthode bien connue.
- Darroze entame un sérieux burnout depuis que Giacinta est son seul poulain à ce niveau de la compétition. Ça équivaut à attaquer le Vendée globe à bord d'une frite en mousse.
- La grue attaque de tout son cœur Giacinta, il lui a fallu une heure pour ressentir ce que l'on a accumulé en 10 épisodes.

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- Il faut reconnaître que le résultat est assez fidèle par rapport au croquis, jusqu'au trait de sauce, auquel le chef sera sensible. Mais la règle étant la règle, et la malédiction l'exigeant, Giacinta doit aller en dernière chance afin d'être sauvée ensuite.
Guérin juge l'apparence : « On a la sauce, ça me plaît »
Guérin goûte : « patate douce belle cuisson », « belle acidité, très agréable », « y'a beaucoup de foie gras, les deux éléments principaux sont riches, ça manque un petit peu d'équilibre, je sais que j'irai pas au bout », « le gout y est mais une force invisible me donne l'envie de t'envoyer en dernière chance »
-> GIACINTA EN DERNIÈRE CHANCE !!

JEFF*
Son plat : patate douce au curry, brochet et anguille, crème de citronnelle, maki de mangue et avocat.

- Je crois que tout le monde s'attendait à voir gagner Jeff sur l'épreuve, son plat était beau, fidèle au croquis,  avec des goûts beaucoup plus osés que le pot-au-feu de routier de Julien.

Guérin juge l'apparence : « Vraiment proche de mon croquis de départ, les formes sont respectées, parcontre il manque la sauce »
Guérin goûte : « La quenelle a beaucoup de pep's, très agréable » (bdb), « le brochet apporte la texture et l'anguille le coté boisé », « c'est vraiment agréable à goûter »,« Parfait. », « la patate douce manque un peu d'énergie ».
-> JEFF* EN DERNIÈRE CHANCE !!  (c'est n'importe quoi. C'est à cause de Guérin et de cette décision injuste que Jeff est parti. Ce week-end, je bouffe de la grue à tous les repas.)

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Épreuve de la dernière chance : Mozzarella sans Tomate

Quel degré de chance faut-il avoir pour qu'une Italienne tombe en épreuve de la dernière chance sur une recette impliquant… de la Mozzarella ?
Quel niveau faut-il avoir pour frôler quand même l'élimination, malgré un thème viscéralement associé à son univers gastronomique ?
Quand, dans l'histoire de Top Chef, a-t-on vu tel outsider survivre si loin dans la compétition ? Jamais – et je vous dis cela en connaissant de causes : j'ai suivi beaucoup d'éditions étrangères de l'émission.
Le seul souvenir qui puisse me revenir – dans l'histoire de la compétition télévisée en général –, ça remonte à la Star Academy et un concours de chant (il y a quinze ans de cela) durant lequel un garçon ne sachant pas chanter, Jean-Pascal, était parvenu en demi-finale. Mais c'était grâce aux votes du jury, et non à un jugement objectif.

Giacinta est immortelle. Je propose d'arrêter de combattre, de s'agenouiller devant elle, et de prier.

JEFF*
Son plat : Mozzarella soufflée, fruits rouges, gaspacho de salade, noisettes torréfiées.
- Jeff  tente un geste technique visuellement très impressionnant : il  va essayer de faire un ballon de mozzarella soufflé avec une espuma de mozza au balsamique blanc et fruits rouges à l'intérieur.
- Il rate le balloon plusieurs fois mais ne désespère pas et transforme l'essai – le montage, très réussi, fait durer le suspense. On n'en peut plus : réussir cette boule mettrait Jérémie grandement en danger. Car à ce moment là de l'épreuve, on pense que Giacinta va faire un super truc et même si ce n'est pas le cas, son level de magie mystique la protégera de tout.
- Il réalise d'abord un beau chutney de fruits rouges aux oignons rouges qu'il laisse compoter.
- À la fin, le plat est superbe, la réalisation technique audacieuse, et je m'inquiète énormément pour Jéremie.
- « J'arrive à avoir une belle boule comme je l'imaginais »

L'avis du Jury : « Il y a une approche assez audacieuse », « la couleur du vert n'est pas très agréable à l'œil » « Il y a une subtilité qu'on ne voit qu'en deuxième abord : il a pris la peau et à l'intérieur à insufflé un appareil soufflé » « je suis un peu déçue, le fruit rouge je ne le vois pas beaucoup dans l'assiette » « je ne sais pas ce que j'ai mangé , mais ce mélange, c'est pas mauvais, c'est même bon » « c'est un ovni ». BONUS MULTIMÉDIA : le fameux Mozzarella Balloon évoqué par Jeff* est effectivement présent dans de nombreuses vidéos sur YouTube et dans les tags obscurs de pornhub. Malin !

GIACINTA
- Une chose magnifique chez Giacinta (dans le montage qu'on nous en ésente en tout cas), c'est qu'il n'y aura jamais eu de moment nerveusement stable chez elle – on passe, d'une épreuve à l'autre, du doute profond à un melon extraordinairement arrogant : elle ferait des merveilles sur tumblr. - La candidate nous inflige 30 minutes de monologue sur sa maîtrise de la mozzarella, en prenant bien soin de prononcer le mot mozza-re-lla à l'italienne, pour signifier qu'elle est Italienne et qu'elle va dominer la recette. Je n'avais jamais vu, jusque là, quelqu'un crâner de réussir à bien prononcer sa propre langue natale. C'est comme si l'on se baladait dans les rues de Rome en criant fièrement « OH LA LA PARIS, LE CROISSANT, PARIS, OH LA LA ». - Elle nous parle ensuite pendant 10 minutes de sa grand-mère, qui lui préparait des merveilles pendant son enfance, et en l'honneur de laquelle son plat est réalisé. - Les plats de grand-mère peuvent être très bons – si les bijoux et vêtements sont soigneusement retirés avant cuisson. La chair est goûteuse et évoque un petit peu le vieux gibier. - Mais Giacinta nous trompe : une fois ses 57 minutes de discours préparatoire terminées, alors qu'on s'attend à une véritable symphonie italienne des campagnes, elle prépare : UN PUTAIN DE PANINI. UN PUTAIN DE PANINI FRIT. - Elle l'accompagne d'une baratta fumée avec des concombres, et faute de place, pose le panini SUR LE BORD DE L'ASSIETTE, tout simplement. Je n'avais rien vu de plus punk de toute ma vie à la télévision. C'est tout l'art du dressage français qu'on tue. C'est Bocuse et Escoffier qu'on tabasse à coups de noix. - Son plat ressemble au panier repas d'un cheminot italien venant de se faire larguer par sa femme, et ne se nourrissant plus que pour rester en vie. L'avis du jury : « Je trouve pas que ça soit une présentation très réussie », « Ca peut être quelque chose d'original », « y'a de la fraîcheur », « le coté fumé est judicieux et bien dosé », je trouve que le fumé écrase un peu la fraîcheur du concombre », quand au panini je ne le comprend pas très bien. « c'est un très bon plat, « la technique n'est pas au rendez-vous ». À ma grande surprise, le jury n'est pas si sévère que ça. Entre ça et le mozzarella balloon de Jeff*, Jéremie* est foutu. Je ne vois objectivement pas comment il peut s'en sortir.

JÉREMIE*
C'était une erreur de douter de Jéremie : nous avions juste été refroidis par l'absence de coups de génie de sa part depuis quelques épisodes. Bien mal nous en a pris – non seulement « Papa » a engagé des risques mais en plus, il a réalisé un strike. C'est ça, Jérémie : un avant-centre taiseux qui peut passer inaperçu pendant tout le match mais qui tape une lucarne à la fin des prolongations.
Son plat : Gelée de mozzarella, compotée d'agrumes, poivre de timut, salade d'agrumes.
- Une recette qu'il n'a jamais faite. Un dessert mozzarella 100% sucre. Un pari technique ambitieux. Prendre des risques maintenant ? C'est la seule option possible. Mais cela ne lui a pas toujours réussi par le passé.
- Il cuit la mozzarella dans son eau avec du sucre, filtre le tout, et ajoute la gélatine au liquide clair. Fort de son échec avec la gelée d'huître, il charge en agar agar, à la Guillaume (comprendre : multiplier par 20 les doses recommandées).
- Le résultat : un splendide disque translucide de mozza, qu'il termine avec un beau condiment d'agrumes au centre.
- Segments d'agrumes bien faits, bien posés, rehaussés par une vinaigrette d'agrumes, jus de mandarine, coriandre, poivre de timut (agrume coriandre, une signature très ducassienne).
- Il dresse au feeling. Ce que le montage montre à peine, ce sont les boules de mozzarella posées en dernière minute. Cela me fait très peur, car même si le disque central plait, cela peut passer pour un geste de feignasse. Ce qui me rassure : quelqu'un va leur servir en parallèle un PUTAIN DE PANINI.
L'avis du Jury : «Ça, c'est une belle assiette », « c'est une assiette très esthétique » « hors sujet ou pas ? », « attends, c'est une infusion de mozza à l'intérieur . ? « « y'a un coté lactique en fin de bouche (brève de backroom) »,  « j'adore, c'est une composition subtile, c'est culotté, moi j'adore ».
Wow !!
-> JÉREMIE* COUP DE CŒUR DU JURY, QUALIFIÉ POUR L'EPISODE 11


La suite ? vous la connaissez.
La suite, c'est qu'un Jury composé de grand chefs a préféré un panini frit , mal dressé, à un ballon de mozzarella aux fruits rouges juste un peu fade.
La suite, c'est que pour la NEUVIÈME FOIS en DIX ÉPISODES, Giacinta est sauvée en dernière chance. La seule fois où Giacinta n'y a pas fini, c'est en utilisant un moule de noix réalisé par quelqu'un d'autre, dans lequel elle a fait couler une glace de couleur marron.